Chapitre 28 : Axelle

45 12 21
                                    

Mes genoux frottent le sol rugueux et le buisson derrière lequel je me suis réfugiée me griffe les joues. Je contrôle ma respiration pour rester calme. Près de moi se tiennent des hommes armés prêts à se jeter dans le tas dès que je leur aurai donné le feu vert. Pourquoi agissons nous en pleine journée ? Pourquoi avons-nous fait ce choix stupide ? Je n'en ai aucune idée, je ne me souviens pas. Un immense mur en béton se dresse à quelques dizaines de mètres de nous. Un portail blindé fait office de passage entre les deux états côte à côte pour faire passer des chars militaires ou d'autres artilleries de ce genre. Ce n'est pas par là que nous allons passer. Chacun de nous est muni d'un grappin très solide qui nous permettra de franchir le mur lisse.

Des soldats très nombreux et très bien armés font des rondes sans relâche autour de cette porte pour que personne ne la franchisse sans autorisation. C'est pour cela que nous allons passer à l'opposée du portail. Les gardes sont beaucoup moins nombreux à cet endroit là. Il faudrait que toutes traces de notre passage ne soient découvertes que très tard. Pour cela, rien de plus simple que de détruire les caméras moins nombreuses de ce côté-ci et de tuer tous les soldats à proximité en faisant le moins de bruit possible. Tout ceci doit se faire en un temps record pour que nous ayons une chance.

Derrière moi se tient un jeune homme qui doit avoir à peu près mon âge et qui ne cesse de me fixer comme s'il voulait que son regard aille au delà de la surface de mon corps. Comme s'il voulait lire dans mon esprit. J'essaie de ne pas faire attention à ces yeux turquoise qui me troublent et aperçois ce qui semble être ses deux coéquipiers. Un beau jeune homme aux cheveux bruns et un regard déterminé et une frêle fille avec de longs cheveux roux emmêlés.

Je me concentre à nouveau sur la mission, attendant le moment propice pour y envoyer mes hommes. Les soldats ont l'air fatigué, déconcentré par la chaleur suffocante et laissent leurs armes accrochés à leurs ceintures, ne se préoccupant d'aucun potentiel danger. Les quelques caméras qui balaient négligemment le sol sont toutes tournées dans la direction opposée à la notre. C'est le moment. Ils sont tous prêts, moi aussi. Nous agrippons fermement nos armes et je fais un signe vers l'avant en levant ma main assez haut pour que tous puissent la voir. On ne peut plus reculer à présent.

Un énorme choc me réveille en sursaut. Je masse mon dos et ma tête endoloris et me redresse en m'appuyant sur le lit duquel je viens de tomber. Mon réveil affiche quatre heures passées et j'essaie de me remémorer les derniers événements. Ma main glisse le long de mon drap et frôle un morceau de papier. La lettre, la lettre de Michael. Je la prends brusquement dans mes mains et constate qu'elle est toute froissée.

Le sol froid a dû me réveiller quelques instants après que je me sois assoupie devant ma porte en pleurs. Je n'ai eu la force que de me traîner sur mon lit en serrant de toutes mes forces le message de Michael. Comme si c'était la seule chose qui me restait de lui. Comme un souvenir, un vestige. Je n'ai dormi que deux heures à peine, et j'ai rêvé. Encore un rêve étrange. Cette fois c'est sûr, j'ai vécu la journée de quelqu'un d'autre. Je n'étais pas l'actrice qui joue un rôle dans un film, j'étais le personnage même du film. Il y avait Michael, Octave et Anna. Je ne contrôlais rien. Ni mes gestes ni mes pensées. Seul mon corps était resté le même, mais un autre esprit en avait prit le contrôle.

Ce que je viens de voir, est ce donc ce qui attend Michael ? Je ne peux pas le laisser partir, je ne peux pas le laisser risquer sa vie. Je ne veux pas qu'il s'éloigne de moi. Je ferai tout pour rester à ses côtés, c'est décidé.

Double {Terminé} Where stories live. Discover now