Contrat Entre Mafieux

52-raviver la flamme

Je suis venue me réfugier dans le bureau de mon père afin d'être seule pour mieux réfléchir. Après tout ce qui est passé avec Ruben, je pense que j'ai besoin du temps pour avaler la pilule. Comme lui.

J'étais très sans cœur, hautaine, même si Sybella pense le contraire et remet en doute mon talent de comédien.

Mais ce n'est pas vraiment ça qui me préoccupe le plus, c'est tout ce que Ruben m'avait craché au visage. Il pensait ses mots, il est remonté contre moi et à cause de moi, il s'est séparé de sa famille.

Je me sens terriblement mal. Je sais ce que cela se fait quand on se sent rejeter.

Mais, il parlait avec honnêteté, et c'est ça qui me fait le plus mal. Je ne pensais pas ce que je lui disais, mais lui oui...

Bon sang, pourquoi il est revenu ici, ce crétin ?! J'ai pu l'oublié et nié mes sentiments mais le revoir a fait raviver mes souvenirs partagés avec lui.

La porte se ferme et Siofra se dirige vers moi avec une mine inquiète.

— Tu l'aimes encore, c'est ça ? Ne me mens pas, je peux lire en toi, m'avertit-elle.

Je garde mon silence et tripote un stylo qui passait par là.

— Sorcha...

— Occupe-toi de cette Natalya, dis-je vivement pour changer de sujet. On est presque au but, on aura le serpent.

Mon amie m'observe un court moment avant de hocher la tête, résignée. Elle sait que je ne veux pas parler de lui, je préfère être occupée par mon travail. Après tout, si j'ai fait tout cela c'est pour atteindre mon but.

Parler à Ruben a parmi aux autres de localiser Natalya et de la kidnapper sans que cet imbécile le sache. Car nous savons tous qu'il péterait un plomb s'il sait qu'on a touché à sa petite protégée.

Ce con n'est plus en contacte avec les Rodriguez et visiblement il n'est plus lui-même. Je l'ai changé en une chose qui me donne de la peine.

Bref, changeons de sujet.

— Sybella se charge de Natalya. Si tu veux l'interroger tu dois y aller chez la Ligue des Assassins, m'informe-t-elle. Ruben ne sait pas où se trouve la base. Mais tu sais... Il saura qu'on a kidnappé Natalya.

— Et il viendra me voir pour me buter, terminé-je gravement. Je vais le gérer, ne t'inquiète pas.

Quelqu'un entre dans le bureau et c'est Azrael. Ah oui ! Je lui avais demandé de venir me voir cette après-midi pour son nouveau travail.

Siofra se retourne et comprend que nous devons mettre fin à notre discussion. Elle me sourit et me lance avant de partir :

— En passant, dis au Mexicain de te rembourser une nouvelle paire de chaussure. Elle était magnifique.

Je me contente de lever les yeux au ciel et elle s'éclipse.

Mon demi-frère s'approche de moi, confus.

Maintenant à nous deux.

***

Elle rigole machiavéliquement et mes oreilles commencent à bourdonner. J'entends tel un écho les balles et cris siffler dans l'air et ma tête se met à tourner.

Le serpent me fait reculer et j'ai bien voulu me défendre mais j'ai cette impression que mon corps se dévide progressivement de ses forces.

Je suis si près du but... tellement près. Je.. je ne dois pas laisser filer cet occasion.

Avec le peu de force qu'il me reste, j'arrive à enlever le masque du Serpent, mais ma vision se fait trouble.

Je sens juste un coup puissant rencontrer mon thorax et me fait traverser la fenêtre avant que mon corps ressent brusquement l'impact du sol.

Je me réveille brusquement en reprenant mon souffle. Je me lève de mon lit, mais toujours étourdie de ce cauchemar dont je fais régulièrement, je me laisse tomber sur le matelas.

Encore ce foutu souvenir. L'élément clé de ce bordel mais, je m'en rappelle plus comment cette fille ressemble.

Je crois que le destin est contre moi. Ce souvenir est le plus important, mais il est trouble. Je m'en rappelle du bruit, de l'environnement, de la balle que je me suis prise et cette fille avec qui je me suis battue... Mais à quoi elle ressemblait ?

C'est le serpent bien sûr, mais je ne sais pas comment elle ressemble.

Après avoir repris mes esprits, je me lève carrément et pars récupérer les photos que le frère de Ruben m'avait donné, il y a maintenant un an.

Sur ces photos il y a Rosalyn et son frère qui sont tous souriants. La petite fille est blonde, mais aujourd'hui elle ne l'est plus. Si elle veut garder son identité, elle a sûrement changé de physique.

Je dépose les photos dans la boîte et jette un œil sur Félicia avant de me décider d'aller prendre l'air dans la cour intérieur.

Je me pose sur un des bancs en bois et observe la nuit étoilée tout en réfléchissant sur cette mission qui dure depuis un an. Il faut mettre fin et rapidement.

Déjà, pourquoi Natalya s'est rapprochée de Ruben ? Pour soutirer des informations ? Ou autre chose ?

Putain, pourquoi j'ai pensé à lui ? Depuis qu'il est revenu, je ne peux pas m'empêcher à penser à lui ! En plus, après tout ce qu'il m'a jeté en plein face, comment m'empêcher ?

Il dû le prendre avec sérieux mais c'était faux. Je ne pensais pas ce que je lui disais, pas du tout.

Je dois régler ce problème afin d'avoir l'esprit tranquille.

Je décide de me préparer et j'avertis ma mère toujours éveillée de garder un œil sur Félicia.

Une heure plus tard, je me trouve devant l'hôtel de Ruben. Comment je savais où il se situe ? Lors de notre dernière altercation, j'ai ordonné aux gardiens de déposer une puce dans la poche de Jimenez. Quoi ? Il faut que je garde tout de même un œil sur lui !

Ce fou est en Égypte et sachant désormais que sa mentalité a chuté à cause de moi, je ne veux pas qu'il arrive un drame dans mon pays. Je sais qu'il est capable de foutre une bombe dans une des pyramides et l'exploser.

Enfin bref, me voici devant sa porte de chambre d'hôtel. J'appréhende un peu et je m'apprête à faire retour arrière, mais non. Je dois le faire. Je lève mon poing mais la porte s'ouvre brusquement et je croise ce regard vert toujours aussi perturbant depuis que je les ai rencontré en Pologne.

- Oh mais qui voilà, s'exclame ironiquement. 

Je l'ignore et entre à l'intérieur de sa chambre sans son autorisation. 

Je me retourne et Ruben qui est déjà énervé.

- Dégage--

- Moi aussi je t'aime Ruben, mais parlons comme de vrais adultes, tu veux bien ?