ʟᴇ ᴄᴏɴᴛᴀᴄᴛ ғʀᴏɪᴅ ᴅᴇ ʟᴀ ʀᴀᴍʙᴀʀᴅᴇ derrière ses genoux la faisait frissonner. Une pluie fine claquait contre ses joues, le vent frais s'engouffrait dans ses jupons et les soulevait. Le vide devant elle l'attirait comme un papillon vers la flamme, l'image du corps sans vie d'Aubry lui revint en mémoire. Quelques fleurs séchées reposaient ci et là contre la rambarde, vestige d'une défunte partie trop tôt mais dont le souvenir se fanait en même temps que les bouquets déposés en sa mémoire. Seuls les plus épris d'elle subsisteraient, dans une mélancolie maussade dès que le souvenir de sa chevelure blonde leur reviendrait en mémoire.
Était-ce là leur avenir à tous ? Mourir et finir par tomber dans l'oublie ?
C'était d'un triste...
Amelia ferma les yeux quelques instants, soupirant d'aise en sentant la nicotine de sa cigarette imprégner ses pores un à un. Elle ne savait même pas ce qu'il y avait dans cette chose, mais elle savait au moins que ce bâton aux effluves de goudron, arrivait à détendre ses nerfs mieux que quiconque.
Il y avait ce quelque chose dans le vide qui attirait plus que de raison la jeune femme. Elle voulait tant s'y pencher et goûter à la sensation de planer, celle là même qu'elle ressentait dès qu'elle jouait au quidditch. À une exception près. Ici, elle n'avait rien à quoi se raccrocher et ses entrailles frissonnaient de trouille rien que d'imaginer son corps démembré si elle se laissait par inadvertance tomber dans le vide.
Finir disloquée sur le parterre sale de Poudlard n'était vraiment pas dans ses projets. Ce n'avait été sûrement pas dans les projets de Charlotte non plus, elle en était sûre. Mais ce vide aussi effrayant qu'accueillant, l'appelait et semblait lui souffler à l'oreille une comptine enfantine qui atténuerait sa peur de l'impact. De la mort.
Aurait-elle mal ?
Non, lui soufflait la voix.
Sentirait-elle quelque chose ?
Probablement pas, poursuivait le carillon malsain de sa conscience.
La mort était parfois autant redoutée que la vie. Et Amelia ne savait plus si elle avait encore de bonnes raisons de s'y raccrocher.
Brooke lui avait demandé de la laisser seule, voulant pleurer la mort de sa petite amie dans son coin. Elle lui en voulait sûrement, de ne pas avoir réussi à la protéger. De ne pas avoir réussi à garder leur famille intacte. D'être en vie et pas Charlotte. D'avoir trouvé une nouvelle famille et de l'avoir oublié le temps d'une milliseconde. De n'apporter que poisse et désolation aux gens qui l'entourent.
Oui. Le vide semblait tout à coup bien plus attrayant que les bassesses que son esprit ruminait inlassablement.
Amelia laissa sa cigarette se faire porter par le vent, tombant dans une course folle jusque dans la cour du château en contrebas. Elle suivit la chorégraphie de son mégot avec attention, et se pencha sans s'en rendre compte dans le vide. En sentant la pluie glaciale et le vent l'accueillir comme de vieux amis, elle n'eut presque plus peur. Mais deux bras puissants entourèrent son buste avant qu'elle ne bascule en avant, un souffle chaud vint glisser contre sa nuque.
