Chapitre 68 : Michael

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Nous parcourons déjà l'immense champ d'herbe verte qui sépare le grillage de la demeure depuis de longues minutes. Derrière nous, les combats font un peu moins rage, et nous nous assurons à chaque pas que nous ne sommes pas suivis. Tout est étrangement calme à présent, et Axelle nous presse chaque seconde :

- Dépêchez vous, une alarme a dû se déclencher et ils sont sûrement en train de faire évacuer le bâtiment !

Manoé grogne et moi je me cale au pas pressé de mon amie.

- Si ça se trouve, on va se faire tirer dessus comme des lapins par des hélicoptères et sur ce terrain plat, on n'a aucun endroit pour se cacher.

Elle continue de rouspéter, et je lui demande alors :

- Tu t'inquiètes pour Karl ?

- Tu es jaloux ?

- Absolument pas.

- Tu ne sais pas mentir Michael, je m'inquiète parce que je te l'ai déjà dit, il est un membre clé de l'organisation. Je ne veux pas le perdre.

- Je comprends.

- Non tu es un crétin.

Elle détourne le regard et va rejoindre les deux hommes, trainant à l'arrière. Elle m'en veut, mais pour l'instant, je n'en ai que faire. Bientôt, nous réussissons à entrer dans le bâtiment en tuant les quelques gardes protégeant l'entrée, et nous arpentons les couloirs sombres et froids de la villa abandonnée.

- Où sont-ils tous passés ?

- Ils ont dû évacuer.

- Pourquoi ne les a-t-on pas vus ou entendus ?

Axelle soupire et met fin à notre débat :

- Ils n'auraient jamais eu le temps d'évacuer. Non, ils veulent nous faire croire qu'il n'y a personne, mais en fait ils sont tous tapis dans l'obscurité, prêt à nous liquider.

- Et notre cible, elle est passée où ?

- Cachée, là où il y aura le plus de gardes.

Je déglutis. Je ne vois pas comment nous allons y arriver sans nos soldats, seuls, dans ces longs couloirs obscurs. Le silence est pesant. Nous longeons les murs, Karl arrive à peine à marcher, je me demande comment il réussira à se défendre en cas de besoin. Mon cœur tambourine dans ma poitrine et me fait souffrir, jamais il n'avait provoqué un tintamarre aussi assourdissant. J'ai même besoin de m'appuyer contre le mur un instant, en faisant mine de le longer avec ma main, pour faire retomber mon angoisse grandissante qui m'empêche de marcher normalement. Axelle qui ouvre la marche s'arrête également :

- Je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas encore essayé de nous tuer.

- Peut être ont-ils vraiment eu le temps de filer ? tente Manoé toujours en train de soutenir Karl.

- Non, ils sont là...souffle notre chef en inspectant soucieusement le long corridor qui nous fait face.

Il semble avoir été spécialement aménagé pour une éventuelle attaque. Tout le long, se trouvent des petites ailes creusées pour qu'une personne puisse s'y abriter en cas de tirs dans le couloir. Je me rapproche de l'une d'elle, prêt à sauter dedans pour me cacher. Axelle semble plongée dans une profonde réflexion. Karl s'en lasse, se dégage de l'emprise de Manoé et s'avance à pas titubants en se tenant fermement le ventre. Une grimace de douleur se peint sur son visage lorsqu'il arrive à la hauteur de son supérieur et marmonne :

- Qu'est ce qu'on attend ? Ils sont surement plus loin, on tombera sur eux à un moment ou à un autre.

Elle ignore complètement sa remarque et murmure :

- Vous ne trouvez pas qu'il y a quelque chose d'anormal dans ce couloir ?

- Il semble être construit pour prévenir les attaques, il y a déjà ces ouvertures sur les côtés, et aussi...

L'évidence me frappe un peu trop tard.

- N'avancez pas !

Double {Terminé} Where stories live. Discover now