19- effet surprise

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Le lendemain, je pars rejoindre les autres qui prennent sûrement le petit-déjeuner. Arisa m'arrête et m'emmène à part avec elle. Je hausse un sourcil et la Japonaise est visiblement inquiète.

— Tu n'as toujours pas retrouvé ta mère et ton frère ? me demande-t-elle.

Je secoue ma tête de droite à gauche.

— Écoute, normalement je n'ai pas le droit de te le dire, donc je préfère de te donner cela...

Elle me tend discrètement une enveloppe . Oula, elle commence à me faire peur. Sans attendre, j'ouvre l'enveloppe et sors plusieurs photographies. Je reste sans voix devant ces photos. C'est ma mère que je vois dessus, accompagnée d'hommes !

J'observe les autres photos ayant l'impression d'avoir le cœur sur le bout de ma langue. Aucun signe de mon frère, Sacha. Les photos semblent récentes et ma mère n'a toujours pas changé. Au contraire, elle se porte bien, toujours en talons hauts et en tailleur. Toujours habillée d'une manière chic. Visiblement, je ne lui manque pas. La revoir après des années me fait quelques choses de bizarre. Je suis perdue.

— Arisa... comment tu as eu...

— C'est un de mes collègues qui m'a envoyé ces clichées, je pensais que tu devrais le savoir. Par contre, ces photos datent depuis quelques années...Sa visite ici montre qu'elle est toujours proche avec Mao...

— Qu'est-ce que tu essaies de dire ? Que ma mère est complice avec le serpent ? m'emporté-je. Elle n'oserait pas me faire du mal, Arisa. Je sais qui est ma mère.

Je lui redonne les photos, ruminée. Peut-être ma mère déteste mon père, mais jamais elle oserait se tourner contre moi... je suis sa fille. Ma mère est tellement bienveillante, elle ne peut même pas blesser son ennemi. Alors, supposer qu'elle est alliée avec le Serpent, c'est impossible.

— Sorcha, je n'ai pas dit ça...

— Mais tu as sous-entendu, la coupé-je sèchement. Arisa, ma mère et Mao sont des amis proches et c'est normal qu'elle parte voir son ami, n'est-ce pas ? Et puis, dans mes souvenirs, elle n'a jamais voulu se mêler dans les affaires sales de mon père.

Arisa, soupire, résignée et hoche la tête. Je lui laisse en plan pour rejoindre les autres.

Je croise le regard vert forêt de Ruben et je détourne rapidement ma vue en faisant comme si je ne l'ai pas remarqué. Je m'installe à côté de Jayleen, ayant désormais mon appétit coupé.

— On part vers quelle heure ? me demande Hayden.

Je ne réponds pas, perdue dans mes pensées. N'empêche ces photos-là me repassent dans la tête et des soupçons commencent à naître. Je ne sais plus à qui croire.

Il y a trop de versions d'histoires, trop d'hypothèses et trop de personnes qui m'empêchent de bien réfléchir. Pour l'instant, je me fie juste aux informations à propos du serpent.

Quelques heures plus tard, il est temps de partir car la route risque d'être fatiguant.

Je zippe ma veste avant de prendre mon sac et je rejoins les autres. L'heure de partir a sonné et même si après notre petite querelle entre Arisa et moi m'a fait chier, ça m'énerve de la laisser ici.

— Bon où est la bagnole ? demande Jayleen en revenant de dehors.

Je hausse un sourcil.

— Qui a dit qu'on partira en voiture, au juste ? demandé-je en attirant tous les regards sur moi.

— Hein ? font-ils en même temps.

J'attire leur curiosité.

Je leur fais signe de me suivre et nous partons dans la salle d'arme.

— J'espère que vous avez fait votre stock d'arme les cons, parce qu'on a de la route, annoncé-je en posant une main sur le mur.

Les trois imbéciles s'échangent des regards et je me retourne vers une armoire avant de la décaler afin de dévoiler un écran encastré dans le mur. Je tape vite fait le code et comme par magie, le mur pivote sur lui-même pour laisser place à un chemin secret.

— Sorcha, on va...

L'effet surprise.

— Et ouais bichette, on va taper la route à pied, coupé-je Hayden.

Je vois déjà le désespoir se dessiner sur le visage de Ruben et je m'en fous. C'est le moyen le plus sûr de rester discret. Ce chemin est très peu utilisé, mais je l'ai pris pour me barrer du Japon sans que les Yazukas le sachent. Là, je dis bravo à mon père ! C'est grâce à lui qu'il y a ce chemin.

— Mais je vous rassure qu'on fera une pause à une des maisons de mon père, près d'une rizière, leur dis-je pour leur remonter le moral. Bon, c'est pas tout mais il faut qu'on parte.

C'est Jayleen qui lance la marche, suivit de son frère et son connard de petit-copain, Ruben. Arisa me lance un regard et je l'enlace vite fait.

— Prends soin de ces pauvres enfants, ils ne savent même pas qui sont réellement les Yazukas, me dit Arisa en me regardant droit dans les yeux.

Je me décale d'elle et prends une grande inspiration.

— Je vais réfléchir sur ta supposition, peut-être tu dis vrai, lui chuchoté-je difficilement. Fais attention à toi.

Elle me hoche la tête avec un petit sourire maternel et je décide de m'engouffrer dans ce chemin humide et puant de la merde.

Contrat Entre MafieuxDonde viven las historias. Descúbrelo ahora