Chapitre 3 : Michael

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- Tu es sérieux ?

Karl me tend un arme dédiée normalement au paint-ball. J'ai passé toute la matinée à tirer sur ses cibles pour n'en toucher que quelques unes. Karl était fier de m'humilier, mais je pense qu'il a été surpris par ma précision. Maintenant c'est l'heure de la poursuite dans le labyrinthe.

- Comme ça on sent mieux lorsqu'on se fait toucher.

- Mais ça fait mal sans protections !

- Tu ne vas pas commencer à faire ton douillet.

Je pousse un long soupir tandis qu'il commence déjà à charger son énorme pistolet. Il me laisse de l'avance pour aller me cacher et je me poste le plus loin possible de l'entrée. Le sol est tapissé de moquette noire, pour que nos pas soient le moins audibles possible. De tous côtés, de hauts murs sombres se dressent, se resserrent ou forment des impasses.
Je cours à pas feutrés, je me cache parfois derrière de gros tonneaux de bois lorsque j'entends du bruit, puis je me relève, et je longe les murs, aux aguets. Je ne sais même pas où je suis.

Tout est silencieux. J'ai l'impression que l'on entend ma respiration à des kilomètres à la ronde. Je la coupe parfois pour être attentif au moindre bruit. Karl aussi est extrêmement doué pour la discrétion et les pièges. Je ne suis pas sûr de sortir vainqueur, mais je veux tenir le plus longtemps possible. Je me colle contre un mur froid et lisse et manie mon arme avec beaucoup de précaution. Tout est très sombre. Je ne vois pas ce qu'il y a à plus de six mètres devant moi. Les murs sont très hauts et très glissants. J'observe chaque recoin du nouvel environnement qui m'entoure pour ne pas me sentir perdu. Je déteste ce sentiment.

Karl est là, tout près, il me cherche. Nous n'avons pas la même idée. Il me traque, je l'attends. Il est de l'autre côté du mur noir. Si je surgis et que je tire, je risque de le manquer à cause de la précipitation. Mais si j'attends, c'est lui qui va me surprendre. Près de moi, il y a un tonneau. Si je me cache derrière et qu'il me tire dans le dos je me serais fait avoir d'une manière bien stupide. Mais j'ai une meilleure idée.

A pas de loup, je m'approche du tonneau, saute dessus dans un bruit sourd et regarde derrière le mur en surplombant l'ensemble du labyrinthe. Karl vient à peine de me voir et j'ai eu le temps de me positionner, alors je tire. Il est rapide, il esquive mon tir en laissant derrière lui une trace de peinture rouge et contourne le mur pour venir me rejoindre. Je ne saute pas à terre. Je fais un grand pas et monte sur le mur. Karl tente de me tirer dessus mais je saute de murs en murs pour lui échapper. Mon pied glisse, mon cœur fait un bond dans ma poitrine, mais je me stabilise au dernier moment, et ne finis pas le nez écrasé trois mètres plus bas. Lorsque je suis assez loin, je retombe par terre et le manège recommence. Mais cette fois les rôles sont inversés. Je le cherche, il se cache. Il risque de s'attendre à ce que je lui retire dessus par le haut, et c'est pour cela que je ne vais pas recommencer. Il ne prendrait pas le risque de monter sur les murs à son tour, il serait trop à découvert. Alors j'essaie d'accélérer le pas, toujours silencieusement pour le surprendre plus facilement. J'observe tout ce qu'il y a autour de moi. Le bout de son pistolet dépasse sur le côté d'un mur. Je vais lui tirer dessus en me mettant derrière lui. Je m'avance en ayant l'attention focalisée sur le bout de pistolet qui ne bouge pas d'un poil. Lorsque je surgis de l'autre côté et que je vois le pistolet abandonné, posé en suspension au dessus du sol sur deux tonneaux, je sais que je me suis fait berner.

Karl me saute sur le dos et je m'étale de tout mon long sur le sol glissant. La partie n'est pas encore finie, il n'a pas d'arme. Je me relève sans lâcher la mienne et le voit courir en direction de celle qu'il a positionné pour servir de leurre. Il bouge trop, je n'arriverai pas à l'atteindre, le mieux est de le mettre à terre pour éviter qu'il récupère son pistolet et lui tirer dessus à ce moment là. Je cours et me plaque contre lui pour le faire basculer en avant mais trop tard, il a saisi son arme. Il se retourne précipitamment pour me faire face même si il est allongé sur le dos et moi debout, et nous pointons chacun notre arme vers l'autre. Tirer en même temps ne rimerait à rien. Nous ne sommes que deux, il n'y a plus rien à faire, la partie est finie.

Karl se relève seul et s'esclaffe en me tapant dans le dos :

- Bien joué petit, tu n'as pas réussi à me battre, mais nous sommes à égalité.

La tension retombe d'un seul coup. Je prends ce genre d'exercice trop à cœur. J'ai l'impression d'être vraiment une cible et en même temps un assassin qui doit à tout prix maitriser sa proie. Mon rythme cardiaque s'accélère et j'entends ma respiration bourdonner dans mes oreilles. Mon esprit ne fait plus la différence entre jeu et réalité, et j'ai l'impression d'avoir un casque de réalité virtuelle qui me donne les images mais aussi les ressentis.

Je tape dans la main de mon camarade et il me permet de rentrer chez moi. Curtis continue de malmener ses élèves pendant des heures. Heureusement qu'il n'utilise pas de vraies balles, sinon nous serions à court au bout de quelques jours seulement. Des bruits de scie ou de marteaux me font comprendre que les ouvriers sont sûrement en train d'aménager une nouvelle salle, et lorsque je passe devant la porte vitrée de l'infirmerie, je crois apercevoir mon ami Manoé, mais il a l'air occupé.

Avant de prendre l'échelle qui me ramènera à la surface je lui lance :

- Et pour l'infiltration de l'île la mieux gardée du monde, je suis censé m'y prendre comment ?

- J'en sais rien, me répond Karl en haussant les épaules, tu fais en sortes de croiser une jolie petite dame riche que ce salaud aura invité chez lui et elle t'emmène sur son merveilleux petit yacht.

Je soupire en lui lançant un regard méprisant :

- Tu sais très bien que je ne suis pas doué en séduction.

- Tu dis à la petite dame de t'emmener ou alors tu lui feras sauter la cervelle en lui collant ton flingue sous le nez.

- Et après elle dira à tout le monde qu'une attaque se prépare certainement.

- Eh bien tu t'en débarrasse avant qu'elle ne parle.

Je frissonne. Karl prononce ces mots d'un air naturel comme si tuer des gens était comme boire son café le matin. Quelque chose d'habituel et insignifiant. Je tapote nerveusement la crosse du pistolet glissé dans ma ceinture et marmonne :

- Je n'aime pas non plus tuer des innocents.

- Alors fais comme tu veux, mais ne nous mets pas en danger juste parce que tu as voulu sauver une demoiselle.

J'hoche gravement la tête. Voilà ce qui ne le plaît pas chez les tireurs, ils finissent même par aimer la violence et le sang qui jaillit des blessures de leurs cibles. Moi je n'ai jamais aimé ça, mais j'ai peur de finir comme eux. Je saisis un barreau froid et glissant de mon échelle, lorsqu'un écho de voix m'interpelle :

- Et pour la moto ?

Octave arrive en courant et me regarde avec de grands yeux brillants.

- Lui il a du travail ! hurle Karl à mon ami qui se trouve de l'autre côté du fossé. Alors il n'aura pas de temps à t'accorder pour vos futilités !

Je m'esclaffe en voyant la mine éberluée d'Octave et lui fais un petit signe avant de disparaitre à la surface.

Coucou ! Je sais que pour l'instant je n'ai pas dévoilé grand chose sur l'intrigue de l'histoire, mais est ce que vous trouvez que je m'égare un peu ? Que mon histoire ne tient pas la route ? Vos conseils m'aideraient énormément, merci déjà à ceux qui vont me répondre ! ❤️
Bisous mes petits Padawans à la prochaine !

Double {Terminé} Donde viven las historias. Descúbrelo ahora