Chapitre 45 : Michael

43 9 11
                                    

Elle me pousse alors vers la sortie sans que j'aie pu ajouter quoi que ce soit. Je sursaute en entendant le robinet se fermer et des pas se rapprocher de nous alors j'accélère la cadence, passe la porte et la referme brusquement. Je prends un air détaché mais reste à proximité du battant pour entendre un maximum de choses. Je vois la poignée se baisser, puis remonter. Des bribes de conversation parviennent difficilement à mes oreilles :

- Vous tremblez, commence une voix d'homme très grave et solennelle.

- Oui je...je ne me sens pas très bien...je... réponds fébrilement la jeune femme que j'ai laissé à l'intérieur.

- Vous êtes pâle mademoiselle, que puis-je faire pour vous aider ?

Je n'entends pas de réponse, juste un bruit sourd qui me laisse sous-entendre que notre supérieure a fait semblant de s'écrouler. La poignée s'abaisse à nouveau et je décide qu'il est temps pour moi de m'éloigner. Lorsque je lance un furtif coup d'œil par-dessus mon épaule, je la vois sortir, soutenue par le tyran qui se dirige vers le bar. De nombreuses têtes se tournent vers eux et je fais alors un signe à Manoé qui se dirige lui aussi vers le bar pour entendre leur conversation.

Je m'adosse à nouveau contre un mur et balaie la pièce du regard. Les gens sont assis autour de tables richement décorées et recouvertes de nappes blanches, ils rient et bavardent sans se soucier vraiment de ce qu'il se trame autour d'eux. Certains se promènent parmi l'assemblée, saluant une connaissance ou allant rejoindre un ami. Des serveurs circulent avec des plateaux entre les invités qui se servent sans leur accorder un regard. Au fond de la salle, à la droite de l'ascenseur, se tient un grand escalier qui tourne légèrement sur lui-même et dont l'accès est interdit. Deux gardes sont postés devant et ne bougent pas d'un pouce. Les appartements privés du dictateur doivent certainement se trouver en haut. 

Mon regard se porte à nouveau sur les trois personnes assises au bar qui ont à présent disparues. Je fronce les sourcils et les cherche dans les moindres recoins de la pièce sans les apercevoir. Une main se pose alors sur mon épaule sans me laisser le temps de paniquer.

- Manoé c'est toi ! Où sont les autres ? Qu'as-tu entendu ?

Il affiche une mine enjouée et recoiffe ses cheveux bruns broussailleux.

- Tout a fonctionné. Il a emmené la chef dans ses appartement privés pour qu'elle puisse se « reposer » un instant.

J'hoche la tête sans lui rendre son sourire et me demande comment nous allons faire pour les rejoindre. Mais lorsque je tourne la tête en direction des escaliers, je m'aperçois que les deux gardes ont disparu. Je m'en étonne mais ne me pose pas plus de questions. C'est le moment idéal pour s'infiltrer chez le tyran. Nous faisons signe à Octave qui nous rejoint rapidement et nous nous dirigeons vers le fond de la salle. Après avoir jeté un dernier regard autour de nous, nous commençons l'ascension des marches d'un air détaché. Une fois en haut, nous apercevons deux couloirs perpendiculaires. Il n'y a personne dans le premier, en revanche, dans le second, devant l'avant dernière porte, se tiennent les deux gardes de l'escalier qui ont changé de place. Ils regardent le mur en face d'eux et Octave chuchote :

- Il a dû leur demander de surveiller sa chambre pour ne pas qu'ils soient dérangés.

Je soupire et cherche une solution. Il nous faut les éliminer, ou nous ne pourrons jamais tuer leur chef. Mais comment les approcher sans qu'ils ne nous remarquent dans cet étroit couloir en ligne droite ? Nous ne pouvons pas les abattre de loin avec nos pistolets cachés dans notre dos, ce serait trop bruyant. Mais soudain, une lumière vive illumine la salle puis disparaît instantanément, et est suivie par un grondement sonore. La pluie s'abat alors d'un seul coup sur les carreaux avec un martèlement bruyant. Il nous suffirait d'attendre le prochain coup de tonnerre pour tirer sur les soldats sans que personne n'entende rien. Je fais part de mon idée à mes camarades qui approuvent d'un signe de tête. Nous nous positionnons à l'angle du mur et sortons nos armes.

L'attente nous parait interminable et nous jetons régulièrement un regard dans le couloir pour s'assurer que les gardes ne viennent pas dans notre direction. Au bout d'un moment, alors que nous sommes tous tendus comme des arcs, Octave marmonne, exaspéré :

- Il n'y aura plus de coup de tonnerre...

A ces mots, un éclair nous ébloui à nouveau et il faut moins de deux secondes pour que le ciel gronde. Nous pointons nos armes, désemparés et tirons en un rien de temps. Il nous faut une balle chacun pour enfin voir les deux hommes s'écrouler, sans avoir pu esquisser le moindre mouvement.

Double {Terminé} Donde viven las historias. Descúbrelo ahora