Chapitre 67 : Michael

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Nous sommes tous tapis derrière les branchages. Souvent à plat ventre ou accroupis. Nos tireurs se positionnent, rechargent leurs munitions ou préparent les bombes, tandis que Manoé, Axelle, Karl et moi, plus à l'écart, attendons que la voie soit dégagée. Le temps me parait si long... J'ai peur que nous nous fassions remarquer, et que tous nos plans échouent, et une question me vient alors à l'esprit. Est-ce que j'ai peur de mourir ? A cet instant précis, oui, j'ai peur. J'ai peur de la mort. J'ai peur de ne plus jamais revoir ni Axelle, ni ma famille ou le reste de mes amis. Cette attente devient lourde et pesante. Ces pensées tournent en boucle dans me tête, elles m'enserrent la poitrine et me donnent mal à la tête. C'est à ces moments que l'on se rend compte à quel point la vie est courte et précieuse. Et dire que si nous réussissons, nous l'ôterons à quelqu'un...

Je n'ai pas le temps de réagir, qu'on nous tire dessus, mais dans le dos. Axelle pousse un cri et me pousse sur le côté, je roule jusqu'à un petit fossé et me terre dedans. Je sors fébrilement mon arme et cherche nos ennemis dans la pénombre. Ils nous ont repérés et contournés pour nous prendre par surprise. Les salauds. Ils ont déjà eu un bon quart de nos snipeurs et continuent à tirer dans le tas. Je réussi à en abattre quelques uns, Axelle près de moi en touche beaucoup plus. Elle est concentrée et beaucoup plus précise. Des petits cailloux me transpercent le ventre par dessus ma combinaison et mes pieds glissent le long de la paroi boueuse de la tranchée. Mes coudes sont appuyés à la limite du fossé et je tiens mon arme très près de mon œil même si je n'arrive pas à distinguer les soldats dans l'obscurité.

Au bout d'un moment, un tireur près de moi lance une grenade sur nos assaillants pour mettre fin aux tueries, mais les survivants ripostent nous en envoyant une en retour. Ceux qui sont visés n'ont pas le temps de déguerpir, ils sont coincés dans ce fossé creusé en longueur et l'explosion me projette en arrière. J'atterris sur Axelle qui tousse, crache et s'emporte :

- C'est pas vrai, combien ils sont ces enfoirés ?

Je me relève avec difficulté et elle s'adresse aux deux hommes couchés à sa droite.

- J'ai deux grenades en ma possession, je vais en lancer une pour créer une faille parmi les soldats, c'est à ce moment là qu'il faudra courir, j'utiliserai l'autre pour faire exploser le portail.

Manoé et Karl acquiescent en même temps que moi et Axelle porte alors son regard sérieux vers les assaillants. Au moment où ils sont le plus entassés sur notre route, elle lance la grenade et se couche au fond de la tranchée en se bouchant les oreilles. Au moment de l'explosion, je reçois des débris de pierre et de terre dans la tête, et je reste sonné pendant un instant, jusqu'à ce qu'Axelle m'ordonne de me lever pour courir tout droit en direction du portail.

Certains gardes, dont le nombre a considérablement baissé, nous aperçoivent et tentent de nous abattre mais nous passons tous entre les balles jusqu'au niveau du grillage.

Nous couvrons tous les trois Axelle en tirant sur les gardes, accroupis. Elle lance sa deuxième grenade le plus loin de nous en direction de l'immense portail de fer et s'aplatit au sol. Deuxième détonation. J'ai l'impression d'être sourd. Une petite faille s'est formée et Karl décide de passer le premier. Il prend ses précautions et passe une jambe au travers, délicatement, puis son buste mais malheureusement, il touche un côté du grillage et pousse un hurlement de douleur. Il s'effondre de l'autre côté, le corps tremblant, prit de violentes convulsions.

- Karl !

Axelle se précipite vers lui et fait plus attention en passant au travers du grillage mais elle est beaucoup plus menue et agile, elle y arrive sans difficultés. Elle s'agenouille près de son corps désormais inerte, et je ne peux m'empêcher de ressentir un léger pincement au cœur. De la jalousie ? A cet instant ? Quelle idiotie. Je me déçois moi-même.

Moi et Manoé passons à notre tour et observons le valeureux Karl, étendu, à moitié conscient, sur le sol.

Manoé fait rapidement son travail. Il lui prend le pouls et vérifie bien d'autres choses encore et marmonne :

- Qu'est ce qu'ils ont foutu dans leur grillage ? Si c'est de l'électricité, je ne savais pas qu'une électrocution provoquait ses effets là.

- Qu'est ce qu'il a ? s'empresse de demander Axelle.

- Il va rester faible pendant un moment, mais il s'en remettra.

A ces mots, il passe le bras de Karl par dessus son épaule et le fait se relever. Il grimace et articule :

- Un petit effort, vous n'êtes pas très léger.

Double {Terminé} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant