Chapitre 33 : Axelle

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- Regarde, je t'ai même acheté une serviette de bain et une brosse à dents !

Je fais l'inventaire de tous les produits que j'ai ramenés dans notre appartement en voyant la mine de Michael se décomposer de plus en plus.

- Ne fais pas cette tête ! Regarde, elle ne te plait pas cette robe ?

Je prends le long habit noir très cintré à la taille et le positionne contre mon corps pour le montrer à Michael dont le visage s'illumine tout à coup :

- Elle est parfaite pour ce soir.

- Ce soir ? répété-je.

- Oui, on organise une fête dans notre nouveau quartier général pour célébrer notre victoire, tu n'as qu'à venir.

- Je suis invitée ?

- Non, mais je trouverai une excuse.

Je bondis de joie et cours jusqu'à la salle de bain pour essayer ma robe une nouvelle fois. Voilà bien des années que je n'ai pas participé à une fête. Je ressors quelques secondes plus tard, rayonnante et tourbillonnant dans ce vêtement si doux et si léger. Michael, qui a revêtu un tee-shirt neuf et un pantalon noir que je viens de lui acheter, m'admire longuement tandis que je rajuste le long décolleté qui descend jusqu'à mon ventre. Il s'avance vers moi et passe une main dans mon dos pour m'attirer contre lui.

- Tu es magnifique, souffle-t-il.

- Toi aussi tu es pas mal, balbutié-je, en ne sachant pas quoi faire de mes mains.

Ne pouvant plus soutenir son regard, je fais glisser mes yeux jusqu'au bouton de sa chemise défait. Je l'ajuste et il se laisse faire. J'ôte ensuite mes mains de son torse et je me rends compte qu'il a approché sa tête de la mienne. Je rougis tellement que j'ai l'impression que mon corps entier va prendre feu. Je relève lentement la tête et peux sentir son souffle sur mon front. Ses lèvres ne sont plus qu'à quelques centimètres lorsqu'une sonnerie nous fait sursauter. Il s'écarte délicatement de moi, et attrape son téléphone pour décrocher. Tandis qu'il répond à son interlocuteur, j'appuie ma tempe contre la vitre en regardant la rue déserte et les lampadaires scintillants. A quoi bon allumer la rue si personne ne sort ? Je soupire et dessine un cœur sur la fenêtre dans la buée que je viens de former.

Michael me rejoint quelques instants plus tard et me prend la main :

- Tu es prête ? Allons-y.

- Qui était-ce ? demandé-je en enfilant mes chaussures.

- Octave, il voulait savoir si je venais ce soir. Un appel sans aucune importance.

Je sais ce qu'il veut dire par là. Il aurait préféré rester avec moi plutôt que décrocher son téléphone. J'essaie de faire comme si je n'avais pas entendu sa dernière phrase et ouvre la porte :

- Il va falloir être discret. Qui sait, nos voisins pourraient peut être nous dénoncer.   

- Ne t'en fais pas, nous ne sommes pas très loin.

Nous descendons les marches à pas de loup en réalisant que nous avons de la chance que le sol soir recouvert de moquette bordeaux. Dans la rue mal éclairée, nous longeons les murs en regardant furtivement autour de nous, pour nous assurer que personne ne nous épie. Je frissonne avec ma robe sans manches et nous arrivons bientôt à l'entrée des vieux quartiers.

Je n'ai jamais vu un cimetière d'immeubles aussi immense. Michael m'avertit qu'il faudra marcher un moment avant d'en atteindre le centre, mais qu'au moins, nous sommes assurés de ne déranger personne. Nous nous remettons à marcher normalement et atteignons enfin un immense immeuble délabré d'où jaillit de la lumière, de la musique et des exclamations de joie. Nous nous hâtons de nous présenter à l'entrée, et l'homme qui contrôle les allées et venues des invités nous laisse passer après que Michael se soit présenté. Il ne pose aucune question sur moi ce qui me rassure, mais dès que nous mettons un pied à l'intérieur du bâtiment, nous sommes tout de suite abordés par l'homme aux cheveux noirs.

- Tu l'as carrément amenée à la fête !

- Oui, répond Michael en serrant doucement mon poignet.

Ils sont obligés de hausser le ton à cause de la musique qui résonne dans toute la pièce. D'un côté, les gens boivent, rigolent et trinquent, tandis que juste à droite, certains dansent avec entrain au rythme de la musique. Tout au fond, j'aperçois alors une frêle jeune fille couverte de bandages, assise sur une chaise qui discute gaiement avec les invités. Je m'éloigne précipitamment de Michael et accourt en direction d'Anna en esquivant les danseurs et les hommes déjà saouls. Je donne parfois quelques coups de coude pour pouvoir me frayer un chemin à travers la foule dense et arrive enfin à la hauteur de la jeune femme.

- Vous êtes Anna ? demandé-je.

- Oui c'est moi et vous qui êtes vous ?

Elle a un visage très pâle, des pansements parsèment sa peau blafarde et un énorme bandage lui enserre le ventre, par dessus sa robe verte. Ses fins cheveux roux sont attachés en tresses et elle me sourit gentiment :

- Je m'appelle Axelle, et je voulais savoir comment vous alliez.

- Oh oui ! Octave et Michael m'ont parlé de vous !

En entendant leurs noms, les deux intéressés s'avancent alors.

- C'est grâce à vous que je suis en vie aujourd'hui, poursuit-elle, je ne sais pas comment vous remercier.

- Non ce n'est rien, balbutié-je en secouant les mains.

- Oui c'est vrai je n'ai pas eu le temps de te remercier moi aussi, murmure Octave, et il me serre la main avec vigueur.

Je souris devant toute l'attention que l'on me porte et Michael me propose alors d'aller danser. J'accepte avec bon cœur et il m'entraîne au milieu de la foule qui saute, tourne et hurle.

Double {Terminé} Where stories live. Discover now