Chapitre 26 : Michael

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Depuis des jours on m'annonçait que c'était peut être bientôt finit pour Anna, mais à chaque fois je n'imaginais pas que ce moment atroce allait arriver. Mais nous y sommes, à cet instant, je me prépare à l'éventualité que mon amie va peut être mourir. Octave trépigne aussi près de moi. Il gigote, donne des coups de pieds dans les murs du tunnel froid et résonnant, peste et soupire. Moi, j'attends les bras croisés, adossé à un mur, hésitant à aller rendre visite à Marine. Mais je dois rester près d'Octave qui compte le plus pour moi.

Nous n'échangeons pas un mot. Nous attendons, longuement, silencieusement, en regardant nos chaussures. Mes pensées vont et viennent sans avoir de sens jusqu'à ce qu'elles s'arrêtent sur Axelle. Je revois ses épaules dénudées lorsqu'elle m'a ouvert la porte de son appartement alors qu'elle venait de sortir de sa douche, son joli grain de beauté au dessus de la poitrine, son sourire chaleureux et ses yeux clairs. Je vais devoir la quitter. Je ne la reverrai plus jamais.

Lorsque les gars seront rentrés, nous partirons vers le huitième état, peut être que je mourrai, mais en tout cas, Axelle ne sera pas là. Je me laisse tomber sur le sol humide sans cesser de garder les yeux rivés sur mes baskets. Cette fille aura été le court moment de bonheur que j'aurai pu savourer dans cet état. Je laisse défiler le peu de souvenirs que j'ai d'elle dans ma tête, et songe que je devrai bientôt lui annoncer mon départ. Mais que lui dire ? Que je suis un terroriste qui va d'états en états et que je risque de me faire arrêter ou tuer lorsque je traverserai la frontière ? J'essaie d'imaginer sa réaction lorsque je lui dirai cela, mais une autre idée vient s'immiscer dans mon esprit. Pourquoi lui dire en face alors que je pourrais seulement lui écrire une lettre ? J'ai toujours été beaucoup plus doué à l'écrit qu'à l'oral. Mes sentiments pourront ainsi glisser tous seuls sur le papier sans que j'ai le moindre remord car lorsqu'elle la lira, je serai déjà loin.

- On aurait dû l'emmener à l'hôpital, dans un vrai hôpital, grommelle rageusement Octave.

Il me tire brutalement de mes réflexions et je soupire :

- Tu sais bien que c'est impossible.

- On s'en fou ! explose-t-il. Je préférerais passer le reste de ma vie en prison en sachant qu'Anna est en vie plutôt que de rester libre en attendant sa mort !

- Peut être qu'ils n'auraient même pas voulu la soigner à l'hôpital ! Nous serions tous alors allés en prison pour rien car des soldats l'auraient reconnue !

Octave, laissant échapper toute la fureur qu'il essayait de contenir jusqu'à présent, m'attrape par le col de mon vêtement et m'oblige à me dresser sur la pointe des pieds.

- Mais elle va mourir bon sang ! Il faut faire quelque chose !

Je repousse durement mon ami et souffle :

- Il y a des choses dans la vie qu'on ne peut pas réparer.

Il se laisse alors tomber sur le sol et se met à sangloter comme un gosse en plongeant sa tête dans ses genoux. Je le regarde, impuissant, et me demande comment je réagirais si on m'annonçait qu'Axelle était en train de mourir.

Double {Terminé} Where stories live. Discover now