Chapitre 46 : Michael

40 8 11
                                    

Ma respiration est saccadée. Je déglutis, haletant, en réalisant que deux hommes sont encore morts ce soir. Manoé se lève d'un bond et me redresse par la même occasion en m'attrapant par le bras.

- Eh Mike, c'est pas le moment de rêver !

Je cligne des paupières et titube légèrement avant de me reprendre et de courir en direction de la chambre qui était gardée il y a quelques secondes par deux gardes. J'y colle mon oreille et prête attention au moindre bruit qui pourrait nous signaler que le dictateur est enfin mort.

- J'entends rien, murmuré-je.

Manoé s'accroupit près de moi et regarde par le trou de la serrure. Je le vois froncer, puis lever les sourcils et il se tourne ensuite vers nous en chuchotant :

- Ils sont tous les deux, et ça commence à devenir chaud !

Je frissonne et Octave soupire :

- Elle ne l'a toujours pas buté !

Il colle à son tour son œil contre la porte et reste un moment en commentant toute la scène :

- Qu'est ce qu'elle attend ? Il est collé à elle ! Elle n'a qu'à sortir son couteau et le lui enfoncer dans la gorge.

Il soupire une nouvelle fois tandis que Manoé monte la garde et que j'attends, assis par terre.

- Merde ! s'exclame alors Octave en se levant d'un bond.

Je n'ai même pas le temps de lui demander ce qui le préoccupe qu'un long cri strident résonne dans tous le bâtiment. Nous enfonçons la porte et découvrons, abasourdis, la scène qui s'offre à nous. La jeune femme est allongée sur un lit et brandi un couteau que le tyran, avachi sur elle, bloque avec ses deux mains. Leurs deux visages sont crispés à cause de l'effort et le couteau se rapproche dangereusement de la poitrine du dictateur. Celui-ci nous voit arriver et hurle un « au secours » qui aurait normalement dû nous inciter à l'aider, mais au lieu de cela, Octave sort un pistolet de sa ceinture et le pointe vers eux.

- Arrête tu vas alerter tout le monde ! m'exclamé-je.

- C'est trop tard de toute manière.

En effet, des bruits de pas précipités qui grimpent les escaliers parviennent à nos oreilles. Nos avons à peine le temps de réagir que le tyran arrache le couteau des mains de notre chef et s'apprête à le retourner contre elle. Son cri est comme un déclencheur pour Octave qui appuie immédiatement sur la détente. La tête du jeune homme est projetée sur le côté et il s'effondre dans un bruit sourd tandis que le couteau retombe juste à côté du corps de sa propriétaire. Celle-ci se redresse et cours en direction de la porte pour la fermer à double tour.

- Bloquez-la avec tout ce que vous pouvez trouver ! nous ordonne-t-elle.

Nous déplaçons alors, lit, armoire, bureau, ou chaises pour ralentir les soldats qui nous attendent déjà juste derrière celle-ci. Ils tambourinent, hurlent, donnent des coups de pieds, tirent mais la porte résiste. Pendant ce temps, la jeune femme qui a rajusté sa robe et remit ses chaussures rapidement, essaie d'ouvrir la fenêtre. Elle donne un grand coup d'épaule et elle s'ouvre avec fracas. Elle fait de grands signes en direction de la forêt, allume une lampe, et la fait clignoter pour prévenir nos soldats que nous sommes en mauvaise posture.

- On va sortir par là et nous rendre dans la pièce d'à côté pour...

Elle n'a pas le temps d'achever sa phrase car la porte vient de s'ouvrir soudainement. Des soldats rentrent par dizaines et constatent en un rien de temps que leur chef a été assassiné et que les meurtriers sont encore dans la pièce. Nous plongeons tous au sol en cherchant un abri pour ne pas se faire tuer et pour résister en attendant du renfort. Je renverse un meuble et nous nous cachons derrière avec Octave tandis que Manoé et la jeune femme trouve refuge derrière un canapé. Je fais dépasser ma tête et commence à tirer sur nos assaillants en en maquant peu. Octave se débrouille assez bien lui aussi, par contre Manoé et notre chef ont plus de mal. J'abats quelques soldats qui s'étaient dangereusement rapprochés de leur cachette mais Octave me lance soudain :

- Mike attention à droite !

Je baisse instinctivement la tête en entendant la balle qui m'était destinée s'écraser contre le mur derrière moi. La pièce n'est plus qu'un champ de bataille restreint dans lequel nous ne tiendrons plus très longtemps. Des coups de feux retentissent également en bas, nos soldats doivent être en train d'essayer de se frayer un passage jusqu'à nous. Au bout d'un moment, alors que tout espoir semble perdu pour nous, trois soldats s'écroulent en même temps sur le ventre après avoir reçu une balle dans le dos. La fusillade reprend de plus belle et j'entends à peine notre chef crier :

- C'est le moment de déguerpir ! Il ne nous reste plus beaucoup de munitions !

Double {Terminé} Where stories live. Discover now