Chapitre 14 : Axelle

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Après une bonne vingtaine de minutes à tourner en rond au milieu des maisons en ruine, je m'arrête et soupire. Je ne retrouverai jamais Michael, je devrai encore attendre plusieurs jours avant de retenter ma mission d'espionnage. Alors que je m'apprête à faire demi-tour, je sens une main se poser lourdement sur son épaule. Je sursaute et me retourne précipitamment. Une fille est appuyée sur moi, elle a de fins cheveux roux, des paupières mi-closes mais ce qui attire le plus mon attention, c'est le sang qui a tâché tout son corps et sa main qui se tient le ventre d'où giclent des litres de liquide rouge. Je pousse un long hurlement qui ne passe pas inaperçu, car j'entends déjà des personnes se précipiter vers moi.
La jeune femme semble sur le point de s'évanouir. Elle s'agrippe à moi en marmonnant des paroles incompréhensibles tandis que j'essaie de me dégager de son emprise. Sous l'effet de la panique, je me mets à lui donner des coups malgré son état alarmant pour qu'elle me lâche et arrête de répandre son sang sur mes vêtements. Encore du sang. Toujours de la douleur et de la souffrance. Je n'en peux plus, tout ce qui m'arrive en ce moment est inimaginable. J'ai envie de rentrer chez moi et de ne plus jamais voir ce liquide poisseux de ma vie, mais la blessée me tient toujours par les épaules et je ne cesse de hurler pour que quelqu'un me vienne en aide.

Des larmes brouillent ma vision et je ne vois que de simples silhouettes qui emmènent la jeune femme loin de moi. Je cligne des yeux et peux apercevoir Michael sorti de nulle part qui se précipite vers le corps à présent inerte de celle qui me secouait par les épaules il y a quelques instants.

- Anna ! hurle-t-il en se penchant au dessus d'elle.

D'autres hommes me dépassent et s'agenouillent près de lui. J'ai l'impression d'être complètement invisible. J'observe la scène, apeurée, comme si je n'étais qu'un fantôme dont personne ne se préoccupe et Michael répète ses appels.

- Anna ! Merde, qu'est ce qui lui est arrivé ? Où est Antonin ? Il n'était pas censé l'accompagner ?

- On s'en fou ! répond un homme à sa droite avec de gros bras et des cheveux noirs, elle est en train de perdre tout son sang il faut l'emmener au près de nos infirmiers tout de suite !

- Soulevons-la délicatement, propose Michael qui parait vraiment angoissé.

- Non, toi tu restes là, ordonne l'homme à côté de lui d'un ton sec.

- Pourquoi ?

Ma présence est enfin remarquée car il fait un petit signe de tête vers moi à l'adresse de mon voisin. Celui-ci se lève avec un air grave et s'approche de moi. Mon premier réflexe est de reculer devant ce Michael recouvert de sang avec un visage rempli de haine et de chagrin. Il tend ses mains vers moi et balbutie :

- Axelle, je...je suis désolé...

Je cours alors me réfugier entre ses bras protecteurs sans plus réfléchir et éclate en sanglots :

- Qu'est ce qu'il se passe ? m'emporté-je, comment t'es tu blessé au bras ? Pourquoi es tu venu ici ? Qui est cette fille ? Qu'est ce qui lui est arrivé ? Qui sont tous ces gens avec toi ? Que...

- C'est compliqué d'accord ? dit-il en guise de réponse.

Il resserre son étreinte et essaie de me réconforter mais c'est trop, j'ai l'impression de vivre un horrible cauchemar. J'étouffe, mes sanglots reprennent de plus belle, et ma tête me fait souffrir. Nous nous asseyons sur un vieux banc et il s'explique du mieux qu'il peut :

- Calme-toi Axelle, calme-toi. Je comprends que tu sois bouleversée après ce que tu viens de voir mais...

- Pourquoi, pourquoi moi ? Qu'est ce qui ce passe en ce moment ? Je ne comprends plus rien...

- Anna est une amie à moi, je ne sais pas ce qui a bien pu lui arriver, mes amis s'occupent d'elle ne t'en fais pas, on va l'emmener à l'hôpital.

Sa voix tremble et je sais qu'il n'est pas sincère. Une idée me vient alors à l'esprit. Et si cette Anna était sa petite amie ? Une profonde déception s'empare de moi et je repousse Michael avec mes mains tremblantes.

- Viens, je vais te ramener chez toi.

Il me prend la main et m'entraine loin de l'immense flaque de sang à nos pieds et des immeubles délabrés qui me font penser à une sorte de cimetière. Je titube jusqu'à notre destination et m'écroule sur mon lit en priant Michael de me laisser seule. Il s'en va, frustré, tandis que je n'arrive pas à me consoler, roulée en boule sur mon lit qui prend bientôt lui aussi une teinte rouge.

Double {Terminé} Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt