44- adoption

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J'observe l'enfant dormir paisiblement sur le matelas. Le docteur de Mao m'a informé avec soulagement que cet enfant n'a rien et est en bonne santé.

Quelque chose de fait.

Maintenant que vais-je faire ?

Sa maman est morte et son père, on ne sait pas de ce que lui ait arrivé. Je suis totalement perdue. Cet enfant a chamboulé mes plans. Littéralement.

Mais je peux pas l'abandonner, du moins je ne veux pas. Sa mère m'a dit son dernier souhait, elle veut que je protège sa fille.

Mais comment peut-elle dire cela à une inconnue ? Si j'étais du camp ennemi, elle me dirait la même chose ?

— Au pire tu déposes ce gosse à l'orphelinat du coin, propose Sybella après une taffe de sa cigarette.

Et elle ne m'aide pas du tout.

Il est hors de question que je dépose cette fille dans un orphelinat d'ici ! C'est une idée complètement folle !

Et visiblement, Siofra est d'accord avec moi.

— Sybella, aie un peu de cœur ! gronde-t-elle. Cet enfant est innocent, comment peux-tu dire une chose pareille ?!

— Les orphelinats d'ici sont mèches avec la mafia colombienne. Ils engagent des orphelins pour alimenter leurs troupes et les transforment en meurtrier, intervient le docteur qui a suivi notre discussion. Mademoiselle Hassan, je pense que la décision est à vous. Les orphelins ne sont pas en sécurité ici, il vaut mieux l'envoyer dans un pays plus sécurisé.

Je mords mes lèvres et délicatement je caresse la tête de la petite fille qui dort à poing fermé. Elle vient tout juste de naître et elle est déjà en danger... Elle n'a pourtant rien fait, à part pleurer pour nous montrer sa présence. Si nous étions pas parties à la grange, elle serait morte dans l'explosion et juste en pensant à cela, je me sens livide.

Je ne la laisserai pas en Colombie, elle mérite d'une vraie vie. Je dois veiller sur elle, sa maman me l'a dit. Mais... Le serpent ? Que dois-je faire ? 

Bon Dieu, je suis perdue.

Mon âme est tellement rongé par l'esprit de vengeance,  mais maintenant j'hésite vraiment. Dois-je encore retarder ma mission ?

Sybella se poste en face de moi, l'agacement se lit clairement dans son regard noisette.

— Sorcha, quand même pas ! Tu ne vas pas prendre pitié d'une mioche ?! s'écrit-elle, outrée. Et ta mère ? Ta vengeance ?

— Je...

Je détourne le regard pour le poser sur la petite fille. Je ferme mes yeux longuement pour chercher une réponse... Mais je l'ai déjà avec moi. 

— Je prendrai cette fille sous mon aile, affirmé-je avec détermination.

Sybella ouvre grands ses yeux, ne croyant pas ses oreilles.

Siofra me sourit mais elle est obligée de s'imposer entre la brutale et moi.

— Mais, cet enfant n'est pas de toi ! Que va dire ton père ?

Je lance un regard au docteur et celui-ci est obligé de partir pour nous laisser régler nos différends.

Je pars dans l'autre côté de la pièce, les bras croisés.

J'ai pris peut-être cette décision sur la tête, mais je ne regretterai pas. Un enfant ne me tuera pas.

— Et alors ? Je l'aimerai comme mon propre enfant, craché-je sèchement.

— Les filles calmez vous--

— Et ta mission ? Tu ne veux plus te venger ? Où est cette Sorcha au cœur froid ?Cet enfant sera ton point faible, elle va te rendre comme une couille molle ! siffle Sybella, toujours énervée. 

Cette conversation commence à m'énerver sérieusement. Elle est qui pour me dire ça ? Je suis assez vieille pour prendre mes décisions.

Siofra tente de nous calmer, en vain. Je ne laisserai pas Sybella gagner cette fois-ci.

— Tu n'avais pas vu cette femme qui me suppliait de sauver son enfant, Sybella. C'est plus fort que moi. Je protégerai cet enfant coûte que coûte. Je l'aimerai comme ma mère me l'a fait. J'ai d'autres raisons qui me poussent à l'adopter et ton avis ne m'est pas très utile.

Elle lève les yeux au ciel.

— Tu n'as pas assez réfléchi, Sorcha, persifle-t-elle avant de sortir son arme à feu. Bon ,cesse de plaisanterie.

Elle pointe son arme sur la petite fille et vivement je sors mon arme calée dans mon jean avant de viser sur elle sans aucune hésitation. Malgré le cœur qui bat à la chamade, j'arrive à garder mon sang-froid.

Sybella rigole, mais là je sens que je n'hésiterai pas à tirer sur elle. Elle n'a pas le droit d'ôter la vie d'un enfant.

Je ne la reconnais pas. Je sais qu'elle est capable et si elle le fait vraiment, elle en ressortira pas vivante.

Siofra, totalement affolée, nous crie de baisser nos armes, en vain.

— Sorcha, ressaisis-toi. Cet enfant t'apportera que malheur. Tu sais comment fonctionne l'Égypte. Les orphelins ne sont pas la bienvenue, articule la guerrière.

Je serre la crosse l'arme entre mes doigts.

— Baisse ton arme, Sybella. Je te le dis déjà, la balle va partir si tu continues.

Elle ignore et rigole.

— Siofra, parle à ta pote ! Tu vois pas qu'elle déraille complètement ?!

Siofra ouvre la bouche et la referme. Elle fait des allers-retours entre l'autre et moi, et lentement elle sort son arme avant de le pointer sur Sybella.

— Je suis désolée Sybella, mais Sorcha est assez grande pour prendre ses décisions. Et si tu tues ce petit ange, tu perdras notre amitié, annonce notre amie, totalement dévastée.

Elle vient tout juste de perdre mon amitié, ma confiance, mon appuie. Elle a tout perdu avec moi.

Sybella cligne plusieurs fois ses yeux et baisse son arme avant de le ranger. Elle nous lance un regard noir.

— Vous venez tout juste de perdre mon amitié à cause de cet enfant, lâche-t-elle avant de tourner les talons.

Elle claque la porte, ce qui fait pleurer la petite fille. Je lâche mon arme au sol et des larmes coulent le long de mes joues sans que je puisse les retenir. Je m'approche doucement de la petite fille qui pleure, totalement perdue.

Je ne comprends plus rien à ma vie. Tout se passe si vite. Trop de choses se passent sans que je prenne le temps de comprendre.

Le serpent, Ruben, maman et cet enfant.

Ma seule amie me prend dans ses bras et je me laisse faire, épuisée.

— Sorcha, tu as pris la bonne décision. Je t'aiderai coûte que coûte, me chuchote-elle. Ne te laisse pas aller.

Elle m'observe et essuie les larmes sur mes joues.

— Tu as peut-être pris la décision beaucoup trop vite, mais c'était la bonne. Ne te remets pas en question. Maintenant porte cet enfant, ajoute-elle.

Je prends un grand souffle et avec quelques moments de doute, je décide de prendre la petite fille pour la consoler.

— Siofra, que vais-je faire pour la mission ? Si...

— On gérera, me coupe-t-elle sérieusement. Maintenant, tu dois retourner en Égypte. Fais ça pour elle, mais pour toi aussi.

Je pose mes yeux sur la petite chose entre mes bras. Je n'ai pas pris une mauvaise décision. Non...

Contrat Entre MafieuxWhere stories live. Discover now