Chapitre 5 : Michael

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Notre monde est dévasté. Ils paraissent loin les temps où il y avait un gouvernement, une démocratie et un président élu. C'était en deux mille cinquante quatre. En moins d'un an, des coups d'états ont eu lieu dans chaque pays du monde, et un dictateur s'est installé au pouvoir. Ils s'étaient sûrement tous donnés le mot, et leur nombre n'a pas cessé de grandir, à tel point qu'ils ont séparé tous les pays en plusieurs petits états, chacun gouverné par un dictateur.

Des tensions ont commencé à se faire ressentir. Bien que tous se soient alliés pour orchestrer leurs coups d'états, une fois qu'ils furent tous à la tête d'un état, ou d'un pays, ils se mirent à s'envier les uns les autres, à se menacer, à construire des armes nucléaires en masse. Ils voulaient, disaient-ils, préserver la paix, mais leur seul et unique but à toujours été de régner sur une population et se sentir puissant, au dessus de tout.

Nous n'avons pas le droit de sortir de notre état, les rassemblements de plus de quarante personnes sont interdits, les libertés d'opinion et d'expression ont disparues, les opposants sont arrêtés et même parfois tués immédiatement. Il y a parfois un couvre feu à respecter, les habitants meurent de faim, sauf ceux qui sont riches ou qui ont des liens avec le dictateur. Des quartiers tombent en ruine et de plus en plus de personnes s'y rendent pour mendier ou construire des habitats avec des matériaux de récupération.

La France, est séparée en vingt-six états, comme vingt-six petites régions séparées par d'immenses murs, pour empêcher les autres d'entrer, et les habitants de sortir.

J'habitais dans les vieux quartiers avant d'être recruté, avec ma mère. Nous n'avions plus rien. Elle ne travaillait pas et mon père venait de mourir, assassiné. Il travaillait dans une usine d'armement militaire et a été surpris en train de saboter une bombe nucléaire destinée à menacer les autres états. Il a tenté de s'enfuir lorsque sa trahison a été découverte et on la retrouvé avec deux balles dans le dos. Mon père était un héros, et je voulais absolument me battre comme il s'était battu pour la justice et la paix, comme il disait.

Je devais avoir sept ou huit ans quand ils sont venus me voir. Je m'en souviens comme si c'était hier. Un homme du nom de Karl est entré dans notre petite cabane en tissu et m'a proposé quelque chose. Je me souviens de ses paroles exactes car elles se sont ancrées dans mon esprit au moment même où je les ai entendues :

- Comment tu t'appelles petit ?

- Je m'appelle Michael.

- Enchanté Michael, est ce que ça te dirait de gagner de l'argent pour aider ta mère à vivre plus confortablement ?

A cette époque, rien ne m'importait plus que de devenir riche. Je m'imaginais vivre dans une vraie maison avec ma mère à mes côtés qui me préparerait de bons petits plats dans sa grande cuisine. J'ai hoché la tête timidement et alors il m'a tout expliqué :

- Dans chaque continent du globe, un mouvement de résistance commence à se former. Il y a des braves gens qui quittent leur famille, pour rejoindre une organisation qui lutte contre la dictature. Ils veulent la création d'un monde meilleur, tu comprends ? Je ne vais pas y aller par quatre chemins, l'apprentissage pour entrer dans l'organisation est difficile, tu vas devoir faire des choix complexes, et même parfois commettre des actes violents. Notre but est d'exterminer tous les dictateurs de cette terre, et elle s'en portera mieux. Qu'en dis-tu Michael ?

A ce moment là, j'ai regardé ma mère pour chercher un peu de soutien, et elle m'a dit qu'elle respecterait ma décision puisqu'elle m'appartenait. Je n'ai pas hésité une minute, et j'ai accepté.

On m'a enlevé à ma mère, on m'a fait traverser des frontières, j'ai bien failli mourir ou être arrêté plusieurs fois, mais je connaissais les risques. Nous allions d'états en états mais je ne savais pas trop ce qu'il s'y passait car je restais avec les jeunes de mon âge au quartier général pour m'entraîner. Au bout des longues années d'apprentissage, les résultats de mes tests ont annoncé que j'étais fait pour être espion et tireur. Karl qui était très jeune à cette époque m'a demandé de choisir. Mon mentor qui m'a formé pendant des années m'inspirait plus que quiconque et semblait s'être tué à la tâche pour faire de moi un bon espion. Son apprentissage m'a beaucoup servi, et tireur ne m'inspirait pas, alors j'ai choisi l'autre.

Double {Terminé} Where stories live. Discover now