I Hate My Crush (TERMINÉE)

Chapitre 10

Emy

Il avait tenu parole. À partir de ce jour, Isaac si pacifiste à mon égard était devenu mon bourreau. Celui que je devais le plus craindre. Le pire de tous. Mon ennemi numéro un comme il m'avait prévenu. Ce jour-là, j'avais découvert une nouvelle facette de lui. Celle qui était douce et prévenante. Celle qui m'a un peu plus fait tomber amoureuse de lui.

En se positionnant contre moi, je ne suis même pas certaine qu'il avait vraiment conscience qu'il broyait un peu plus chaque minute mon pauvre cœur en mal d'amour. Je savais ce que je devais faire pour que tout s'arrête et qu'il soit peut-être de mon côté, mais j'étais si tétanisée de me confronter désormais à lui que je m'en suis trouvé incapable. Il avait raison, il m'avait averti que je devais le craindre. Et c'était réussi. Tous mes autres harceleurs face à Isaac étaient passés à la trappe. Celui qui me terrifié désormais c'était le mec que j'aimais malgré moi.

Rien que de repenser à ce jour, je sens une unique larme tracé un chemin mouillé sur ma joue. Je l'essuie d'un geste rageur du dos de la main. Cette discussion que je n'ai jamais oubliée - malgré qu'il me l'ait ordonnée - est gravée dans ma mémoire. Tout comme la première fois qu'il m'avait appelé « Trésor. » Le Isaac d'aujourd'hui est devenu encore plus sombre que celui du lycée mais lui non plus n'a jamais oublié ce surnom qu'il me donnait. Et rien que par ce triste constat, j'ai encore l'espoir fou de retrouver un jour cette douceur ainsi que cette prévenance venant de lui.

Peu importe qui il est, est devenu ou bien rester. Peu importe quoi il est, le fait est toujours le même : Je l'aime à en crever.

« Défends-toi et affirme toi et tu m'auras comme allié, reste en position de victime et je serai ton ennemi.»

Est-ce que c'est trop tard aujourd'hui ou bien je peux encore changer la donne ? La féministe en moi va se révolter mais... J'ai besoin de lui. Bordel, j'ai besoin d'Isaac dans ma vie.

C'est triste mais réel. Ayant malgré tout la connaissance de cette vérité avouée à moi-même, ma haine envers lui reste toujours intacte. Comment peut-on aimer et à la fois détester une même personne ?

Je soupire et je finis par me relever de mon lit afin de jeter un œil sur l'écran de mon portable toujours sans une seule réponse.

18h58.

Prenant conscience de l'heure qu'il est et qu'il me reste plus que deux malheureuses petites minutes, je bondis hors de la chambre tout en passant faire un tour rapide à la salle de bain pour effacer les traces de mes réflexions.

18h59.

Je cours à travers les couloirs, dévale les escaliers en manquant de ne pas me casser une jambe, ayant déjà un bras fragile tout en faisant une course contre les secondes qui défilent.

Bientôt en bas des escaliers, j'aperçois la carrure d'Isaac déjà à la cuisine mais pas seul. Je pile net en reprenant mon souffle de bœuf et m'avance tranquillement vers eux. A peine dans son champ de vision qu'il relève la tête vers moi.

― T'es en retard, Trésor.

― Ca va, c'est que d'une minute, répliqué-je en prenant place sur le tabouret.

― J'ai dis 19h pile. Il est 19h01. T'es en retard, point.

― Génial, soupiré-je. En plus il est devenu pointilleux...

― Je l'ai toujours été, sourit-il lentement, moqueur.

Je lève les yeux au ciel.

― Fais pas ça, grogne-t-il.