Chapitre 3

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Emy 

Enveloppée dans un brouillard cotonneux, les différents bruits extérieurs me parviennent peu à peu. Lentement, je me sens revenir à la vie. L’obscurité autour de moi commence à s’évaporer pour être remplacée par la lumière vive et brutale de celle de la journée. Soulevant mon bras lourd, je me frotte les yeux pour m’aider à émerger plus rapidement de cet état léthargique. Dans un grognement, je tente de me redresser - et le regrette aussitôt - quand je sens ma tête encore prise de vertiges et aussi lourde que du plomb. Vaincue, je me rallonge docilement - à même le sol ? - les yeux grands ouverts et éblouis par le ciel d’un bleu sans nuages et d’un soleil flamboyant. 
Pendant que je laisse mon misérable corps faible se remettre de mon malaise - il me semble - je fouille ma mémoire et surtout mes derniers souvenirs pour comprendre comment je me suis retrouvée là, au lieu d’être à l’intérieur de la maison. 
La maison, Emy ! 
Dépourvue de force pour l’instant, je tourne d’un geste pathétique la tête vers mon chez-moi d’où je remarque que la porte d’entrée est toujours grande ouverte. Souvenir après souvenir, mon cerveau commence à m’envoyer le déroulement de ma matinée : la routine quotidienne, mon rendez-vous chez le psy, la discussion sur le sujet « Isaac » et… 
Oh putain de bordel de merde ! 
Mes yeux s’agrandissent d’horreur tandis que je me redresse brusquement. Je ne prends pas le temps de me lamenter sur la douleur qui me vrille le crâne, bien trop secouée par ce que je viens de me rappeler. 
Isaac. 
Et pas uniquement le sujet tabou de discussion que j’ai enfin abordé avec Doc Davis mais je parle également de sa venue. A moins que tout ceci ne soit un rêve ? Un mauvais rêve qui ne changerait pas de d’habitude. 
Mais comme si l’univers avait décidé de me transmettre un message, mes yeux se posent sur mon portable au sol à quelques mètres de moi. Bizarre, j’aurai juré qu’il était dans mon sac, pourtant… Me traînant sur l’herbe, je ramène mon téléphone vers moi d’une main légèrement tremblante. Ignorant la boule d’angoisse qui vient de se loger dans ma gorge pour ensuite descendre dans mon estomac, j’allume l’écran et découvre que j’ai un message en attente. 
Pour une raison que je ne préfère pas encore m’expliquer, mon coeur cogne fort et vite dans ma poitrine. Je balaie l’écran de verrouillage du pouce, tape mon code et lis fébrilement le message après avoir été sur l’application correspondante. Uniquement quelques mots qui manque de me refaire partir dans les vapes instantanément. Mon sang se glace alors que mes yeux parcourent encore et encore la maigre phrase reçue, se figeant ensuite sur le nom en bas du message. Un nom qui m’envoie une traînée de frissons. 
Inconnu : « A bientôt, Trésor. Toi et moi, ce n’est que le commencement.
Isaac. »

« Toi et moi ? » Seigneur, qu’est ce qu’il veut dire par là ? Et sérieusement, j’ai vraiment retenue que ça ?! 

Mue soudain par un élan de courage qui ne durera sûrement pas longtemps, avant même de réagir et de tout arrêter, je me retrouve à pianoter sur mon clavier : 

Emy : « Il n’y aura jamais de toi et moi. Encore moins d’un à bientôt. »

Incrédule et en panique totale, je contemple le message que je viens de lui envoyer. Alors que je suis sur le point de le supprimer, mon coeur loupe un battement. Trop tard. Il vient de le lire et les trois petits points flottants m'indiquent qu’il est en train de répondre. 
J’ai une envie furieuse de balancer mon portable loin d’ici mais n’en fais rien. Parce que malgré ma peur croissante, je veux savoir ce qu’il va dire. Et ça ne tarde pas. 

Isaac : « Tu connais le proverbe : jamais deux sans trois. On va se revoir, Emy… Fais toi une raison. »

Emy : « C’est une menace ? »

Isaac : « Une promesse. »

Estomaquée, j’en reste sans voix. Je fixe mon écran, incapable de répliquer quoi que ce soit. Mon peu élan de courage vient de s’effriter suite à ses deux mots qui résonnent comme un avertissement avec des signaux d’alarmes rouges dans mon esprit. Le pire, c’est qu’il à l’air vraiment certain et sûr de lui qu’on va se revoir. J’ai toutes les raisons du monde d’avoir peur et de le craindre encore plus. Nerveusement, je mordille ma lèvre inférieure. J’ai la tête qui tourne, le sang qui bat furieusement à mes tempes et malgré cela, je finis par me relever, les jambes flageolantes. 
Perdue et confuse, je dévie le regard vers la porte ouverte où règne un calme inhabituel à l’intérieur. Le retour d'Isaac dans ma vie aujourd’hui bouscule toute la routine que je m’étais instaurée - et qui n’a jamais fonctionnée. Même sans l’avoir en face, j’ai pu sentir dans ses messages la détermination dont il est armé pour pourrir un peu plus ma misérable existence. Une chose est sûre : Mon bourreau est de 
retour et même des années plus tard, je ne suis toujours pas de taille à l’affronter. 

I Hate My Crush (TERMINÉE)Where stories live. Discover now