Chapitre 26

2.6K 206 34
                                    

Emy

Cette soirée est une catastrophe. C'était sensé être un moment de détente autant pour moi mais aussi pour lui. Une sorte de retrouvaille posée et plus calme entre nous. Enfin s'il y a bien un « Nous ». Se bercer d'illusions est devenu ma spécialité ces derniers temps. Quoi qu'il en soit, rien ne s'est passé comme ça l'aurait dû. D'abord mon espèce de crise de jalousie, ensuite mon angoisse quand je me suis retrouvée seule, puis la pièce de contrôle où m'a amené Isaac puis... Tout le reste.

Et maintenant, me voilà blottie dans les bras de celui qui a causé mon malaise, à me vider de mes larmes comme jamais auparavant. Pour être honnête, je ne sais pas moi-même ce que je pleure ou qui. Je crois que c'est surtout un tout. Tout ce que j'ai encaissé il y a cinq ans de ça, mes parents, ma vie perdue et tout ce qui l'accompagne et... Lui. Comme il me l'a avoué, il m'a poussé à bout, mais je l'étais déjà bien avant son pétage de plomb. Enfin le nôtre, devrais-je dire. Il n'est pas le seul fautif dans cette engueulade particulièrement violente et qui a bien failli mal tourner. J'ai ma part. J'ai réagi à chaud quand il a commencé à évoquer le passé et ça ne m'a pas plu. Néanmoins, je conçois que j'aurai pu m'y prendre autrement. L'insulter était bien la dernière chose à faire et le gifler également. Même si j'ai été terrifié de sa réaction en regrettant sur le coup mon geste, là, j'ai aucun regret. Elle était méritée, il n'avait aucun droit de s'adresser à moi de cette façon. Bref, tout ça pour dire que ça doit déjà faire un sacré moment que je rumine et fallait que ça soit ce soir que la bombe à retardement que je suis, explose. Incroyable timing, Em' !

J'ignore depuis combien de temps je suis en train de pleurer mais je suis inconsolable et mon crush détesté l'a bien compris. Il ne cherche pas d'excuses, se contentant uniquement d'être présent, me serrer contre lui en silence. Le murmure qui brise le silence qui s'est posé me fait tressaillir mais je ne relève pas la tête.

Qui le fera ? Personne parce que j'ai personne.

Excepté toi.

Ironique.

― Je veux rentrer, je dis d'une voix éraillée après avoir autant pleurer.

Isaac ne dit rien mais je sais qu'il m'a entendu car il se relève en silence et me tend ses mains que je saisis sans réfléchir et il m'aide à mon tour à me mettre debout.

Tout en se faufilant dans le Night Club qui a diminué mais qui reste encore bien remplie, Isaac nous amène à la sortie où le vent frais désormais de la nuit tombée et bien avancée me fait frissonner. Je me frotte les bras en balayant la rue d'un regard vide.

― T'as froid ? s'enquit Isaac en remarquant la chair de poule sur ma peau.

Je hoche faiblement la tête et il se débarrasse de sa veste pour me la poser sur les épaules et frictionne ses mains sur mes bras par-dessus le tissu. Je le remercie d'un sourire fatigué alors qu'une berline noire vient s'arrêter juste devant nous.

Isaac, galant, ouvre la porte arrière et me laisse passer avant de me rejoindre.

― À la résidence, ordonne-t-il au chauffeur.

― Bien, Monsieur.

Épuisée de cette soirée et vidée de toute énergie, je prête très peu attention aux échanges entre le chauffeur et Isaac, ou les appels téléphoniques de ce dernier. Je regarde par la vitre les lumières éclairant la ville défilées, me rappelant New-York tard le soir. Ma ville me manque mais je commence à m'habituer à Los Angeles alors...

― Ça va ? demande tout à coup Isaac.

Je pivote lentement vers lui et hausse les épaules.

― Fatiguée, soupirai-je.

I Hate My Crush (TERMINÉE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant