Chapitre 74 : Axelle

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Il ouvre grand les bras et me serre contre lui. Ce geste pourtant habituellement affectueux est une torture pour moi. Celui que je prenais pour un sage. Le membre de ma famille que j'aimais le plus, le même qui m'a endoctriné toutes ces années pour que je devienne comme lui, comme eux. Celui qui m'a donné le goût de l'horreur et du sang, de la mort, de la violence et d'une justice totalitaire et inhumaine.

Il serre son étreinte de plus en plus. Mes poumons sont écrasés, j'étouffe. Il me relâche au bout d'un moment et je reprends ma respiration en aspirant de grandes bouffées d'oxygène.

- Il va falloir rattraper toute ces années, chère nièce. En commençant par te rendre tout ce que tu m'as fait !

A ces mots je relève la tête et il me cogne la tempe si fort avec son poing que mes genoux se dérobent et je m'écroule sur le sol. Du sang coule sur mon front. Je ne sais pas bien où je suis. Je me rends à peine compte que je suis allongée sur le sol ; les mains toujours liées dans le dos. La pièce m'apparait comme une tâche floue et les sons sont presque imperceptibles.

- Alors ça, c'est pour mon frère, ton propre père, que tu as assassiné lâchement pendant son sommeil.

Je sens un pied entrer violement en collision avec mon ventre. Je hurle et me tord de douleur sur le sol gelé. Mon estomac est compressé et un spasme parcourt mon corps endolori. Je verse quelques larmes silencieuses tellement la douleur est insupportable.

- Ensuite, c'est pour avoir tué tous les autres.

Les coups s'enchaînent, plus violents et plus rapides les uns que les autres. J'entends enfin Michael crier mon nom dans une plainte désespérée. Au bout d'une dizaine, mon oncle range son pied et je tousse comme une folle en crachant quelques gouttes de sang qui remontent d'un seul coup de mon œsophage. Le sol est tapissé de liquide rouge, et je sens que ce n'est que le début. Il confirme mes pensées :

- J'ai beaucoup d'autres raisons ma petite Axelle, prépare toi à en baver.

- Mais qu'est ce que vous voulez à la fin ? s'exclame soudainement Michael. Si vous voulez nous tuer, pourquoi ne pas le faire maintenant ?

Mon oncle dictateur daigne tourner la tête vers lui, un rictus amusé se dessine sur ses lèvres :

- Qu'est ce que je risque ? Vous allez me faire croire que vous avez encore des hommes valides qui attendent de pénétrer dans cette pièce ? Je prends mon temps pour fêter mes retrouvailles avec ma chère nièce. Et pour votre impertinence, jeune homme, je vais me faire un plaisir de répartir la douleur entre vous deux.

Il lance un regard au garde juste derrière Michael qui lui assène un violent coup dans la nuque, puis dans le dos tandis qu'il se recroqueville, et enfin dans son ventre lorsque ses genoux touchent le sol.

Je veux ouvrir la bouche pour protester, mais je suis immédiatement coupée par l'homme imposant qui me domine de toute sa hauteur :

- Où en étions-nous ? Ah oui, je suis extrêmement vexé que tu n'aies pas écouté oncle Gab quand tu étais petite. Ne t'avais-je pas appris à devenir la meilleure personne possible ? Tu pourrais régner sur un état entier, et au lieu de cela, tu es à la tête d'une de ces minables organisations en déclin qui s'amuse à jouer avec la vie de mes confrères ?

Aux mots « organisations » et « confrères », il m'envoie à nouveau deux coups de pieds bien placés dans l'estomac. La douleur est insoutenable. Le sang continue de couler à flot de ma bouche, et mon estomac doit être réduit à l'état de miette. Pourquoi ne suis-je toujours pas morte ? Je veux mourir, faite que quelqu'un m'achève au plus vite je vous en prie, j'en ai assez de vivre...

Il continue de parler et de me tuer à petit feu avec ses coups répétés dans mon ventre et quelques fois dans ma tête, mais je n'entends plus rien. Je suis au seuil de la mort je le sais, et je n'ai qu'une envie, que tout devienne noir.

Karl et Manoé sont morts, ils ne viendront pas nous aider. Michael sera le suivant, et moi j'assisterai à mon échec total avant de partir enfin de ce monde dévasté avec mes peines, mes larmes, et ma défaite cuisante.

Double {Terminé} Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora