Chapitre 65 : Axelle

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     Michael m'interpelle. Mes oreilles bourdonnent, le calme pesant me fait frissonner. Il n'y a plus de coups de feu, il n'y a que le silence, le silence mortel.

     Je tombe à genoux sur le sol tapissé de sang. Je tousse, crache tout l'air qui se trouve dans mes poumons. Je vomi aussi, le sang qui sort de ma bouche s'y mêle. J'essuie mes lèvres, elles sont couvertes du liquide rouge. Il continue de s'écouler abondement. Je n'en peux plus.

     - Axelle, il faut filer, maintenant !

     A quoi bon ? A quoi bon exister ? Si notre vie se résume à cela. Mourir de faim, dans l'oubli, ou mourir pour punition d'avoir tué ? Notre cause était juste. Je le pensais, j'en étais persuadée ! Mais à quoi cela sert-il ? A quoi bon ? A quoi bon...

     

     - Je t'en prie Axelle, réveille toi !

     J'ai la joue écrasée contre le sol. Michael continue de m'appeler. Il est comme une lanterne qui me guide à travers un tunnel obscur, et je suis sa voix, pour trouver la sortie, et pouvoir ouvrir les yeux.

     - Qu'est ce qu'il se passe ? demandé-je d'une voix faible.

     - Tu t'es évanouie pendant quelques secondes, mais les autres ont déjà filé ! Il faut y aller Axelle, immédiatement !

     Il m'attrape le bras et me force à me lever. Le paysage est toujours le même, rien n'a changé. Je suis toujours là, entourée de cadavres humains. Un en particulier attire mon attention. Son costume est imbibé de sang, et il gît, au sol, du sang coulant le long de sa tempe, les yeux écarquillés de terreur. Les deux cadavres près de lui, je ne peux les regarder. Ils sont morts par ma faute. Comment ai-je pu agir ainsi ? J'ai été aveuglée, je m'en veux, oh je m'en veux tellement ! Comment encore résister, s'il n'est plus là ?

     Michael me prend par la main et m'entraîne en courant à travers les corridors, dévalant les marches, explosant la porte d'un coup de pied, et nous retrouvons la fraîcheur de la nuit, qui laisse place à l'étouffement, et l'odeur du sang.

     - Monte vite.

     Michael me pousse dans une voiture et se place près de moi, tandis que Manoé appuie sur l'accélérateur et nous disparaissons dans la nuit.

     - La petite fille...articulé-je au bout d'un moment, ça aurait pu être moi...

     Michael se crispe :

     - Il fallait y penser avant ! Maintenant elle est morte ! Tu entends ? Morte ! C'est trop tard.

     Mes lèvres tremblent et j'éclate en sanglots :

     - Je n'en peux plus ! A quoi bon encore résister ? Ils ont gagné ! Tout le monde est mort ! Et on va tous mourir, ils auront eu ce qu'ils voulaient ! On est fichus Michael ! Tout cela pour rien ! A quoi bon vivre dans ce monde détruit ?

     Je suis hystérique. Manoé jette des coups d'œil inquiet dans le rétroviseur et Michael me lance des regards déconcertés. Je tremble, j'ai chaud, ma tête tourne, j'ai des nausées, jamais je ne me suis sentie aussi mal.

     - Axelle...commence mon ami.

     - Tais-toi ! Personne ne pourra jamais rien y faire tu entends ?

     Et à ces mots, j'ouvre la portière de la voiture vrombissante. Nous longeons une falaise. Les roues frôlent le bord et en bas, un ruisseau d'eau noire et angoissante s'écoule rapidement entre les rochers. Manoé appuie violement sur le frein, mais le véhicule est lancé, il va déjà trop vite. Michael tend sa main pour attraper mon vêtement tâché de sang, mais c'est trop tard, j'ai sauté dans le précipice.   

Double {Terminé} Where stories live. Discover now