I Hate My Crush (TERMINÉE)

Chapitre 25

Isaac

La fureur court et fait bouillir mon sang. L'envie irrépressible de taper sur quelqu'un ou quelque chose se fait présente. Mais jamais je ne lèverais la main sur elle, aussi c'est le mur juste à côté de sa tête qui prend et me bousille une énième fois les phalanges bien meurtries. Mais rien à foutre. En cet instant je ne sens pas la douleur, bien trop dopée à l'adrénaline que me procure la colère.

Emy ne bouge pas d'un iota, bien trop pétrifiée et putain, je m'en veux de lui faire à ce point peur, mais je suis incapable de me maitriser. Entre les insultes et la gifle, je vrille. Je vois rouge.

― DÉGAGE ! parviens-je à articuler.

Elle sursaute mais je prête déjà plus attention à elle. Il faut qu'elle se casse, putain. Et plus vite que ça !

Je tourne dans la pièce, fais les cent pas comme un lion en cage, la respiration saccadée. Putain de merde ! Comment cette soirée si bien partie peut-elle finir comme maintenant ?

Pas le temps d'y réfléchir plus que ça, qu'un bruit sourd me parvient et me pétrifie à mon tour quand je la vois.

Sa silhouette au sol se charge de faire redescendre ma fureur en un éclair.

― Emy !

***

J'ai eu rarement peur dans ma vie bien trop habitué à éprouver les sentiments négatifs qu'on m'a appris très tôt. La colère, la haine, la rage en tête de liste. Sauf que là, voir Emy à quelques mètres de moi, couché par terre, les yeux fermés, surpasse tout le reste. La peur serre mon cœur et le fait en même temps battre si vite à m'en faire mal. Dans l'effroi qui referme ses griffes sur moi, je me précipite comme déconnecté de mon corps vers elle. À genoux, je tombe. Blême, je caresse d'une douceur contrastant totalement de mon comportement d'il y a quelques minutes, sa joue.

― Merde, Trésor...

Depuis ce jour où impuissant j'ai assisté à son énième humiliation, où ce corps si fragile s'est abandonné dans mes bras dans l'inconscience, la voir s'évanouir me donne une trouille monstre. Je ne supporte pas ça. Pas venant d'elle putain. Ça fait deux fois depuis nos retrouvailles. Mais là, j'ai été trop loin. Comme toujours. Mes mots ont dépassé ma pensée, et sa claque - bien méritée - n'a rien arrangé. Pourtant, je le sais mieux que quiconque qu'elle est fragile mais j'ai tendance à l'oublier ces derniers temps vu comment elle me tient tête et me provoque. Mais Emy reste Emy. Elle a raison, je ne suis qu'un salaud. J'ai pas changé.

D'une main tremblante, je capte son pouls qui me rassure déjà énormément. Putain, elle respire.

Prenant appuie sur un genou au sol, je passe un bras sous ses jambes et l'autre dans son dos et la relève en mode princesse. Sa tête, molle, bascule contre mon épaule et je me déteste vraiment pour l'avoir conduite autant à bout.

Lentement, précautionneusement, je l'allonge sur un des canapés, pose mon cul sur la table en face et dégage des mèches de ses cheveux de son visage endormi.

― Désolé, Trésor. T'as raison, je ne suis qu'un con.

Et un sacré.

Pour ma défense, mon enfoiré de paternel m'a appris la violence dès mon plus jeune âge. À l'âge de dix ans, je tenais déjà un vrai flingue entre mes petites mains. Peu importe qui se trouve devant moi, on m'a toujours appris à riposter et écraser mes adversaires. Anna, ma mère de substitution en a été scandalisée et bien qu'elle n'était encore qu'une employée à l'époque, elle ne s'est pas gênée de balancer les quatres putain de vérités à son employeur. Curieusement, il ne l'a jamais foutue à la porte alors que y en a ils ont eu pire pour moins que ça. Je pense que c'est parce qu'elle s'est toujours occupée de moi depuis ma plus tendre enfance et encore aujourd'hui. Je lui dois tout à Anna. C'est grâce à elle qu'à un moment j'ai été si pacifiste. Elle s'arrangeait toujours pour me laisser le moins possible avec Johnatan jusqu'à que j'ai l'âge pour me faire mes propres avis et mes choix. À son grand damn, j'ai accepté de reprendre le flambeau, une partie du moins.