Chapitre trente-cinq.

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Installé confortablement au centre d'un tronc d'arbre, je me blottis instinctivement dans la veste de Louis, lorsque la petite brise fraîche du matin vint s'abattre sur mon minois. C'est légèrement recourbé en boule, que je croisai fermement mes bras contre ma poitrine, frottant doucement les paumes de mes mains contre mes avant-bras dans le but de me réchauffer.

Mes iris verts fixaient mon interlocuteur à la chevelure châtain, qui était à cet instant, accroupis face à un cercle de pierre, qu'il a créé lui-même. Il a pris soin de placer des morceaux de bois sec au centre, pour créer un feu. À cet instant, la question de savoir si Louis a été scout enfant, me traversa l'esprit. Cette pensée, m'arracha malgré moi, un petit sourire, quand je l'imaginai en short et en chemise à manche courte, où plusieurs médailles du mérite seraient accrochées dessus.

Je ne pus m'empêcher de trouver cette pensée adorable.

Je penchai mon visage sur le côté pour pouvoir mieux observer ces faits et gestes.

Après avoir installé un nid de bois, Louis saisit une pierre entre son pouce et son index. Il a pris soin de placer une étoupe de coton entre son pouce et la pierre, sortant de la poche de son pantalon un petit mousqueton en métal, plaçant le dos face à la pierre. Il gratta cette dernière rapidement contre le métal, juste assez pour faire des étincelles et que le bout de l'étoupe s'enflamme tel une braise.

C'est complètement bouche bée par son action, que j'observai Louis diriger le bout de tissus vers le nid de bois. Il se pencha près du cercle de pierre pour doucement souffler dessus et ainsi déclencher une flamme. Au fur et à mesure, il ajouta des morceaux de bois de plus en plus gros, afin de l'alimenter.

Oh, seigneur Marie Joseph !

Jamais je n'aurais pu faire ça toute seule !

« Qu'est-ce que t'attends pour t'approcher ? » Il pivota son visage pour rencontrer le mien, me faisant signe d'un mouvement de la main pour que je m'approche du feu.

« Oh, e-euh.. »

Quel idiote !

Me sacrai-je mentalement en m'imaginant me cogner à plusieurs reprises la tête contre le mur. Je pinçai fermement ma lèvre et me levai de mon tronc d'arbre, pour emboîtai le pas à ces côtés. Mais avant même que je ne puisse prendre place, Louis me stoppa dans mon élan en me saisissant par le poignet, m'obligeant à prendre place entre ces jambes.

Très vite, le rouge me montait aux joues, quand finalement je décidai de ne pas riposter et de lui obéir. Je ravalai avec difficulté la bille qui venait de se coinçait à ma gorge, lorsque plus entreprenant que jamais, il passa ces bras fermes et robustes autour de ma taille, de sorte à mieux adosser mon dos contre son torse.

Je me raidis complètement dans son entreprise, frissonnante comme jamais, en sentant son nez glacé parcourir ma nuque. Je laissai malgré moi un petit soupir s'extirper d'entre mes lèvres, quand il fit rouler le bout contre la ligne de chair de mon épaule gauche, le déviant finalement au creux de mon cou pour inspirer profondément mon parfum.

« Aujourd'hui, c'est barbe à papa. » Mes pommettes ne pouvaient que d'autant plus s'enflammer face à cette réflexion pourtant si.... Innocente. « J'aime les barbes à papa. » Ajouta-t-il, son timbre aigu résonnant mélodieusement au creux de l'oreille.

« Lou.. Louis ? » Parvenais-je à prononcer en me tournant pour lui faire face et par la même occasion, obtenir toute son attention. « Nous n'avons pas fait tous ce chemin pour voir le lever du soleil, n'est-ce pas ? » Pour seule réponse, il se contenta d'enfouir une partie de son visage au creux de mon épaule. « C'est quoi la prochaine étape ? » Il leva un sourcil, interrogateur.

« La prochaine étape ? » Répéta-t-il bêtement et je roulai des yeux.

« Oui, la prochaine étape ! » M'exclamai-je comme si ce fut la chose la plus évidente au monde. « Où m'emmènes-tu ? Dîner ? En ville ? En.. » Il poussa un petit rire en secouant doucement son visage.

« Toutes ces choses que tu viens d'énumérer, je les aie déjà faites, Adriana. »

Et pour ne rien changer, il n'avait pas tort.

Bien qu'il ait manqué de tact en m'invitant à sortir la première fois, Louis m'avait quand même demandé de le rejoindre en ville. Je l'ai fait attendre un peu plus de trois heures, sous la pluie, jusqu'à le rendre malade.

La seconde fois, il m'a 'piégé' en ne me laissant pas le choix que d'accepter son offre. Louis savait pertinemment que j'étais qu'une élève moyenne, qui ne se donner jamais à cent pour-cent et cela quel que soit l'examen que j'ai pu passer dans ma vie. Il s'en est servi, a joué avec son intelligence, en me promettant de m'aider à l'avenir.

Et c'était ce qu'il a fait.

Louis tenait toujours ces promesses.

« En me forçant la main ! » Réussis-je tout de même à trouver comme excuse.

« Tu n'as jamais dit 'non' à ce que je sache. » Dit-il en calant le bout de son menton contre mon épaule.

« 'Ça' c'est parce que tu n'as jamais précisé quoi que ce soit ! » Me justifiai-je, de mauvaise foi de savoir qu'il avait raison, encore.

« Excuse-moi, mais la logique dit que lorsqu'un garçon te propose d'aller quelque part, on appelle ça un rendez-vous. » Je ne pus m'empêcher de rouler des yeux, à la vue de son petit sourire de satisfaction qui venait d'arquer le coin de sa lèvre.

Pourquoi faut-il toujours qu'il ait réponse à tous ?

À croire qu'il était programmé à réfuter toutes mes objections !

« Pas forcément, Lou... »

« Où est-ce que tu veux que je t'emmène ? »

Attendez une minute....

Quoi ?

Est-ce que j'ai bien entendu là ?

« Je te demande pardon ? » Je sentis ces doigts empoignaient son blouson, pour une meilleure emprise sur ma taille.

« Dis-le moi ! » S'exclama-t-il en essayant de chercher une quelconque réponse dans mon regard. « Parce que j'ai l'impression que tous que je fais ne te satisfait pas ! » J'observai progressivement son visage changer d'expression de neutre à désorienter. « Paris ? Tokyo ? Londres ? New-York !? » J'émis un petit sursaut de surprise, quand il insista sur les deux dernières syllabes de la dernière ville prononcée. « Je parie que t'es jamais sortie d'Albuquerque ! Ou encore.. »

« Louis, mais qu'est-ce qui te prend ? » M'écriai-je, choqué.

« C-c'est.. » Il souffla bruyamment pour m'indiquer son agacement, levant les yeux au ciel. « C'est juste que t'es difficile à cerner. » Il serra doucement l'étreinte de ces bras autour de ma taille, que j'ai franchement l'impression d'être un ours en peluche. « Et tu ne peux pas savoir à quel point c'est énervant pour moi de me retrouver dans de tel situa.. »

« Excuse-moi ? » Le coupai-je immédiatement. « Parce que ce n'est pas le cas pour moi, peut-être ? » Je fis valser dramatiquement mes mains en l'air avant de le pointer du doigt. « Et tu n'as pas intérêt à me donner comme réponse 'Laisse tomber, Adriana. Tu ne comprendras pas de toute manière !' car je peux t'assurer que je te vole tes clés de voiture et pars loin d'i.. »

Mais avant même que je puisse achever ma phrase, Louis écrasa brusquement ces lèvres gercées, par le froid, contre les miennes pour me faire taire. Je plaquai mes mains contre ces pectoraux, essayant de le repousser, pour pouvoir tout de même achever ma phrase. Mais, en vain, Louis m'en empêcha en bloquant mon crâne à l'aide de sa paume.

Vaincue, je fermai mes paupières et me laissai succomber par la force que sa bouche avait pour emprisonner chaque recoin de mes lèvres. Mes doigts ce sont agrippés fermement à l'étoffe de son pull, le tirant, voir le maltraitant, tandis que les siens, empoignaient ma chevelure blonde. Pendant que son pouce caressait dans un mouvement circulaire mon crâne, ma langue entra en contact avec la sienne, dans un ballet sensuel et délicat.

Le rythme de nos respirations devint alors en crescendo haletant, bruyant. Mon corps avait complètement fini par se retourner, pour faire face à son torse ferme et robuste. Même si mon coeur a longtemps appartenu à un être que je ne connaissais psychologiquement pas, il ne put s'empêcher de battre férocement à cet instant à chaque douce attention que Louis m'offrait.

Une petite décharge venait de presser dans un pincement cet organe, lorsqu'il entreprit de dénouer nos bouches, pour laisser librement parler ces pulsions. Un soupir de bien être s'extirpa d'entre mes lèvres, quand il traça lentement une ligne de baiser le long de mon oesophage. Complètement enchanté par ce geste, mon corps s'exprima de lui-même, en basculant ma tête en arrière, lui donnant ainsi un accès complet à mon cou.

« Louis.. » Murmurai-je faiblement, en tirant derechef sur son pull.

« Ne.. » Il déposa un doux baiser contre ma clavicule. « Redis.. » Un second, au creux de son épaule droit. « Plus.. » Un troisième, contre la base de mon cou. « Jamais.. » Pour terminer, contre ma mâchoire. « Ça. »

Donc, si j'ai bien compris, ce baiser voulait dire 'Ne pars pas !' ?

Oh Louis, pourquoi es-tu toujours aussi énigmatique ?

It's pure, it's you. (s l o w  u p d a t e)Onde histórias criam vida. Descubra agora