Chapitre 32 : Axelle

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Michael a dormi toute la nuit sur le canapé pour me laisser le lit. Mon sommeil a néanmoins été très agité. Au moment où j'ai traversé la frontière, je ne me suis pas aperçue qu'il restait des gardes pour protéger les environs. La balle m'a manquée de peu, mais elle m'a quand même blessée au flanc gauche. Je me redresse avec difficulté. Sous mon bandage, la plaie n'a toujours pas cessé de saigner. Je vais me préparer un café avec la vieille cafetière que les anciens propriétaires ont laissée en me tenant fermement le ventre. Je pousse un gémissement de douleur lorsque je dois lever mon bras gauche pour attraper une tasse et je me recroqueville encore un peu plus.

Michael est parti très tôt. Il ne m'a pas révélé l'emplacement de leur nouveau quartier général, mais il m'a brièvement expliqué en quoi consistait son travail. Je sais beaucoup de choses de Michael, mais lui ne sait rien de moi. Il ne s'en rend pas compte, mais je suis un mystère ambulant. Je sais que sa mère vit dans le troisième état et qu'il l'a quittée il y a seize ans pour rejoindre l'organisation, mais lui, que sait-il de ma famille ? Je ne travaille pas dans un restaurant, je lui ai menti. Je fais un tout autre métier, il saura lequel quand le moment sera venu que la vérité éclate vraiment. En attendant, je veux profiter du fait qu'il ne sache rien de ma vraie personnalité. Nous sommes très heureux ainsi, et je redoute le moment où il découvrira qui je suis. M'aimera-t-il toujours ?

J'avale d'une traite ma tasse de café et la repose brutalement sur la plaque de cuisson. Je n'ai pris quasiment aucune affaire personnelle avant de partir. Il va falloir que j'aille faire des courses. Je fouille dans les affaires de Michael et prend quelques billets de la liasse qu'il cache au fond de son sac. J'ajoute l'argent au mien et part, satisfaite, en refermant la porte de notre appartement avec la clé que Michael m'a laissée.

J'ai l'impression d'avoir une montagne de chose à acheter. Je sais que je ne devrais prendre que l'essentiel, mais je suis une fille. Et comme la majorité des filles, je suis attirée par tous les magasins de la zone commerciale. Au milieu de la journée, je m'achète un sandwich à la boulangerie en sentant déjà le poids de mes achats me peser sur les bras.

Aux alentours de dix-sept heures, je suis vraiment surchargée de sacs et de boites, lorsque le haut parleur annonce que le magasin va bientôt fermer ses portes. Je me dirige vers la caisse lorsque quelque chose me dérange. Il n'est que dix-sept heures, et au dehors, je vois tous les autres commerces fermer leurs portes et éteindre toutes les lumières. Je donne mes achats à une jeune caissière qui les prend en main pour calculer leur prix total et je lui demande :

- Vous fermez à dix-sept heures ?

Elle lève les yeux vers moi et me toise durement :

- Bah oui.

Je hausse les sourcils. Elle m'a répondu comme si cela était évident. Je décide de ne plus faire attention à cette caissière hautaine et froide, et je vois celle à sa droite s'approcher :

- Oui nous pourrions fermer à seize heures, commence-t-elle, mais nous avons décidé de faire sortir les clients le plus tard possible, sinon, ils n'auraient jamais le temps de finir leurs achats.

La petite femme rondelette beaucoup plus souriante me plait un peu plus, mais je la trouve tout aussi bizarre. Fermer à seize heures...Quelle idée ! Je récupère mes habits tout neufs et me hâte de sortir. Tout est mort autour de moi. Il n'y a plus personne dans la zone commerciale et le soleil et encore haut dans le ciel. Je me dépêche d'aller déposer mes achats chez moi et ressors pour profiter un moment de la magnifique ville où nous avons atterrit.

Tout est fermé au centre-ville. Le peu de gens que je croise semblent pressés où s'enferment dans leurs maisons. Je me retrouve bientôt quasiment seule dans les grandes avenues de la ville.

Double {Terminé} Where stories live. Discover now