Chapitre 50 : Michael

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Les roues de la grosse voiture tressautent sous les graviers. Les phares sont presque inutiles, car entre toutes les autres lumières des voitures et les innombrables lampadaires, nous nous repérons comme en plein jour. A peine avions nous démarré que l'hélicoptère atterrissait près de nous. Il y a un bon nombre de chance qu'ils poursuivent les invités pour tous les coincer car ils ont également dû apprendre que les meurtriers étaient déguisés.

Manoé appuie sans relâche sur l'accélérateur et il dépasse en un rien de temps la limite de vitesse. La jeune femme avachie près de moi s'est affaiblie et pose lourdement sa tête sur mon épaule. Je l'aide à appuyer sur sa plaie car elle semble ne plus en avoir la force.

- Tenez bon, nous sommes bientôt arrivés, lui murmuré-je.

A peine ai-je prononcé ces mots qu'une voiture nous rattrape soudainement dans la descente. Elle double rapidement les autres véhicules derrière nous et se rapproche dangereusement. Manoé soupire et grogne :

- Voilà ce qui arrive quand on laisse des témoins en vie. Ils nous dénoncent sans plus attendre.

Il n'y pas de doute à avoir sur l'identité des personnes qui nous talonnent. Ce sont les soldats qui étaient dans l'hélicoptère et qui ont été avertis par l'homme à qui nous avons volé la voiture. Je me mords la lèvre inférieure en voyant l'état de notre chef s'aggraver de plus en plus. Si nous nous lançons dans une course poursuite, il y a peu de chances pour qu'elle survive. Manoé l'a surement compris lui aussi car il s'exclame :

- Vous allez sauter de la voiture. Je ne peux pas prendre le risque de l'arrêter ou nous serons attrapés tout de suite. Je vais essayer de m'isoler dans un endroit sombre et à ce moment là vous déguerpissez d'accord ?

Je n'hésite pas une seule seconde à répondre. Si Octave m'avait proposé cette alternative, j'aurais refusé. Je n'aurai pas laissé mon meilleur ami risquer sa vie pour que je puisse sauver la mienne. Mais là c'est différent. Manoé est aussi quelqu'un de proche, mais je ne le considère plus vraiment en tant que tel. Octave n'aurait pas tué cette femme. Octave n'aurait pas été aussi froid et égoïste. Mais c'est lui qui est mort. Alors maintenant, si Manoé veut risquer sa vie, qu'il le fasse, je m'en fiche. Je ne peux pas le faire à sa place. Octave voulait que je vive alors je vivrai. Personne ne mérite de mourir. Mais à choisir, je préfère que cela soit Manoé et pas moi.

Je hoche rapidement la tête tandis que la voiture arrive au bas de la colline et se faufile un chemin à travers la campagne. Les lumières de la ville apparaissent rapidement et il nous faut juste traverser une voie rapide avant de voir le panneau qui indique que nous entrons dans la deuxième ville du huitième état. La voiture derrière nous semble être plus lourde et a donc du mal à nous rattraper. Je me retourne et observe nos poursuivants à travers la vitre à l'arrière. Je ne vois pas leurs visages dans la nuit, mais l'agitation semble être à son comble à l'intérieur. Je vois la fenêtre droite s'ouvrir et un soldat passer sa tête à l'extérieur. Nos regards se croisent pendant une fraction de secondes et c'est à ce moment là que je vois l'arme qu'il positionne devant son œil. Je n'ai même pas le temps de crier que trois balles font exploser la vitre arrière. La jeune femme tombe allongée sur la banquette et Manoé pousse un juron. D'autres balles fusent et le conducteur en essayant de se protéger, fait zigzaguer la voiture. Il lâche encore d'autres insultes en stabilisant de nouveau la voiture et en appuyant de toutes ses forces sur la pédale d'accélération.

J'ai l'impression d'être plaqué contre mon siège alors que Manoé fonce en ligne droite en direction de la ville. Aucune maison ne dégage de lumière. Tout le monde dort ou fait semblant, seuls quelques lampadaires nous aident à y voir plus clair. Manoé aperçoit une ruelle mal éclairée à quelques mètres devant nous et hurle :

- Il va falloir sauter !

Il tourne alors brusquement à droite et j'ouvre violement la portière. Nous avons perdu de la vitesse à cause du virage, c'est le moment de sauter ! J'attrape la jeune femme par la taille et nous plongeons sur le trottoir. Mes côtes se cognent violement sur le béton et ma respiration est coupée pendant quelques instants. Les phares de la voiture qui nous poursuit depuis un moment apparaissent, et nous devons nous cacher rapidement pour qu'ils pensent que nous sommes encore dans le véhicule. Je constate que la jeune femme a perdu connaissance, alors je la prends dans mes bras et je me colle contre la porte un peu enfoncée d'une maison. Nous sommes dans l'ombre, alors lorsque la voiture passe, personne ne nous remarque. Ils ont l'esprit focalisé sur Manoé qui essaie de les entrainer le plus loin possible et de les semer.

Je pousse un soupir de soulagement et me dirige, avec mon supérieur dans les bras, vers notre quartier général dans les vieux quartiers qui ne doivent plus être très loin à présent.

Double {Terminé} Where stories live. Discover now