20- inquiétude

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Nous marchons silencieusement depuis une heure et demie et c'est moi la chef du fil. Je trouve assez bizarre que ces trois cons ne parlent pas, eux, qui sont pourtant si peureux... Étrange.

Mais cela ne dérange pas plus que ça ! En marchant dans le silence, cela me permet de réfléchir aux dires d'Arisa... Si elle avait raison ? Si ma mère veut se venger auprès de mon père ?

C'est bizarre, car elle n'oserait pas me faire du mal... C'est étrange. Fait chier ! Maintenant je fais des soupçons sur ma mère !
Prudencia Hassan ne ferait pas du mal, même à ses ennemis... Elle n'a pas grandi dans le monde où j'ai grandi... Je n'arrive pas à la penser si mesquine et méchante.

Des agitations me font sortir de mes reflexions. Je me retourne quand j'entends Hayden hurler comme une meuf et sa sœur plaque sa main contre sa bouche. Ruben, quant à lui, commence à sauter sur place.

— Putain mais qu'est-ce qui se passe ?! m'exclamé-je, vivement agacée.

Et là, j'entends des petits couinements. Je baisse mon regard pour voir quoi ? Un stupide rat.

— Il m'a mordu, pleurniche Ruben en essayant de tenir son pied.

Je me frappe le front avec ma main et peste des insultes. Et il ne manquait plus que ça !

Les rats au Japon c'est un cas, voire ce sont des rats mutans. Ils transportent en eux une sorte de venin assez puissant pour t'affaiblir et si ce Ruben est faible physiquement, j'ai bien peur que nous arriverons pas à la prochaine maison.

Hayden me contourne vivement, totalement affolé et sa sœur jumelle le suit de près en essayant de l'apaiser comme une daronne.

— C'est plus fort que moi, Sorcha ! Je ne peux pas rester ici une seconde de plus ! déballe-t-il rapidement.

— Attendez, vous me laisser toute seule avec ça ? demandé-je en pointant du doigt Ruben, outrée

Grâce aux lueurs de la lampe torche, je vois Jayleen me faire un sourire désolé.

— Hayden déteste les rats...

Il fallait que je partais seule au Japon. Tout à coup, Ruben perd son équilibre et rapidement, je passe son bras sur mes épaules.

— Écoutez, continuer tout droit, et il y aura une échelle, c'est là où se trouve la maison, leur indiqué-je. Faites attention.

Jayleen et Hayden partent, nous laissant seuls comme des cons.

Je fouille dans mon sac avant de rendre une fiole au liquide rouge et la tends à Ruben. Le Mexicain m'observe avec méfiance.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Ferme ta gueule et bois ça. Ça empêchera le venin de continuer son chemin.

— Sorcha...

— Écoute p'tit con, fais pas chier et bois cette merde si tu veux arriver à la destination.

Finalement il prend le beuvrage et le boit d'une traite. Je lui lance un regard noir et j'entends toujours ces putains de couinements. Je sors mon fringue et bute ce putain d'animal qui est la cause de notre malheur actuellement.

Ruben sursaute et déglutit fortement.

— Il ne méritait pas, chuchote Jiménez.

— Tu voulais prendre cette balle, peut-être ? ironisé-je.

Silence total. Bien.

Nous marchons lentement maintenant depuis une dizaine de minutes. Dans ce rythme comme celle-là,  nous arriverons dans une trentaine de minutes.

— Je sais que tu me caches quelque chose, Sorcha. Et ça depuis la soirée gala que tu es partie avec Hayden, annonce Ruben.

Je tente de rester indifférente, mais plusieurs questions se basculent dans ma tête.

— Concentre toi sur tes forces Jimenez, dis-je pour changer de sujet.

Il rit.

— Sorcha, je ne suis pas si con que ça. Tu manigances un truc et j'espère que cela n'est pas contre nous.

Je m'arrête net et pivote ma tête vers lui.

— J'ai juste fait une découverte personnelle et cela n'est pas contre vous. Donc, tu peux bien dormir sur tes deux oreilles.

Je dirige la lampe vers lui et il ferme ses yeux par réflexe.

— Je te conseille surtout de ne pas fouiner dans mes affaires, Jimenez, lui avertis-je.

Ça serait le combo si cet imbécile décide de foutre son nez dans mes investigations.

— Au moins, dis-moi si ce n'est pas dangereux, se plaint-il en prenant la lampe entre ma main.

Je cache mes yeux de la lumière mais j'essaie surtout de lui dissimuler mes joues qui me chauffent.

Il s'inquiète pour moi ou bien ? Et puis, pourquoi je me comporte ainsi ?

Pathétique, Sorcha.

— Je... Enfin... On a encore du chemin à faire, Jimenez, bégayé-je en me mettant dos à lui. On doit faire vite.

Dieu Merci, il me laisse enfin tranquille.

Nous arrivons enfin à la maison près de la rizière, et après avoir soigné la blessure de ce con de Jimenez, je décide d'aller sous la véranda afin de trouver l'esprit tranquille.

En fixant cette rizière, quelques segments de mon passé au Japon me repassent dans la tête et cela me rends assez nostalgique.

— Qu'est-ce que tu es en train de penser ?

Je sursaute et découvre Jayleen adossée contre le bois, à côté de moi. Je racle ma gorge et serre la pull contre moi.

— Pas grand chose, murmuré-je.

Elle soupire et fixe la rizière éclairée par le claire de lune.

—  J'espère qu'on a fait tout ce chemin pour quelque chose, du moins avoir nos réponses. Tu crois que ton ami nous aidera ?

Je reste silencieuse pendant quelques instants.

— Il ne dira pas nos réponses aussi facilement. C'est très dur d'être avec lui dans la même pièce. Mao est assez spécial, c'est sûr qu'on combattra contre ses sbires.

— On gagnera, dit Jayleen avec détermination.

Je tique et décide d'entrer à l'intérieur, toujours elle sous mes pas.

— Tu ne connais pas les Yazukas. Leurs techniques de combats sont comment dire... Performantes ? Ils peuvent te tuer sans que toi t'en rendes compte...

— Tu me sous-estimes ?, demande Jayleen avec les sourcils froncés.

Je pousse un soupir et son frère Hayden se poste à côté d'elle.

— Non. Je ne sous-estime personne. Je vous donne juste un conseil, ayez toujours un oeil ouvert. Les Yazukas sont tellement imprévisibles. Ne soyez pas con, n'oubliez pas que vous avez des proches qui attendent votre retour, notamment toi, Jayleen.

— Je sais me défendre, Sorcha. Ma vie personnelle ne te regarde pas, crache-t-elle sèchement.

Putain ! Comment ça me fait chier de parler à des gens cons et qui ne comprennent rien.

— Je n'ai pas dit le contraire, à ce que je sache. Tu as une petite fille, je ne voudrais pas qu'elle perde sa mère, car je connais la douleur, lâché-je froidement.

Jayleen se calme et une lueur de tristesse passe dans ses yeux azur. Son frère rigole pour apaiser l'atmosphère, mais c'est inutile.

Je préfère m'enfermer dans ma chambre.

Contrat Entre MafieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant