I Hate My Crush (TERMINÉE)

Chapitre 12

Isaac

Trente minutes plus tôt

Mon visage bien trop proche de celui d'Em', je fouille son regard à la recherche d'indices qui m'indiquent qu'elle n'a pas oublié. Elle m'avait ressortie mot pour mot de ce que je lui avais dit à l'infirmerie, alors je ne vois pas comment elle a pu oublier le début de cette journée. Je ne la crois pas. Mais en même temps, j'ai des doutes. Cette nana me désarçonne complètement. Dans le besoin de savoir, de connaître la vérité que je veux tant entendre, je fais ce que je n'ai jamais fait dans ma vie pour personne : supplier.

― Dis moi que je ne suis pas le seul à m'en souvenir, Trésor... murmuré-je.

Sa joue dans ma paume est chaude. Par la proximité de laquelle nous nous trouvons je distingue ses petites tâches de rousseurs que j'apprécie tant, lui manger ses pommettes pâles. Je la sens frémir contre ma main et je réprime un sourire satisfait de savoir que je lui fais de l'effet. La pointe de sa langue vient humecter ses lèvres et mes yeux suivent le mouvement, tombant sur cette bouche aux lèvres pleines et rosées, mon appel au péché depuis longtemps. Je meurs d'envie de l'embrasser. Un vieux fantasme depuis le lycée malgré les années passées qui est resté intact.

Bordel, Emy...

Dans l'attente de sa réponse, j'ai le cœur qui me martèle la poitrine comme jamais auparavant. Par tous les Dieux, dites-moi qu'elle s'en souvient...

― Non... Je n'ai pas oublié non plus...

Putain. De. Merde.

Vouloir connaître la vérité, OK. Par contre, je n'aurai jamais pensé une seconde que ce simple aveu serait aussi dévastateur en moi. Mes yeux dans les siens, ses derniers sont traversés par une lueur de nostalgie et d'autre chose que je ne parviens à définir mais qui me comprime l'estomac. Face à cet océan bleu, j'ai l'impression d'être passé aux rayons X et je n'arrive pas à savoir si cela me dérange ou non. Pourquoi ? Tout simplement parce que je suis obnubilée par sa bouche qu'elle ne cesse d'humecter comme si elle attendait quelque chose. Et ça me fait grandement chier parce que si ça continue je vais vraiment craquer et les faire miennes.

Mienne... Bordel, elle l'a toujours été.

Imperceptiblement, mes yeux font plusieurs aller-retours de sa bouche à ses yeux et à l'instant où je me décide enfin à céder à cette putain de tentation qui me torture depuis des années, mes lèvres à quelques malheureux foutus millimètres des siennes, je suis interrompu par la sonnerie de mon téléphone. Sonnerie qui me fait revenir illico à la réalité. Je m'écarte vivement d'Emy en prenant en pleine gueule ce que je m'apprêtais littéralement à faire : L'embrasser.

Putain !

Confus, frustré, et énervé contre elle et sa capacité à me faire faire n'importe quoi, je m'éloigne d'elle sans un mot en décrochant à l'appel entrant. Un énième de la journée de mon cher paternel.

― Quoi ? réponds-je sèchement.

Mes pas rapides me ramènent à la villa et j'y pénètre sans un regard en arrière, les pensées en sacré bordel.

― Change de ton, Isaac. Ça fait depuis ce matin que j'essaie de te joindre, tu fous quoi ? attaque mon géniteur.

― Tu veux quoi à me harceler ?

Tout en posant ma question toujours d'un ton loin d'être agréable - conséquence de ce qui a bien failli se passer en bas, près de la piscine - je monte les escaliers en écoutant à moitié les paroles de mon interlocuteur. Impossible de me concentrer quand je la revois encore devant moi, elle et sa bouche tentatrice. Je me frotte les yeux, épuisé. Un putain de bordel...