I Hate My Crush (TERMINÉE)

Chapitre 58

Isaac

Avez-vous déjà laissé partir un être cher ? Une personne que vous aimez si fort plus que la vie elle-même ?

Oui ? Non ?

Alors je vais vous dire ce que ça fait. Ce que ça me fait.

Laisser partir Emy me fait crever de l'intérieur. J'ai la sensation très désagréable qu'on a arraché un organe important de mon corps.

Mon cœur meurtri s'est remis à battre à ses côtés. Maintenant ? J'ai l'impression qu'il ralentit comme une vie s'échappant d'un corps.

C'est indéniable comme j'ai besoin d'elle. Tout le temps. Indéfiniment.

Lui avouer mes sentiments, j'avais pas prévu de le faire comme ça, aussi chaotique mais lire le doute et l'incertitude quand elle posait les yeux sur moi a fini par atteindre mes limites. Je devais lui dire parce que je serai toujours sien. Peu importe les kilomètres qui nous séparent, les années, les problèmes, le passé, les cicatrices, les souvenirs. Ça a toujours été elle et elle seule.

La faire partir n'a pas été simple. Elle est encore plus butée que je ne le suis.

Mais c'est pour elle que je fais ça.

L'éloigner de cette ville et de Scott reste la meilleure solution que j'ai trouvée.

Brooklyn n'est plus chez-elle, je le sais bien mais je ne connaissais pas d'autres endroits où l'envoyer. Là où elle serait véritablement saine et sauve.

Elle me manque déjà, putain.

Alors que je regarde toujours la direction qu'a pris la bagnole et qui a disparu depuis au moins une bonne dizaine de minutes, j'ai envie de la ramener ici tout de suite.

― Tu lui as dit.

La main de mon frère se pose sur mon épaule comme guise de soutien. Ce n'est pas une question mais une affirmation qu'il vient de dire. Pourtant, je réponds quand même.

― Ouais, j'lui ai dit.

― Tu comptes décrocher les yeux de la route ou bien ?

Je les ferment en réponse en lâchant un soupir. Un soupir qui me déchire l'âme.

Ce ne sont que quelques minutes de faiblesses que je m'accorde. Avant de recouvrer l'apparence d'un chef. Le visage fermé, l'expression impassible, je me redresse en carrant les épaules et regarde Lewis. Mon frère de coeur et bras-droit dans toute cette merde.

― Réglons ça au plus vite. Scott ne doit pas apprendre son départ et on doit le garder ici.

― Va falloir être efficace alors, dit Lewis en acquiesçant. Parce que ce con nous surveille bel et bien. Ce n'est plus qu'une question d'heure voire de minutes avant qu'on lui rapporte qu'Emy quitte la ville.

Je serre les dents. Les poings.

― Mets Brad et Josh sur le coup. Je veux savoir exactement où se cache ce salaud, j'ordonne. Je veux qu'à la fin de cette semaine, cette affaire soit réglée et lui en train de se faire bouffer par les asticots.

Il esquisse un sourire féroce.

― Tout de suite, boss.

Lewis s'en retourne et contourne la villa pendant que je m'autorise à sourire malicieusement. Même en plein boulot, Lew' trouve toujours le mot pour détendre l'ambiance. Et lui seul sait combien j'en ai besoin.

En entrant à l'intérieur, le téléphone à la main, je lis sûrement le dernier message de Julian.

Julian : « Arrivé à l'aéroport. On embarque avec une heure d'avance. »