55- désorientation

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À travers le hublot de la porte, j'observe avec mépris Natalya Lovsky se faire torturer par les alliés de Sybella. Je détourne l'œil sous ses cris déchirants et me concentre sur mon amie qui prend plaisir à observer cette scène qu'elle a tant rêvé.

Elle n'a jamais aimé la Russe. Lors de sa formation, ici, Sybella et Natalya ont toujours été rivale et celle-ci ferait tout pour anéantir mon amie, mais la roue tourne.

Sybella a préféré de rester en dehors de la pièce. Non pas parce qu'elle a peur de la voir de face à face, mais si elle la voit réellement cette pauvre Natalya ne sera plus vivante.

— Quand vous allez arrêter sa torture ? Ça fait maintenant une semaine, lui dis-je légèrement agacée.

Tsss, tant qu'elle coopère pas, nous allons continuer. De plus, les ordres vient du chef, non par moi, réplique mon amie avant de me faire signe de la suivre.

Nous sortons du bâtiment silencieusement avant de nous arrêter près de ma voiture.

— Alors dis à ton chef que j'ai besoin d'elle rapidement sinon c'est moi qui prends le relais. Natalya est la clé de tout, si elle coopère, alors nous allons réussir.

La jeune femme croise ses bras contre sa poitrine, curieuse.

— Pourquoi tant de hâte ? Je sais que tu n'es pas très patiente mais...

— Ruben vit actuellement à la villa et j'ai des doutes sur son honnêteté, alors avant qu'il pose ses mains sur nos investigations, je dois avoir cette pétasse dans la poche, dis-je vivement, les sourcils froncés.

— Ruben est où ? s'écrit-elle, surprise.

Je fais signe de se taire lorsque mon téléphone vibre entre mes doigts. Je lis rapidement le message de ma mère et je serre les dents afin de retenir les insultes qui risquent de franchir entre mes lèvres.

— J'ai une urgence à la maison, l'informé-je après un soupir. Pendant ce temps, fais quelques recherches sur cette Russe. Je veux tout savoir sur elle, ses proches, son passé, tout.

Sous le regard persistant de mon amie, je pousse un énième soupir avant de rajouter avec un faux sourire :

— S'il-te-plaît.

— D'accord patronne, affirme-t-elle avec un sourire en coin. Et un conseil, reste focalisée sur ton rôle, ne laisse pas le vent te désorienter.

Elle me fait un clin d'œil avant de retourner à l'intérieur du bâtiment. Je reste perplexe suite à ses mots et je décide de passer outre. Cette fille est folle après tout. Comme si je vais comprendre à tous ses métaphores pourris...

De retour à la maison, ma mère arrive dans ma direction totalement inquiète.

— Qu'est-ce qui te mets encore dans cet état ? Félicia a encore arraché tes plantes ? lui demandé-je avec sarcasme.

— Non, souffle ma mère comme si elle attendait autre chose. Ne t'énerves pas, d'accord et...

— C'est quoi cette musique ?

J'entends une musique de loin, mais cela ne vient pas du voisinage étant donné qu'on a pas de voisin. Non, cette musique totalement pourrie vient d'ici. J'échange un regard avec ma génitrice et sans attendre, je suis la mélodie avant de me figer devant le jardin extérieur. Des personnes. Beaucoup d'inconnus près de ma piscine en train de se trémousser.

J'ouvre grand la bouche, comme si je ne croyais pas mes yeux.

Bordel, qui sont-ils ?! Pourquoi il y a une fête dans ma maison ?

J'avance à petit pas et mon pied se cogne contre une bouteille de whisky. Je m'abaisse et le prends entre mes doigts... mais je rêve ! C'était le whisky préféré de papa et il nous a coûté un bras !

— Sorcha, ne t'énerves pas mais c'est Kelly qui a tout préparé...

Je rigole sèchement et balance la bouteille vide dans la piscine.

Je me tourne vers ma mère, sentant la colère monter rapidement en moi.

Toujours cette fille...

— Et tu crois que je vais ignorer tout ce merdier ? Non, non et non ! Je vais mettre fin à ce bordel !

Je cherche mon arme à feu dans mon sac et quand il se trouve enfin entre mes mains, je tire sur les baffes de musique et un silence s'en suit. Ces tocards se retournent tous dans ma direction mais quand ils voient mon visage hostile et non chaleureux, ils comprennent qu'ils doivent à tout prix se barrer de ma maison.

Maintenant, à Kelly !

Ma mère tente de me retenir mais elle est aussi légère qu'une plume que c'est avec facilité je me dégage de son emprise. Soeur ou pas, je souhaite qu'une seule chose, c'est qu'elle crève ! Ce n'est pas possible qu'elle me cherche trop !

Je vois enfin ma sœur en bikini arriver et remarque que tous ses invités ont disparu. Elle fait une moue triste et dépose son verre de champagne près de la table basse.

— Mais où sont mes invités...

— Kelly, s'en est trop ! cris-je en pointant mon arme à feu dans sa direction.

Cette salope ouvre grands ses yeux, totalement effrayée et recule en entrant à l'intérieur de la maison.

— Sorcha, je...

— Nan, tu fermes ta gueule ! Cette blessure sur ton épaule ne te suffit pas comme avertissement ? Tu as peut-être besoin sentir la douleur lorsqu'une balle se loge dans tes muscles ?

Kelly recule toujours, ses yeux bleus toujours rivés sur mon glock dont je tiens fermement entre mes mains. Je tire une balle près de son oreille comme menace. Ma mère me supplie d'arrêter, en vain. Kelly perd son sang-froid et laisse paraître sa peur, et j'aime mieux. Désormais, elle a peur de moi, c'était une des choses que j'attendais.

— Sorcha, s'il-te-plaît, calme-toi, tente ma mère, les larmes aux yeux.

Je l'ignore et continue de m'avancer vers Kelly tel un félin qui va attaquer sa proie.

Je sens d'autres regards sur nous, je suppose que j'ai alerté le reste de la famille mais j'espère qu'elle ne va pas nous interrompre sinon je déverserai ma colère noire sur eux.

— Tu n'es qu'un parasite, Kelly, articulé-je froidement. Et tu sais ce que je fais avec les parasites ? Je les extermine. Je m'en fiche qu'on a le même sang ou pas, je n'hésiterai pas à appuyer sur la gâchette. Pour moi, tu n'es pas ma sœur et jamais tu feras partie de cette famille. Tu cherches à te démarquer ici, mais la seule chose que tu n'as pas compris c'est que, pour les autres, tu n'es qu'une migrante qui s'assoit sur mon héritage et je suis la seule fille de Samuel Hassan. Il a toujours eu une seule fille et c'est moi !

J'ai dit ces mots-là avec franchise et honnêteté. Elle essaie de prouver quoi, en faisant cela et en me tenant la tête ? En faisant cela, elle se ridiculise et use son temps. Elle se cherche à faire du mal et à mettre la zizanie dans cette famille. Dire que cette chose et moi partageons le même sang. Répugnant.

Ses lèvres se mettent à trembler, totalement apeurée et humiliée. Elle recule toujours jusqu'à butter une commode derrière elle. En faisant cela, elle fait tomber un cadre photo. Les bruits des éclats me perturbent et un flash me passe rapidement dans la tête.

La soirée lorsque je me suis battue avec le serpent.

Le flashs et les cris me hantent dans ma tête, ce qui me file une migraine.

Je tente de rester marbre et me concentre sur la photo que cette pouffe a encore fait tomber et c'est celui où je suis avec mon père. Cette photo à été prise quand j'avais quinze ans et je m'en rappel que ce jour-là, mon père a fait l'effort de passer la journée avec moi.

Déstabilisée, je quitte les lieux en sentant mes jambes vaciller.

Bordel, qu'est-ce qu'il se passe ?

Démunie de force, je me laisse tomber contre le sol avant qu'un bras musclé me serre la taille.

— Sorcha, qu...

— Bureau de mon père, vite, chuchoté-je faiblement à Ruben.

Contrat Entre MafieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant