Chapitre 78 : Axelle

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J'ai si chaud, je me sens bien. Le froid et le désespoir de tout à l'heure ont disparu. C'est une atmosphère si chaleureuse. Je n'aurais pas dû sauter dans le vide. Je me suis rendu compte trop tard que mon geste était égoïste. Je n'aurais pas dû abandonner Michael. Mais ça y est, la douleur est passée. J'ai assez souffert, la Mort me tend les bras, je n'ai plus qu'à m'y blottir et ne plus jamais rien ressentir. Je ne serai plus blessée, plus tourmentée, je serai juste, seule, dans le vide, sans rien autour de moi. Et je ne penserai plus à rien.

Je sens une pression dans mon dos. Je suis allongée sur quelque chose.  Pourquoi tant de lucidité ? Ne suis-je pas morte ? Cette pensée me réjouit-elle ? J'essaie d'esquisser un geste, mais je n'y parviens pas. Pas même un millimètre. Tout ce que je veux maintenant, c'est voir Michael. Ma seule raison de vivre.  Pourquoi suis-je allongée dans cet horrible lit d'hôpital ? Que m'est-il arrivé ? J'ai mal partout. Mes côtes doivent être brisées en mille morceaux, et on m'a enfoncé des tuyaux transparents un peu partout dans le corps.

Soulever mes paupières relève de l'insurmontable, ouvrir la bouche, de l'inimaginable.  Je sens néanmoins une présence juste à côté de moi. C'est Michael je le sais. Je fais un effort surhumain pour entrouvrir les yeux, mais la vision qui s'offre à moi me déçoit.

-         Enfin réveillée, commente le petit homme chauve à ma droite. Comment vous sentez vous ? ajoute-t-il devant ma mine décomposée.

-         Bien, réussis-je à articuler.

Il tient un petit carnet dans ses mains et l'inspecte de temps en temps, pour affirmer finalement :

-         Vous avez de la visite. 

Cette fois je sûre qu'il s'agit de Michael, ou alors peut être de Karl. Je me redresse du mieux que possible lorsque le médecin me laisse, et aperçois alors au fond de la pièce, Manoé assis lui aussi sur le rebord de son lit. Il a un bandage au bras et je lui souris amicalement. Il m'ignore et je fronce les sourcils au moment ou Michael pénètre dans l'infirmerie. 

-         Comment vas-tu ?

-         Plutôt bien, même si j'ai l'impression d'avoir la tête dans un étau.

Sa voix n'est pas très chaleureuse. Il a l'air contrarié. Il me regarde avec pitié et balbutie :

-         Et moralement ?

Je fronce les sourcils. La dernière mission me revient en tête difficilement. J'ai des bribes de souvenir très vagues :

-         Le fait d'avoir tué mon oncle ne m'impacte pas beaucoup.

Il paraît abasourdit. Trouve-t-il qu'il est vraiment mal de tuer un membre de sa famille, même si c'est un des pires dictateurs de la Terre ?

-         Il méritait de mourir, appuyé-je.

-         Axelle, tu es sûre que ça va ?

Me prendrait-il pour une folle ? Je ne comprends pas sa réaction.

-         Mais oui, comme d'habitude, après avoir accompli une mission ! Michael, dis moi clairement ce qui te tracasse.

Il semble hésiter, il choisit ses mots. J'en ai assez d'attendre alors je lance :

-         Comment va Karl ? Je ne l'ai toujours pas vu.

Michael me lance un regard absent et avale sa salive.

-         Attends-moi là, il faut que je parle au médecin qui t'a soignée.

Double {Terminé} Where stories live. Discover now