Chapitre 60 : Axelle

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J'ai montré un signe de faiblesse devant Michael. Je suis persuadée que c'est ce qu'il recherche. Une faille en moi, un prétexte qu'il peut utiliser pour me contredire. Même si je lui ai raconté un moment de ma vie douloureux, ce n'est pas cela qui me fera changer d'avis, au contraire. Cette vieille histoire me ronge encore, mais la douleur que je ressens au niveau de la poitrine me persuade justement que mes décisions sont les bonnes. Je suis plus forte que ce que Michael croit. Il ne l'a pas encore comprit, il faut à tout prix que je lui montre, qu'il me prenne vraiment pour sa supérieure. Qu'il arrête de voir en moi une petite fille fragile et innocente. J'ai tué beaucoup de gens, mais ces actes provoquent en moi encore plus de faiblesse. Tuer devrait endurcir, mais au contraire, je deviens de plus en plus contrariée lorsque je me retrouve avec du sang sur les mains. Du sang que j'ai moi-même fait couler. Les images des cadavres me hantent, et ça, depuis ma première victime, qui était mon père, endormi paisiblement dans son lit. J'ai l'impression d'être une lâche. Ce mot tourne en boucle dans mon esprit, m'enserre les poumons, me contracte l'estomac. Et même lorsque j'essaie de me dire qu'il est aussi un meurtrier et un tyran, mon cerveau répète toujours en boucle et à chaque fois un peu plus fort : lâche, lâche, lâche, lâche, LACHE !

Je me prends la tête dans les mains en attendant que cette petite voix insupportable se taise enfin. Je suis seule dans la pièce, Michael et Karl sont partis. Je me recroqueville donc au sol en me frappant les tempes. La voix finit par se taire lorsque je suis enfin calmée. Elle disparaît, comme disparaît petit à petit une douleur due à une maladie qui revient sans cesse lorsqu'on y pense.

Je ne pleure pas, j'ai assez pleuré devant Michael. Toute cette comédie jouée devant lui finissait par me donner mal au crâne. Mais c'est enfin finit. Je ne sais pas s'il m'en veut, mais je vais tout faire pour que ce ne soit pas le cas. Mais nos idées sont complètements différentes. Comment nous entendre si nous pensons toujours que l'autre à tort ?

Le lendemain, je me rends à l'étage où Michael est séquestré pour remplacer celui qui le surveille depuis déjà toute une nuit. L'homme baille en me voyant arriver et me cède sa place, tout en descendant les marches par lesquelles je suis arrivée. Je m'assois en face de mon ami, le visage rayonnant.

- Bien dormi ?

- Je n'ai pas dormi, articule-t-il.

Je scrute attentivement son visage, mais n'y décèle aucune trace de fatigue. Michael est vraiment une machine.

- Qu'as-tu fait alors ?

- J'ai réfléchi.

Je hausse un sourcil et m'esclaffe faiblement avant de susurrer :

- La maison parait vide sans toi.

Je me blottis alors contre lui et serre son bras contre moi. Il reste impassible mais demande :

- Qu'est ce que tu fais ?

Je ne réponds pas et l'oblige à me regarder pour pouvoir l'embrasser. Il se laisse faire et je murmure :

- Je t'aime.

- Moi j'aime quelqu'un d'autre.

Je me détache de lui en faisant la moue. Michael est vraiment une tête de mule, mais je m'attendais à une telle réaction.

- Ah oui ? Qui est ce ?

- Elle s'appelle Axelle.

Le ton de Michael est neutre. Il n'y aucune pointe de tristesse ni d'énervement dans sa voix, ce qui est très déconcertant :

- Michael, tu vois bien que je n'ai pas changé. Mon apparence est la même, ainsi que mes sentiments pour toi...

- L'Axelle que j'aime n'existe pas, coupe-t-il.

Je soupire. Il essaie de jouer sur mes sentiments pour me brouiller. Je sais qu'il m'aime toujours lui aussi, et je compte bien lui faire avouer.

- Michael, te mentir pendant tout ce temps était indispensable.

- Ah oui pourquoi ?

Je m'apprête à répondre, mais je me rends compte aussitôt que je n'ai pas d'arguments plausibles. Michael gagne sur ce point là, mais je n'ai pas encore fini.

- On n'était pas bien, tous les deux ? Dans notre maison ?

- Quand tu jouais sans cesse la comédie ?

Cette fois, je n'y tiens plus et m'assois à califourchon sur ses jambes tendues devant lui. Il fixe un point au dessus de ma tête pour ne pas me regarder dans les yeux, et je lui attrape la tête en posant mes mains sur ses joues. Je sens son souffle sur mes lèvres et balbutie :

- Michael, je t'aime, c'est tout ce qui compte non ?

Je suis sincère, et Michael le remarque. Ses yeux se remplissent de tristesse et c'est lui qui avance son visage vers le mien pour m'embrasser une nouvelle fois.

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