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ʟᴇᴛɪssᴜᴠᴀᴘᴏʀᴇᴜx ᴇɴsᴇʀʀᴀɴᴛ sᴇs ʜᴀɴᴄʜᴇs les caressait à chacun de ses pas. Elle traversait le long couloir du deuxième étage du manoir des White, ses talons claquant paresseusement le parquet d'époque à travers les tapis vétustes de bleu. Sa chevelure brune avait été relevée en un chignon travaillé, les mains expertes de leur elfe de maison Mörwen ayant pris presque un après-midi pour en arriver à un tel résultat. Il fallait dire que sa crinière aux boucles sauvages n'avait pas voulu se laisser dresser, allant jusqu'à devoir user de la magie pour la coiffer correctement. Il était maintenant presque dix-huit heure, la lourde horloge du salon de la grande maison annonçant l'arrivée des premiers invités. Amelia se doutait de l'état dans lequel sa cadette devait être en ce moment même. Paniquée. C'est sans surprise qu'elle la trouva à moitié affalée sur son immense lit à baldaquin, aucune trace de tenue réglementaire habillant ses frêles épaules. Si leur mère la voyait, elle allait passer un sale quart d'heure.
- Je refuse d'y aller, annonça courageusement la serdaigle.
En voyant la moue ennuyée que lui renvoya sa soeur, Brooke sut qu'elle non plus n'était pas enchantée à l'idée de passer sa soirée en compagnie de vieux coincés, plutôt que de lire un bon livre.
- Mère ne risque pas d'être du même avis, lui indiqua-t-elle sur le ton de la rigolade.
Se relevant d'un coup sec, la plus jeune tira de son portant la robe qu'elle était censée porter, grimaçant en voyant le nombre de couches affreuses que son pauvre dos allait devoir supporter. Dans une autre vie, elle voudrait être réincarnée en phasme. Au moins elle n'aurait pas à s'encombrer d'un corset et autres objets de torture dont toute femme de l'aristocratie sorcière devait être pourvue.
- Mademoiselle, résonna la petite voix terrifiée de leur elfe, votre mère, elle va...
- Ne t'en fais pas Mörwen, lui dit Amelia, je m'en occupe.
Après une révérence polie, la créature s'éclipsa sans demander son reste, les laissant seules. Brooke détailla enfin sa grande soeur, la trouvant radieuse. La mousseline soyeuse de ses jupons était d'un violet sombre, rehaussant parfaitement son teint laiteux et pâle. Le corsage de son buste était lacé dans une ribambelle de noeuds complexes et aux arabesques délicates, découvrant élégamment sa poitrine en un jolie décolleté. Sa nuque quant à elle, se voyait chatouillée par les quelques mèches rebelles qui s'échappaient de son chignon, laissant apparaitre deux magnifiques émeraudes accrochées à chacune de ses oreilles.
Les mains douces de la brune se dépêchèrent de faire assoir sa cadette, leur reflet se dévoilant dans le miroir de la coiffeuse. Elle la pouponna d'un peu de poudre, ainsi que d'un trait charbonneux sur ses paupières clauses. Lorsqu'elle colora ses lèvres, elle se reprit à diverses reprises, ne sachant pas quelle couleur lui seyait le mieux. Au final, ce fut le rose pâle qui remporta la compétition, s'accordant parfaitement avec l'ivoire aux coutures dorées de la robe qu'elle devait enfiler. La tache la plus ardue fut de loin le laçage de son corset.
