Contrat Entre Mafieux

9- l'invité est roi

Après des heures de marches à pied, je perçois la façade de la maison des Jimenez.

Bizarrement, je m'en réjouie, je commençais déjà à m'être habituée là-bas, mais d'un côté je n'ai pas envie de recroiser la gueule de ce Ruben et sa pouffiasse de sœur aux cheveux enflammés.

Quand j'ouvre la porte, bizarrement elle n'est pas taquée. Je m'engouffre à l'intérieur en faisant moins de bruit possible. Mais quand je m'apprête aller dans la cuisine, je croise lui. Ruben.

Son regard vert est vide, je n'arrive pas à déchiffrer.

Il m'analyse de la tête aux pieds, et gênée, je feigne l'indifférence et me dirige vers le placard où se trouve les verres.

- J'ai entendu que t'étais avec Hayden, s'exclame-t-il d'une voix hautaine.

Je ne réponds rien et pars remplir mon verre.

- Qu'est-ce que vous avez fait ?

- Jimenez, ne t'en mêles pas, soupiré-je en m'apprêtant à boire de l'eau.

Mais tout à coup, sans que je puisse mon comprendre, je me retrouve plaquer contre le mur. Surprise, je constate que le corps de Ruben est proche du mien mais son regard... on dirait qu'il y a une incendie à l'intérieur de lui-même. Il est en colère. Très même, d'après ses mains qui tremblent.

- Déjà tu es chez moi, ça serait bien que tu redescendes de ton cheval blanc ! siffle-t-il entre les dents.

Je hausse un sourcil.

- Tu as employé du conditionnel, donc je vais continuer à galoper sur mon cheval blanc, dis-je, provocatrice.

Oulaaa...

Je l'énerve de plus en plus.

J'approche mon verre d'eau près de ma bouche et sirote fortement le liquide en l'observant toujours droit dans les yeux.

Agacée, il s'éloigne de moi et je remercie Dieu.

Sa présence près de moi est... stressant.

- Écoute Sorcha, je ne pense pas que tu vas vivre longtemps ici, annonce-t-il. Après ce que tu as fait---

Je ris jaune avant de reprendre ma froideur. Je dépose avec force le verre contre la table et l'objet s'est même fissuré. Seulement ce con commence à m'agacer les ovaires !

- Après que j'ai fait quoi, Ruben ? demandé-je avec colère. C'est toi qui as cherché en me comparant à un vulgaire animal.

- Tu m'as poignardé ! se défend-t-il avec les sourcils froncés.

- Je t'ai égratigné ! Ce n'est pas la même chose, rectifié-je, ce n'est pas de ma faute si tu as la peau aussi sensible qu'un cul de bébé !

Nous nous envoyons des éclairs via au regard. Finalement, déjà lassée, je m'apprête à monter dans ma chambre afin d'aller me reposer. Je sens déjà d'avance que Mallory et Ava vont me parler, sans oublier que le connard et la connasse de Jimenez qui vont rajouter leur grain de sel.

Je passe à côté de Ruben, mais il chuchote si bas que j'ai pu quand même entendre :

- Fais attention, Sorcha. Tu es mon invité et je suis le roi.

Je lui lance un regard en biais.

Sérieusement, il a quel âge pour parler qu'il est le roi con de cette maison ?

- L'invité est roi, Jimenez. N'oublie pas que l'hôte a plus de pouvoir qu'un roi, lui lancé-je avant de le laisser seul dans la cuisine.

*

Le lendemain, je me suis levée assez tard ce qui est surprenant. Et puis la soirée d'hier, ma petite altercation avec le bouffon, ça ma foutue K.O.

Je sors tout juste de la salle de bain, toute propre, puis la tête de Hayden me vient soudainement.

- Oh merde ! soufflé-je quand je me rends compte que je l'ai laissé en plan à la soirée d'hier soir.

Vivement, je déboule les escaliers et me dirige à grands pas vers la porte, mais une voix assourdissante me fait arrêter de tous mes mouvements.

- Sorcha, viens !

Putain.

Gavée, je pars vers le salon en traînant des pieds. Je trouve les parents de Ruben et lui. La flamme ambulante n'est pas là et tant mieux !

Ava me fait signe de prendre place juste à côté de Ruben et dégoûtée, je m'assoie à côté de lui en laissant une distance raisonnable.

Ava me fixe droit dans les yeux et je tiens son regard naturellement, ce qui la perturbe un peu.

- À propos de l'autre soir... je sais que Ruben peut être un gros enfoiré de première, mais je ne voudrais plus ce genre de chose à la maison. La prochaine fois vous réglerez vos différends en dehors de ma résidence, annonce-t-elle avec sérieux.

Je hoche la tête.

- D'accord. Tu as compris Ruben ? La prochaine si tu ne me respectes pas, on fera la baston dans la rue, raillé-je en une lueur de défi.

L'homme insulte dans sa barbe et croise ses bras.

- Et il va présenter ses excuses, ajoute Mallory avec un grand sourire.

Je ris intérieurement quand le visage du con se décompose. Il se lève, révolté.

- Qué ? Attends, cette meuf fais comme chez elle et---

Il s'arrête quand je repose mes longues jambes sur la table basse. Je hausse un sourcil, amusée.

Il ouvre sa bouche et la referme, toujours estomaqué.

- Eh ben voyons, Ruben, lancé-je d'un ton innocent. J'attends toujours mes excuses. Je me sens toujours triste et mal à l'aise depuis l'autre soir.

Ruben passe une main dans ses cheveux sombres. J'insiste mon regard sur lui et il pousse un long soupir avant de s'approcher de moi.

- Je te prie de m'excuser, Sorcha, présente-t-il avec la voix faible. Ce n'était pas très sympa de ma part de t'avoir comparé à un animal.

Ça se voit que cela lui fait mal de mettre sa fierté de côté, mais il paraît tellement sincère dans ses excuses.

Nous nous regardons droit dans les yeux pendant un long moment, comme si nos prunelles étaient des aimants. Je n'arrive pas à me détacher, je suis plongée dans une forêt mystérieuse qui cache beaucoup de secret. Mon cœur prend une allure anormale et je suis la première à couper le contact visuel avec Ruben.

Je me lève, toujours perturbée de ce moment.

Je passe à côté de lui, je lui chuchote afin que ses mères ne m'entendent pas :

- Tes excuses sont rejetées.