Chapitre 73 : Axelle

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Je marche à la manière d'un automate. Il a fallu attendre qu'il ne reste...plus rien...ni personne...pour que je prenne enfin conscience de mes actes. J'y songeais depuis longtemps en fait, mais je repoussais l'idée à chaque fois. Mais maintenant je vais mourir, et Michael aussi. Comme tous les autres. Tout le monde est condamné. Par ma faute, toujours ma faute. La mort sera enfin une libération. Je ne penserai plus à rien. Ni au malheur et aux morts que j'ai causés.

On me pousse violement en avant. Je me soumets, et me laisse manipuler comme une vulgaire poupée de porcelaine. Je ne suis pas si belle pour une poupée cependant. La boue et le sang recouvrent mon corps blême et maladif, qui aimerait d'une poupée aussi sanguinaire que moi ?

La porte s'ouvre dans un grand fracas. Derrière nous, tout signe d'une éventuelle bataille acharnée a disparu. J'espère qu'ils ont pu filer, je l'espère, mais je n'y crois pas. Ils sont morts, c'est la fin, comme nous, dans quelques minutes.

Les gongs s'entrechoquent, la lourde porte en métal coulisse et on nous pousse à l'intérieur de ce qui semble être les appartements du dictateur. Il est là, assis sur une chaise, devant son bureau. L'odeur qui remplit la pièce me titille les narines, comme un vieux parfum, un parfum du passé, plein de nostalgie. Mais j'ai peur, je tremble de peur devant cette homme imposant dont je ne vois que la partie gauche du corps. Je respire plus rapidement lorsqu'il plie le journal dans lequel il était plongé.

Il repousse sa chaise tout en se relevant, et pose son regard sur nous, et notamment sur moi. Je connais ce regard mesquin et sadique, mais à qui appartient-il ? Il fait mine de parcourir quelques lignes de son bout de papier et sourit :

-         Alors comme ça, on entre par effraction dans mon état. On tue la plupart de mes hommes, et ensuite, on a le culot de revenir sur mon territoire même, pour m'assassiner froidement, comme vous l'avez fait avec tous les autres ?

Il s'approche de moi avec son air menaçant et en même temps amusé ? Amusé de sa supériorité envers nous. Je veux reculer, m'éloigner de lui, mais c'est impossible. Il m'effraie, comme aucun dictateur ne m'a auparavant effrayé. Il n'est plus qu'à quelques centimètres. Ma colonne vertébrale heurte le canon que le garde pointe sur moi. Je suis piégée, j'ai peur, mais au moins je suis avec Michael. Nous échangeons un regard bref, lorsque notre bourreau reprend la parole :

-         Si vous êtes arrivés jusque là, c'est que tous mes autres confrères y sont restés n'est ce pas.  

En voyant ma mort certaine approcher, j'aurais pu lui faire une remarque cinglante, mais là, je me tais. Je n'en ai pas l'envie. Lui ainsi que tous ses semblables, ont gagné.

-         Tu as décidé de te taire sale garce ? Pourtant ce n'est pas dans ta nature, tu es une vraie pipelette d'habitude si je ne me trompe ?

Je déglutis. Il essaie de m'intimider. Je préfère rester digne plutôt que d'entrer dans son misérable jeu.

-         J'ai vu les caméras de surveillance, tous tes petits sujets sont en train de se faire massacrer, juste devant mon domaine. Qui va nettoyer tout ça après hein ?

Pourquoi me vise-t-il moi ? Je suis une femme c'est cela ? Je suis plus susceptible ?

-         Tu ne vas plus pouvoir jouer au petit chef Axelle.

Je ne peux pas m'empêcher de tressaillir. Combien d'autres choses sait-il sur moi ? Je sais à présent ce qu'a ressenti Michael lorsqu'il ne connaissait pas ma véritable identité et que je m'amusais à lui raconter en détail toutes les choses personnelles que je connaissais sans que lui le sache.

-         Comment me connaissez-vous ? lui craché-je à la figure.

-         Oh non, ne me dis pas que tu m'as oublié !

Il se penche pour me caresser la joue. J'ai un mouvement de recul, mais je ne peux faire plus, alors il finit de faire descendre le dos de sa main le long de ma joue sans que j'esquisse le moindre geste. Michael le toise avec une haine grandissante dans le regard. Nous sommes tous les deux impuissants, et je sais très bien qu'il déteste ce sentiment.

-         Il est vrai que je venais moins souvent après l'assassinat de ta misérable mère. Mon frère avait du sang sur les mains, du sang qu'il avait fait lui-même couler. Il n'était plus pareil qu'avant, après cela.

Mon corps cesse brusquement de fonctionner. Ma respiration est coupée, mes muscles se crispent, mes yeux sont exorbités et je manque de tourner de l'œil.

-         Oncle Gab est de retour !

Double {Terminé} Où les histoires vivent. Découvrez maintenant