12- nouvelle arrivante

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Je voudrais ignorer ces pleurs de chiot, mais ma curiosité gagne et je pousse chaque porte des cabinets avec une telle violence avant de retrouver une jeune femme, assise sur la toilette, le visage plongé dans les mains.

Je tique avec ma langue et la femme relève son visage en pleur dans ma direction, quelques mèches de sa chevelure rousse sont collées sur ses joues.

— Ne faîtes pas... pas un... un compte, dit-elle en plusieurs hoquets.

Elle me fait rire.

Comment ne pas faire un compte alors que je l'entends chialer comme une putain d'ado ?

Je constate qu'il n'y a pas de papier de toilette dans son cabinet, je pars en chercher dans un autre. Je décroche carrément le rouleau avant de lui tendre.

Elle fronce les sourcils et prend le rouleau de P.Q en me remerciant.

— Je n'avais pas besoin autant...

— Qui sait ? Peut-être tu vas encore chialer sur le chemin de ta maison, proposé-je.

Je réussis à la faire rire.

Enfin bref.

Je pars vers les lavabos et tente d'enlever cette putain de tâche de coca sur mon débardeur mais que dalle. Je vais me trimballer dehors avec cette grosse tâche de merde !

Satanée serveuse...

— Tiens.

Je me tourne vers la rousse et celle-ci me tend sa veste. Pourquoi elle me donne ça ?

Je refuse gentiment mais elle insiste cette conne.

— Tu m'as apporté du papier, je te prête ma veste, ajoute-t-il avec un petit sourire.

Bon après tout, ce n'est qu'une veste...

Gênée, je la remercie et porte la veste sur moi et elle est assez large pour camoufler ma tâche.

— C'est la première fois que je te vois ici. Tu viens d'où ? me demande-t-elle.

Je soutiens son regard vert pendant quelques secondes.

— De Cuba. Mais je suis en vacances chez mon cousin qui vit ici, mens-je parfaitement.

Elle hoche la tête.

Mais curieuse comme je suis, je lui demande cash :

— Pourquoi tu pleurais comme une conne dans les chiottes ?

Elle morde ses lèvres et les larmes se forgent dans le coin de ses yeux.

Merde, j'ai été trop brutal avec mes mots... et cela ne changera pas. Quoi ? Depuis quand on pleure dans les toilettes d'un restaurant ?

C'est la première fois que je vois ça devant moi.

Étant donné qu'elle garde le silence, je tourne mes yeux et m'apprête à sortir des chiottes, mais je l'entends chuchoter :

— C'est l'anniversaire de la mort de ma mère.

Je reste sur place pendant quelques secondes et pinçant mes lèvres. Dos à elle, je lui lance dans une voix neutre :

— Bonne guérison.

Je la laisse en plan avant d'aller rejoindre les autres qui ont presque terminé de manger leur pizza. Quand j'arrive sur place, le sujet de la conversation tourne autour de ce satané serpent de mes deux.

Je croque un bout sur ma part de pizza, en repensant à la rouquine. Sérieusement, depuis quand on pleure pour la mort de l'anniversaire d'une morte ? Enfin, je comprends qu'on pleure pour une morte mais pour l'anniversaire de la mort d'une morte... mouais.

— Du coup, on fait quoi ? On va jamais réussir à battre le serpent, souffle Jayleen.

Ce serpent est vraiment malin. Cette femme nous laisse des indices, mais rien qui peut nous donner une vraie information en la concernant. Nous savons même pas son identité, rien du tout. Et c'est frustrant.

La soirée ne m'a rien rapporté spécialement. Ces deux femmes... oui les deux femmes qui faisaient des ragots dans les toilettes !

Voici une piste !

Je lève mon regard vers Jayleen.

— J'ai peut-être une piste. Lors de la soirée, deux femmes ont l'intention de se venger auprès du serpent. Cette connasse a volé les associés de leur mari.

— Donc, tu vas devenir leur pote et leur tirer les verres du nez, suppose Ruben avec un sourcil haussé.

Je tique avec ma langue.

— Non, pas moi, dis-je avec un petit sourire froid. Il nous faudrait une personne pour une infiltration chez un de ces anciens associés et je sais qui est la mieux placée pour cette mission.

Les trois cons s'échangent un regard confus et je termine ma pizza avec satisfaction. Je remarque la rouquine sortir enfin des toilettes. Elle me lance un petit sourire avant de quitter les lieux.

Et celle-là m'intrigue beaucoup...

*

Trois jours plus tard.

— Salut connasse !

Une grande silhouette qui n'est d'autre que Siofra, une de mes meilleures amies, saute dans mes bras, heureuse de me retrouver. Je partage le même sentiment, et la serre fortement dans mes bras.

Ça me fait tellement du bien au cœur de retrouver une de mes amies d'enfance. Durant mon petit séjour en Égypte, je n'ai pas eu le temps de lui rendre visite. Mon père était pressé de m'envoyer au Mexique.

Et au Mexique, je me sentais seule, voire je m'ennuyais.

Mais maintenant que j'ai une amie auprès de moi qui va m'aider pour cette mission me soulage beaucoup.

— Vraiment, on a tellement de chose à se dire. Pendant tes deux mois d'absence, il s'est passé beaucoup de chose !

Je me recule d'elle et lui lance un sourire.

— J'ai hâte d'écouter tes conneries, Siofra, mais avant de je dois te présenter... les autres, marmonné-je en roulant des yeux.

La jeune femme sourit, amusée.

— Ils sont tellement aigris ? me demande-t-elle en m'emboîtant le pas.

Je lui prends une de ses valises et nous sortons de l'aéroport.

— Pas aigri, mais chiant. Je me fais chier ici. Entre un con qui m'énerve du plus haut point et une conne qui me tape sur le système...

— Je suis là maintenant, me coupe-t-elle en passant son bras au-dessus de mes épaules. Je vais leur botter les fesses quand j'aurai l'occasion.

Nous arrivons devant la voiture de Ruben. Celui-ci nous voit et ouvre grand ses yeux quand il pose ses yeux sur Siofra.

Après Siofra est une très belle musulmane. Comment ne pas l'ignorer ? Siofra, comme moi a un teint un peu basané, le visage sans imperfection. Un turban cache ses cheveux décolorés depuis cet accident au Soudan. Un con lui jeté une merde sur ses cheveux, ce qui fait que ses cheveux ont pris une couleur assez étrange.

Même si je lui dis qu'elle reste toujours belle avec ses cheveux décolorés, elle a honte et elle a surtout peur des regards des autres.

— Jimenez, voici mon amie Siofra. Siofra, voici Jiminez, le gars qui a failli m'amputer la main, présenté-je rapidement.

Siofra me regarde avec des grands yeux et me dit en arabe avec un ton moqueur :

— Pas mal le mec ! Tente quelque chose avec lui.

Je roule des yeux. J'adore quand on me parle de ma vie amoureuse...

Je lui réponds, dans ma langue natale :

— Va chier.

Je me retourne vers Jimenez qui a suivi notre conversation sans comprendre.

— T'attends quoi ? On doit y aller chez les Rodriguez.

Contrat Entre MafieuxWhere stories live. Discover now