33- curiosité

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De retour au Mexique

Le grand frère de Jayleen fait une croix sur la carte représentant la ville de Monterrey. Il se retourne vers nous avec un grand sourire.

— La planque du Serpent est dans cet environ, annonce-t-il sûr de lui.

Je hausse un sourcil, perplexe.

— Et qu'est-ce qui te fais dire ça ? demandé-je, moqueuse. Elle est peut-être n'importe où en ce moment.

Il lève son doigt et nous montre d'autres clichés.

— De un, on a des espions . De deux, si j'étais une trafiquante de drogue hyper célèbre et riche sachant que j'aurai des gens qui souhaitent me pourrir la vie, alors je valoriserai d'aller vivre dans un endroit pauvre de la ville.

Nous restons silencieux.

Ce qu'il c'est de la pure et grosse merde ! Elle peut bien vivre dans un quartier riche mais avec une sécurité performante. Son truc ne tient pas du tout la route, je ne crois pas en ses mots.

— Écoute, Rodriguez, si tu veux faire cette mission suicide, vas-y mais cela sera sans moi, dis-je en me levant.

— Mais laisse-lui une chance au moins, intervient Jayleen. Si nous allons pas voir, nous ne saurons rien.

— Peut-être j'ai raison, rien nous le empêche, ajoute Timéo.

Mes yeux font des aller-retours entre eux et putain ! Comment leur ressemblance est frappante, hormis la couleur de leur iris. Ils sont très têtus, mais se ressemblent énormément.

– Bon, d'accord, cédé-je après réflexion. Mettez-moi en courant pour la date, mais je vous jure si votre truc part en couille, vous êtes morts.

Je leur lance un dernier regard menaçant avant de quitter le manoir des Rodriguez.

Je ne sens pas leur plan. On part littéralement dans la gueule du loup. Il faudra du monde, on ne peut pas y aller seulement à cinq ou à six. C'est de la pure folie !

Je commence à regretter d'avoir accepté leur folie ! Je pense que j'irai implorer mon Dieu pour qu'il me protège cette fois-ci pour cette mission.

– Hé Sorcha !  me hèle une personne.

Je n'ai pas besoin de retourner pour savoir à qui appartient cette voix dont je connais tant. Ruben arrive à mes côtés et je lui adresse un petit sourire avant de reprendre ma marche.

– Où vas-tu ?

– Manger un truc, je crève la dalle. Je ne veux pas aller chez toi et manger encore des pâtes, dis-je vivement avant qu'il ouvre sa bouche.

Ses parents sont nulles en cuisine et nous font que manger des pâtes ou encore de la salade. Seule la frangine de Ruben, la lapine rousse sait faire à manger, mais pétasse comme elle est, elle préfère nous laisser crever la dalle.

Qu'est-ce que je déteste cette fille ! Aucune notion de vie avec elle !

– Je viens avec toi à part si tu souhaites rester seule...

– Non, tu peux venir avec moi, lui dis-je sûre de moi.

Je commence à supporter sa présence et je ne voulais pas y aller tout seule au restaurant. Je ne connais pas assez cette ville, Ruben me sera d'une grande aide.

Nous arrivons au restaurant et nous passons vite fait nos commandes. Nous prenons place au fond du restaurant et attendons nos repas.

Je pince mes lèvres quand le silence persiste de plus en plus entre nous et je décide de me perdre sur mon téléphone. Mais quelques minutes plus tard, j'éteins mon cellulaire, déjà lassée et observe longuement Ruben qui regarde le contenu de son verre.

– Tu m'avais dit que tu avais un grand frère, lancé-je afin d'attirer son attention. Il vit au Mexique ?

De suite, il centre son attention sur moi et esquisse un petit sourire.

– Non, il ne vit plus au Mexique mais il y a quelques petites choses qui ont fait qu'il est parti vivre aux États-Unis avec sa famille, me répond-t-il.

Quelques petites choses ?

Il était obligé de partir du Mexique ou bien est-ce autre chose ?

— J'entends tes questions silencieuses depuis ici, rigole-t-il. Ça date, vraiment. Un petit con a foiré la vie de mon frère et de sa femme, ils ont perdus leur identité et ont décidé d'aller vivre aux States pour recommencer leur nouvelle vie.

— Mais ils viennent vous voir souvent, non ? insisté-je, curieuse.

Il prend son temps à siroter sa boisson en évitant mon regard. Donc, voici une des autres faiblesses de Ruben : son frère. Son frère lui manque, visiblement.

— Enfin bref, ils arrivent quand nos pizzas ? peste-t-il pour changer le sujet. Je reviens, je vais aller me renseigner.

Il s'en fuit comme un voleur et me laisse planter ici toute seule. Je pousse un soupir et observe le dos de Ruben, totalement perdue dans mes pensées.

Comment s'appelle son frère et sa femme ? Où vivent-ils ?

Ruben ne veut pas vraiment y parler et bizarrement cela m'intéresse. Je veux vraiment savoir ce qu'il s'est passé. Je sens que je vais jouer sur un terrain glissant, mais trop tard, il a attisé par curiosité.

— Hey !

Qui ose encore de me déranger ?!

Je lève ma tête vers la personne et...Éh ! Je connais cette rousse !

C'était la meuf qui chialait dans les chiottes d'un restaurant pour l'anniversaire de la mort de sa mère qui est morte !

— Je m'attendais pas du tout à te revoir ici, dit-elle, heureuse.

Je hoche la tête avec un sourire crispé et elle s'installe en face de moi.

Je balaye la pièce du regard, confuse. Qu'est-ce qu'elle fait ? C'est la place de Ruben !

— Tu sais, tu me sembles gentille. Ça te dis qu'on se voie un jour ? me demande-t-elle, excitée.

Mais moi, je ne veux pas la voir. Je ne la connais même pas, cette fille.

Qui sait ? Peut-être elle travaille pour le serpent...

Elle me tend un bout de papier.

— C'est mon numéro, tu m'appelles quand tu veux, je serai libre !

J'ouvre ma bouche pour la remballer mais elle s'en va aussi vite que l'éclair, me laissant dans une profonde confusion.

Ruben revient avec les plats.

— On dirait que tu t'es fait une amie ici, me taquine-t-il.

Je prends le morceau de papier, hésitante.

Je ne l'appellerai pas. Je n'ai jamais demandé qu'on soit pote.

Contrat Entre MafieuxWhere stories live. Discover now