Double {Terminé}

Chapitre 59 : Michael

     La voix de mon amie se perd. Elle croise mon regard puis détourne les yeux. Je n'avais jamais rien entendu d'aussi affreux. Je comprends à quel point elle a dû souffrir et avoir un tel désir de vengeance, mais une idée me traverse alors subitement l'esprit :

     - J'avais entendu une histoire semblable quand j'étais gamin, pendant une de mes premières missions en tant qu'espion. Deux hommes riches en parlaient dans la rue et je me suis caché pour les écouter. Ils relataient les derniers événements politiques que seuls eux pouvaient connaître. Un dictateur venait d'être froidement assassiné pendant son sommeil. Ils disaient que seul un membre de sa famille avait pu commettre le crime.

     - Et sais-tu qui a été accusé et condamné ? réplique sèchement la jeune femme en face de moi.

     - Une femme.

     - Ma nourrice.

     Je baisse les yeux et gratte nerveusement le sol avec mes pieds. Cette histoire est donc bel et bien vraie. Je n'imagine pas à quel point Axelle a dû souffrir. Il sera sans doute difficile de lui faire entendre raison. Un silence vraiment très pensant s'installe, mais heureusement, Karl le brise enfin :

     - Bon Michael, tout dépend de toi. On est obligés de te garder ici, on ne peut pas prendre le risque de te laisser vagabonder tranquillement dans la rue. Cependant, tu pourras réfléchir à ton choix final lorsque tu seras enfermé dans une salle sans rien faire.

     - Et si je décide de partir ?

     Karl soupire et lâche :

     - Ne sois pas stupide Michael, tu sais très bien que nous avons raison.

     Je croise les bras et peste en silence. Je pourrais me jeter sur eux mais ce ne serait pas très prudent. Ils sont appuyés contre un mur, je n'arriverais même pas à les faire tomber à la renverse. Et même si j'y parvenais, Karl est très réactif, il me rattraperait avant même que j'ai fait un pas hors de la pièce. Mon regard se pose alors sur Axelle qui semble réfléchir intensément en fixant le sol. Mon regard va de ses yeux à ses lèvres si belles et douces. Même si je m'y forçais, je n'arriverais jamais à me séparer d'elle. Mon amie à besoin d'aide, je le sais. Il faut que je lui fasse choisir le bon camp, car elle est trop contrariée pour y arriver seule.

     Alors que Karl m'entraine dans une pièce en dessous de celle où nous venons de discuter, je croise le regard d'Axelle. Le mien est compatissant, le sien est rempli de larmes. Elle déglutit pour les ravaler, et détourne son visage, rouge de honte.