38- En cavale

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PDV Ruben

— Elle est convaincue que c'était le Serpent qui l'a combattue ce soir-là, dis-je aux autres.

— Il va falloir la croire parce que nous, on a rien vu, soupire Jayleen en déposant les plats sur la table.

Ma mère me donne un autre plat et je le dispose sur la table en marbre.

— C'est ça le problème, on n'a rien vu ! On a rien vu or qu'on était à côté d'elle !

Jayleen ne dit rien et se contente de m'envoyer un lourd regard avant de donner un coup de main à Mallory.

— Ruben, la confiance est une étape importante dans un groupe, si tu ne la crois pas, vous n'irez pas si loin que ça, intervient ma mère.

— Bah oui, Ruben ! En plus si tu envisages une histoire avec cette fille, il faut la faire confiance, lance Jayleen avec humour.

Ma mère se contente de rire et Jayleen me lance un clin d'œil.

N'importe quoi !

Ça m'étonne toujours que Sorcha ait vraiment vu cette pouffiasse. Pourquoi le Serpent se donnerait la peine de se déplacer pour nous battre ? Elle a d'autres choses plus importantes que nous voir réellement dans l'action. De plus, Sorcha ne se souvient plus vraiment de cette soirée.

Elle s'en rappelle de s'être battue contre une femme et que celle-ci l'a poussée hors de l'entrepôt, mais c'est tout. C'est le trou noir.

Elle ne s'en rappelle même plus à quoi ressembler cette mystérieuse femme.

— Moi perso je la crois, ajoute Jayleen en posant ses deux mains sur mes épaules. Si tu veux la gérer, il faut la faire confiance.

— Jayleen, la ferme, claqué-je en enlevant ses mains sur mes épaules. Mêle-toi de tes oignons et fous-moi la paix.

Elle se contente de soupirer et Sorcha accompagnée d'Ava arrivent enfin à la cuisine.

En parlant du loup...

Nous nous installons autour de la table et c'est Ava qui lance la discussion. Deux semaines se sont passées après que Sorcha soit sortie de l'hôpital et celle-ci reprend peu à peu ses forces, malgré qu'elle doit encore se dépendre d'un fucking fauteuil roulant.

J'ai remarqué que l'Égyptienne nous parle de plus et devient moins méfiante. Avant, engager une discussion avec elle était une mission impossible, elle nous remballait sans cesse et j'évitais surtout de manger près d'elle depuis qu'elle m'a poignardé l'épaule. Mais aujourd'hui, elle s'ouvre à nous un peu plus, surtout avec moi selon mes parents. Je suis toujours à son chevet. Je m'inquiète dès qu'elle fasse une grimace.

Cette fille me rend fou.

— J'ai eu mon père au téléphone et il  veut que je retourne en Égypte. Je ne sers plus à grand-chose pour cette mission, nous annonce-t-elle subitement.

Un silence s'en suit et tous les regards sont braqués sur elle. Son père veut qu'elle rentre ? Mais... mais pourquoi ?

— Et tu as l'intention ? questionne Jayleen, inquiète.

Sorcha secoue sa tête de droite à gauche.

— Non. Je suis assez grande pour faire mes propres choix. C'est ma mission.

— Tu as l'intention de faire quoi avec l'état dans lequel tu es actuellement  ? s'inquiète Ava. Tu ne peux même pas marcher correctement... et les flics sont à tes trousses. S'ils te voient dehors, tu auras des sérieux problèmes.

— Je gère la situation, insiste Sorcha.

— Non, tu ne gères pas la situation, l'interromps-je. Tu es encore faible, tu es recherchée par les flics et bientôt par la DEA. Tu ne peux pas revenir sur le terrain ! Tu en en cavale, Sorcha.

Je me lève subitement et me fige lorsque je prends conscience que j'ai laissé mon cœur en parler un peu trop. Mes parents me lancent un regard confus tandis que Jayleen se retient de rire.

Gêné, je reprends ma place tranquillement. Je commence à tenir beaucoup pour cette fille et la laisser revenir sur le terrain, c'est fou ! Elle est encore fébrile et sa blessure au niveau de son estomac n'est même pas encore cicatrisée. C'est complètement fou !

Je lui empêcherai de faire un truc pareil !

En parlant de celle-ci, je croise son regard impénétrable et le soutient. C'est là, que je voudrais bien savoir de ce qu'elle pense actuellement. Cette fille arrive à maîtriser ses sentiments à la perfection et ne laisse rien paraître à part ses rougissements aux joues.

C'est mignon lorsqu'elle rougit. Ça contredit tellement à son caractère de merde.

— Qui a dit que je serai sur le terrain, Ruben ? Vous le ferai à ma place et j'ai déjà une hypothèse qui ne vous plaira sûrement pas

– Dis toujours.

— C'est à propos de Bellamy Black.

Euh... comment elle le connaît ?

Directement, je me tourne vers Jayleen et elle m'esquisse un petit sourire navré.

Nan, c'est pas vrai... ne dites pas qu'elle parlé de ça avec Sorcha ?

Je comprends mieux pourquoi l'Égyptienne me lançait des drôles de regard surtout lorsque son amie, Siofra, a évoqué le Chili l'autre fois.

J'ai toujours voulu éviter de parler de cela avec les autres, parce que, à cause de cet enfoiré de Bellamy, mon frère était contraint de se séparer de nous.

Je serre les poings sous la table, sentant l'agacement apparaître en moi.

— Sorcha, on a toujours voulu éviter de parler... de cet homme, intervient Mallory.

— Je le sais... mais regardons les choses en face. Ce gars est... était un chilien et le serpent est d'origine chilienne... nous pouvons supposer que cela a un lien.

— Ah oui, j'ai pas pensé à ça plutôt, souffle Jayleen, sans voix. Vous croyez que Bellamy et le serpent ont un lien qui les relie ?

Ça commence à me faire chier.

— Je ne sais pas, dit Sorcha. C'est qu'une hypothèse.

— Peut-être qu'il faudrait contacter Théo et Catalina pour ça, propose Ava. Se sont les seules personnes qui ont les réponses que vous cherchez.

C'en est trop !

Je lève précipitamment et pars me réfugier dans ma chambre.

Leur hypothèse est fausse... et je refuse qu'on remette la vie de mon frère et de sa partenaire en danger. 

Contrat Entre MafieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant