56- question confiance

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Le docteur range ses affaires dans sa mallette en me donnant toujours des conseils dont je vais vite oublier. Je me redresse sur le canapé en cuir, toujours un peu fébrile et m'apprête à me lever mais Ruben me stoppe en posant une main sur mon épaule.

J'ignore son contact qui me perturbe pendant de longues secondes.

— Votre tension est assez élevée mademoiselle Hassan, vous devez impérativement vous reposez et vous éloignez des sources à problème.

J'ouvre ma bouche mais Ruben me devance en parlant d'un parfait anglais.

— Elle se reposera, je veillerai sur elle, s'exclame-t-il, sûr de lui.

Le docteur de la famille hoche la tête avec un petit sourire avant de s'éclipser.

Je reste interdite, et me lève brusquement, agacée.

On était pas obligés d'appeler le toubib. Je me sentais affaiblie à cause de ce souvenir venu de nul part, mais je pouvais me débrouiller sans l'aide du docteur. Il m'a servi à rien à part de me donner des conseils comme un vieux sage. J'envoie un regard noir à Ruben et m'apprête à me servir d'un verre d'alcool, mais le mexicain me retourne dans sa direction avant de me piéger entre le bureau et lui. La distance entre lui et moi me rend mal à l'aise mais je tente de ne pas laisser paraître mon trouble... Ou du moins, l'effet qu'il procure sur moi.

— Ce n'est pas en buvant de l'alcool que tu vas oublier, souligne-t-il.

— Tu me gonfles, Ruben. Tu es qui pour prendre des décisions comme ça ?

Il plonge son regard sérieux dans le mien et des frissons me montent à l'échine.

— Je suis une personne qui s'inquiète pour toi, m'avoue-t-il sévèrement.

Je cligne plusieurs fois les yeux et Ruben remet une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille.

Son toucher me fait chauffer violemment mes joues et je tente de m'éloigner de lui, en vain.

— Tu as plusieurs raisons pour me haïr et de me tuer. Comment savoir si tu joues avec moi ? chuchoté-je, à bout de souffle.

Ruben garde son silence et s'approche plus de moi jusqu'à son corps touche me mien. Je me tends avec des battements de cœur anormaux.

Je détourne mes yeux, mais avec ses doigts il me force à ancrer mon regard dans le sien d'une couleur verte. Une lueur étrange passe dans celui-ci.

Non seulement ma tension est élevée, mais là je risque faire une crise cardiaque...

— Je peux paraître con, mais n'oublie pas que j'arrive à lire en toi. Tes gestes te trahissent, susurre-t-il. Tu as beau prétendre le contraire, mais je te fais toujours le même effet il y a maintenant un an.

— Tu... tu te trompes.

Il fait un rictus.

— Alors pourquoi tu tentes de reculer ? J'ai essayé de te détester, cela n'a pas marché. Sorcha, pourquoi te priver ? Pourquoi t'interdire ?

Bonne question.

Nos lèvres se frôlent dangereusement jusqu'à Ruben recule vivement. Je reprends mon souffle, toujours erratique.

— Je n'ai pas confiance en toi, Ruben. Tu reviens ici, croyant être de mon côté, mais je sais que c'est faux. Tu crois que Natalya est une sainte.

Il pousse un soupir.

— La seule différence entre nous Sorcha c'est que j'ai confiance en toi, mais ce n'est pas réciproque.

Je pince mes lèvres et croise mes bras.

— Alors, prouve-moi que tu es digne confiance.

Il me montre son pouce avant de partir lui aussi.

Je pousse un long soupir, la main sur ma poitrine. Il a toujours raison, il me fait toujours de l'effet.

**

Le lendemain.

Azrael m'explique ses investigations et je hoche vaguement la tête quand il me pose des questions.

Il s'arrête, confus, et s'assoit à côté se moi.

— Tu sembles désintéressée, remarque-t-il.

— Je m'excuse, ce n'est pas contre toi, lui dis-je précipitamment. Je suis contente de tes recherches sur cette fameuse inconnue.

Azrael hoche, compréhensif, puis se s'allonge presque dans le sofa.

— Cette histoire avec Kelly t'épuise beaucoup, remarque-t-il l'air songeur. Je ne veux pas m'incruster dans votre conflit, mais je trouve fort dommage que vous  vous entendez pas. Tu sais, Kelly est vraiment sympa et---

Je l'arrête en lui montre ma main et m'écarte de lui. Je me poste en face de la baie vitrée qui donne vu au jardin et je tente de calmer cette colère. Je suis déjà affaiblie depuis les derniers événements et actuellement, je ne veux pas entendre ce maudit nom.

— Si ta sœur se tient bien, alors je ferai de même. Désormais, je veux qu'on change de sujet, claqué-je gravement.

Le téléphone d'Azrael se met à sonner. Il s'excuse et s'éloigne. Pendant de ce temps, je continue à contempler la vue idyllique jusqu'à entendre des éclats de rire venant de l'extérieur.

Les rires de Félicia.

Je souris aussi et décide d'aller rejoindre ma mère accompagnée avec Félicia dans le jardin, mais je perds mon sourire quand je distingue que c'est Ruben qui a ma fille avec lui, pas ma mère.

Mais... Qu'est-ce que...

Je reste interdite et observe longuement le Mexicain jouer au voiture avec ma fille et celle-ci pour une raison idiote, rigole. Je m'élance vers eux, lentement, et m'assois sur l'herbe. Ruben croise mon regard et reprend son sérieux.

— Ta mère est partie au toilette alors, je la remplace pour quelques temps, m'informe-t-il avant de donner une petite voiture à ma fille.

Celle-ci me remarque enfin et marche maladroitement dans ma direction avant de tomber entre mes bras. Je croise ses prunelles noisette et un grand sourire s'étire mes lèvres avant que j'embrasse sur les cheveux de ma fille.

— Je présume que cela fait partie dans tes plans pour obtenir ma confiance, hum ? m'enquis-je en haussant un sourcil.

Il fait mine de réfléchir et je me désespère déjà.

— Pas vraiment, je passais par là et ta mère m'a appelé. Pourquoi ? J'ai déjà ta confiance ?

Je me contente de lui montrer mon troisième doigt avant de me relever.  Mais en faisant cette action, je vacille sur mes jambes avant que Ruben me tient par la coude.

Mal à l'aise, je lui remercie et tiens fortement Félicia qui a trouvé déjà son sommeil.

— Tu as décidé d'être mère du jour au lendemain ? me questionne-t-il subitement.

— J'ai toujours voulu avoir des enfants, mais plus tard, lui réponds-je en me dirigeant vers le salon. Mais avec Félicia c'est différent.

Je n'ai pas très envie de parler tout cela avec lui. Il doit être content avec le peu d'information qu'il a pour le moment.

— Adopter un enfant du jour au lendemain, c'est étrange...

— Ruben, j'ai pas envie de parler de tout ça. Alors si tu veux bien....

Azrael m'interrompt en se précipitant dans ma direction. Il s'arrête et vu la mine qu'il aborde, je sais déjà que c'est une mauvaise nouvelle.

— Je sais enfin qui est la fille, cette fille !

— Quelle bonne nouvelle ! m'exclamé-je en exagérant.

Il me montre une image sur son cellulaire et mon humeur se décompose aussi rapidement qu'un fruit.

Je serre les dents et croise le regard de mon demi-frère et il hoche la tête lentement en répondant à ma question silencieuse.

Cette fille... Elle va bien morfler.

Contrat Entre MafieuxDonde viven las historias. Descúbrelo ahora