Contrat Entre Mafieux

36- intuition

— Comment c'est Cuba ? demande la rousse en s'asseyant près de moi.

Je ne sais pas quelle drogue ai-je pris pour accepter de faire pote avec elle, mais honnêtement, c'est plutôt agréable. Siofra a beaucoup insisté pour que je lui téléphone avant qu'elle ne reparte en Égypte et Ruben m'a quand même assez saoulé à propos de ce sujet.

Et puis pourquoi pas ? Je suis ici pour quelques mois, cela m'empêche pas d'avoir une vie « normale » et de fréquenter des gens normaux.

J'observe la rousse, du moins, la fausse rousse manger sa gaufre. Ses racines blondes commencent à apparaître, et honnêtement ça fait un horrible mélange.

— Eh bien, il fait chaud. C'est le même décor qu'ici, dis-je vaguement.

Valentina rigole bêtement et je me contente de me lever du banc. Ça commence à me faire chier de rester assise sur ce bout de béton.

— Pourtant dans ton accent, ça se voit que tu n'as pas l'habitude de parler l'espagnol--

— Oui parce que je parle tout le temps l'ara....

Je m'arrête vivement et fais mine d'être victime d'une quinte de toux.

Meuf, ça va pas ? Tu allais lui balancer la moitié de ton identité !

Déjà que je lui raconté des bobards d'où je viens, de mon prénom, si je lui balançais que j'ai l'habitude de parler l'arabe, elle remarquerait qu'il y a un truc qui cloche.

Sous son regard azur, je lui fais un sourire.

— J'ai l'habitude de parler anglais chez moi. Mon père est américain et comprend que dalle à l'espagnol...

— Tu es très mystérieuse Estela---

— Estela, te voilà enfin ! s'exclame une voix grave.

Quelques secondes plus tard, la personne dépose un bras sur mes épaules et je me contente de pousser un soupir. Pas besoin de le deviner. La seule personne qui ose poser son bras sur moi, c'est Jimenez.

Valentina fixe d'un regard froid Ruben et se lève. Elle me fait un sourire crispé :

— J'ai oublié, mais je dois rejoindre ma sœur... à la supérette ! On se revoit plus tard !

Elle lance un dernier regard froid à Ruben avant de s'éclipser tandis que moi, je reste confuse de ce qu'il vient de se passer sous mes yeux il y a quelques instants.

C'était quoi ça ?

J'avais remarqué des tensions dans l'air. Valentina ne doit certainement pas aimer Ruben. Pourquoi ?

Je vais le savoir tout de suite.

Je dégage le bras lourd de Jimenez et hausse un sourcil.

— Tu la connais ?

— Tu es jalouse ? demande-t-il avec un sourire charmeur.

Accompagné d'un sourire faux, je lui montre mon troisième doigt. Pourquoi je serai jalouse ?

Il y a rien à être jalouse !

— En vrai, pourquoi Valentina te regardait comme ça ? reprends-je plus sérieusement.

Ruben hausse les épaules avec un air désintéressé.

— Je sais pas moi, je la connais même pas. Et c'est ça son prénom, Valentina ?

Je lève les yeux au ciel et prends le chemin pour aller chez les Jimenez, suivit de Ruben.

— Le tien n'est pas meilleur non plus, Ruben.