Chapitre 54 : Axelle

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     Michael est rentré, sain et sauf, en un seul morceau. Une semaine que je ne l'ai pas vu. Une semaine à me demander si je ne devrai pas commencer à me faire une raison, une semaine à attendre sans relâche devant cette porte, attendant qu'elle s'ouvre sur mon ami. Et voilà qu'il débarque, aujourd'hui, aux alentours de huit heures du matin. Je n'ai pas osé lui demander tout de suite ce qu'il s'était passé. Ce n'est que lorsque nous nous sommes assis sur la plage, que la discussion a commencé. J'ai parlé à Michael de ses amis, et il m'a apprit la terrible nouvelle. Octave est mort. Une dernière phrase lui a bloqué la gorge. « Il est mort pour me sauver ». Je l'ai à mon tour pris dans mes bras mais il n'a pas pleuré, sangloté ni crié. Il a surement déjà dû faire sortir toute sa tristesse et sa haine. C'est à ce moment là que je me suis rendue compte à quel point il a dû souffrir. Il m'a brièvement décrit l'enchainement des événements. De toute ma vie, jamais je n'aurai pensé que quelqu'un de mon entourage puisse subir tout ceci. Nous sommes restés blottis l'un contre l'autre assis dans le sable à regarder les enfants sauter dans les vagues, puis il m'a entrainé dans l'eau en poussant des exclamations de joie, mais j'ai bien vu qu'il se forçait à faire cela au début. La tristesse ne s'était pas totalement dissipée.

     Mais à présent, il saute et crie vraiment de joie en m'envoyant de l'eau et en plongeant dans les vagues énormes. Je me venge et lui bondit dessus pour le faire tomber. Nous tombons l'un sur l'autre dans la mer et nos regards se croisent, et ne se quittent plus. Des gouttes perlent sur les cils clairs de mon ami, nous sourions sans bouger, lorsqu'une vague nous passe par dessus la tête. Nous sortons de l'eau en ayant bu la tasse, je toussote et il rit aux éclats.

     Lorsque le soleil commence à disparaître à l'horizon, nous sortons, haletant et nous laissons les derniers rayons nous sécher avant de rentrer en courant pour ne pas dépasser l'heure du couvre-feu.

     Il court sous la douche sans me laisser le temps de protester, puis c'est mon tour. L'eau qui dégouline sur mon visage se mêle à mes larmes de joie. Michael est en vie, il a passé cette journée avec moi, et il ne me quittera plus jamais. J'essore mes cheveux dégoulinants, renouvelle le bandage qui m'entoure le ventre depuis la fois où je me suis reçu une balle dans le flanc et enroule une serviette autour de mon corps. Lorsque je sors de la salle de bain, je sursaute en voyant Michael planté devant moi. Je resserre mon étreinte sur ma main qui retient ma serviette mouillée lorsqu'il s'approche de moi. Il bloque une mèche rebelle de mes cheveux redevenus ondulés sous l'eau, derrière mon oreille et caresse mon bras nu. Je frissonne et il murmure :

     - Je t'aime.

     Je souris et balbutie :

     - Tu me promets qu'on restera toujours ensemble ?

     Il ne me répond pas, ce qui a pour don de m'inquiéter, mais balaie mes craintes en scellant nos lèvres d'un baiser doux, qui devient alors beaucoup plus passionné. Il passe ses mains dans mon dos tandis que je lui entoure le cou avec les miennes. La serviette tombe à mes pieds et le baiser dure encore de longs instants. Ses yeux se posent ensuite sur mon corps et il s'exclame, horrifié :

     - Qu'est ce que tu as ?

     Mon regard se pose sur mon ventre nu, et sur le bandage serré qui l'entoure.

     - Ce n'est rien, je me suis juste blessée en traversant la frontière l'autre fois.

     - Mais...tu as, tu es...

     Je soupire et l'attire vers moi en oubliant la douleur dans mon ventre :

     - Je vais bien, ce n'est pas une petite égratignure qui va venir nous embêter...

     Et sans lui laisser le temps de réfléchir à une réponse, j'attaque à nouveau ses lèvres tandis qu'il me colle contre lui, oubliant les blessures, les bandages et les saignements pour un instant. 

Double {Terminé} Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon