Chapitre 6 : Michael

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Je gare le véhicule assez loin du port et m'approche à pas de loups vers un bateau vide qui semble attendre quelqu'un. Des soldats sont postés tout le long de la côte à un intervalle d'un demi-kilomètre et surveillent les allées et venues des bateaux pour s'assurer que personne ne quitte la ville par la mer. Je prends un air détaché, essaie de ne pas croiser leur regard et m'avance près du bateau. Un petit homme d'une quarantaine d'année est appuyé contre un réverbère et attend près de son embarcation. Je l'aborde d'un air innocent :

- Savez-vous où je peux trouver la banque la plus proche ?

Il me faut trouver une excuse pour pouvoir lui parler, je ne vais pas directement lui demander ce qu'il fait ici.

- Vous n'êtes pas du coin ?

Personne ne peut quitter un état, alors celui qui ne connait pas bien son environnement parait suspect, je trouve un alibi avec une rapidité phénoménale et lance :

- Une amie m'a donné rendez-vous à la banque la plus proche du port, mais je ne connais pas très bien ce quartier, je viens de l'autre bout de l'état, à l'Est, voyez, j'ai fait un long trajet avec ma moto.

Il ne faut pas trop donner d'explication non plus, je paraîtrais encore plus louche. Je sens déjà le regard lourd des soldats les plus proches dans mon dos et je prends un air assuré. Un espion se doit d'être discret et stratégique, alors je laisse ma fonction prendre le dessus sur ma vraie personnalité et poursuit la conversation :

- Vous longez la plage vers le sud pendant un ou deux kilomètres et vous verrez alors un marchand de glace. La banque est dans cette rue, marmonne l'homme barbu.

- Oh mais c'est tout proche. Et mon rendez-vous est dans plus d'une heure, j'ai tout mon temps.

Le marin grommelle et s'appuie à nouveau sur le lampadaire. Il ajuste sa casquette bleue et je me rapproche :

- Qu'attendez-vous ?

- Une femme. Elle est attendue là-bas dans une demi-heure environ, répond-t-il en désignant du doigt la minuscule île où réside notre dictateur.

- Elle doit être très riche.

- Ouais, elle paiera la traversée à un très bon prix.

- Bon et bien ce fut un plaisir, salué-je, mais je pense que je vais y aller.

Il marmonne un bref adieu et je remonte précipitamment sur mon scooter. J'ai un plan, mais il va falloir me dépêcher.

Je suis de retour au port en moins de vingt minutes et cache la moto dans une ruelle. Je suis rentré chez moi à toute vitesse et j'ai enfilé un costume très élégant. Sur le port, le marin n'est plus seul. Il est accompagné d'une charmante jeune femme avec qui il discute gaiement. Elle est vêtue d'une élégante robe rouge qui lui retombe sur les pieds et ses cheveux bruns sont relevés en un chignon parfait. C'est le moment que je choisis pour entrer en scène. Mon pistolet est toujours dans mon dos et le couteau dans ma manche gauche. J'ajuste le col de ma chemise blanche et avance d'un pas décidé vers le marin et sa voyageuse.

Ils me tournent le dos, j'ai l'effet de surprise. Je n'ai pas voulu prendre le marin en otage car cela aurait paru suspect, alors qu'avec la fille, je pourrais me balader librement dans la demeure du dictateur. Je prends un sourire naturel, avance à pas de loup, et dès que je suis tout proche d'eux, je passe mon bras dans le dos dénudé de la jeune femme et m'exclame :

- Daisy, qu'elle surprise !

Je la sens sursauter et elle s'apprête à dire quelque chose mais je ne lui laisse pas le temps. Je la prends dans mes bras tandis qu'elle se crispe et lui murmure à l'oreille :

Double {Terminé} Where stories live. Discover now