Chapitre 51 : Michael

34 9 10
                                    

Je suis assis en dessous d'une fenêtre brisée. L'aube va bientôt pointer, je n'ai pas dormi de la nuit, mais je n'ai pas sommeil. La jeune femme que j'ai ramené à été conduite en urgence dans une pièce à part. Je suis alors remonté tout en haut de l'immeuble où j'ai trouvé très peu de personnes. J'entends quelqu'un monter les escaliers. Sa tête apparait dans l'embrasure de la porte à moitié défoncée et je reconnais alors Karl. Il vient s'assoir lourdement près de moi et soupire :

- Vous êtes les seuls survivants ?

Je secoue la tête en signe de négation et il me lance un regard interrogateur :

- Manoé a essayé de leur échapper, et il nous a permis de nous enfuir, elle et moi.

- Et Octave ?

Je secoue à nouveau tristement la tête et mon regard se perd dans le vide. Je renifle bruyamment et enfoui ma tête dans mes genoux repliés. Karl me tapote légèrement le dos et me conseille de rentrer chez moi. Je refuse et il s'éloigne en évitant d'insister. Revoir Axelle dans ces conditions ne m'enchante pas du tout. Je préfère rester ici pour attendre Manoé, prendre des nouvelles de notre chef et rentrer peut être ensuite. Ma tête bascule sur le côté, puis mon corps suit le mouvement et je m'écroule en me morfondant comme un enfant.

Octave est mort, je ne le reverrai plus jamais. Je n'entendrai plus son rire, sa voix ou ses blagues qui me faisaient toujours sourire. C'est la deuxième fois dans ma vie que je dois encaisser la perte d'un être cher. Mais la première fois, je ne savais pas exactement ce qu'était la mort. Il faut dire que j'étais très jeune lorsque mon père est mort. Aujourd'hui, je ressens un manque dans ma poitrine, comme si une part de moi-même m'avait été enlevée. Tous les bons moments que j'ai passés avec lui viennent de s'envoler subitement. Plus jamais, je ne serai avec lui. Jamais. Ce mot m'enserre la gorge et je me force à retenir mes larmes. Je n'ai pas envie de pleurer, et pourtant, j'ai mal, il faudrait que toute cette tristesse jaillisse pour enlever cette douleur insupportable qui me ronge depuis que j'ai vu le corps sans vie de mon ami. Alors j'ouvre lentement la bouche. Je respire calmement, puis plus rapidement, je finis par hurler, je me roule par terre, je pleure et je m'arrache les cheveux. J'ai l'impression que plus rien ne pourra m'arrêter et que je crierai encore et encore jusqu'à la mort. Mais autre chose vient apaiser mes tourments. Elle m'enveloppe, me calme et me fait taire. C'est le sommeil, qui m'aidera à réfléchir.

Double {Terminé} Where stories live. Discover now