Chapitre 52 : Michael

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Ce matin, notre chef s'est éveillée et parait plutôt en forme. Elle doit cependant reprendre des forces et reste allongée sur une couverture étalée par terre. Manoé est rentré, épuisé, essoufflé et blessé. Je ne lui ai pas demandé comment il avait fait pour s'en sortir. Je n'en ai pas envie. Je regrette toutes les pensées affreuses que j'ai pu avoir hier sur lui, mais savoir qu'il est en vie ne m'enchante pas plus que cela. Il est en train de se reposer tandis que je veille sur la jeune femme.

Assis en tailleur, je fixe le sol en sentant son regard se poser sur moi. Elle se redresse sur les coudes et articule :

-          Encore une fois, je suis désolée pour votre ami... Octave c'est cela ? 

Je hoche gravement la tête et elle fait un gros effort pour s'assoir complètement et poser une main sur mon épaule.

-         Vous avez des amis ? Une famille ? lui demandé-je alors.

Elle fronce les sourcils, hésite, puis raconte en souriant légèrement :

-      J'avais un père, il est mort, une mère, elle est morte, j'aimais beaucoup ma nourrice, je ne sais pas ce qu'elle est devenue. Et vous je sais que votre père est mort il y a de cela de nombreuses années, cela a dû être très difficile.

-      Pas aussi difficile que maintenant, tranché-je.

Je n'aime pas que l'on parle de ma famille, surtout venant d'une femme que je connais à peine et qui m'a espionné sans que je le sache durant de très nombreuses années. Rester en sa présence devient maintenant insupportable et je lui dis :

-         Je pense que je vais rentrer chez moi.

-         Non restez s'il vous plait ! minaude-t-elle.

Je soupire et lui lance un regard noir. Elle le soutient et demande :

-           Allez me chercher Karl s'il vous plait. Je souhaite m'entretenir avec lui, après cela, vous pourrez peut être vous en aller.

Je me lève mécaniquement en me demandant si je ne devrais pas lui désobéir, histoire de l'ennuyer un peu. Malheureusement, Karl passe près de moi après avoir descendu les escaliers, entre dans la pièce où se trouve la jeune femme et celle-ci l'interpelle. Il se dirige vers elle et me demande de les laisser seuls. Je grogne, et grimpe les escaliers quatre à quatre. Je tombe lourdement sur le sol, à ma place, près de la fenêtre et tourne la tête pour observer le ciel. Axelle doit surement se morfondre en étant certaine que je suis mort. J'aimerais aller la rejoindre mais apparemment ce n'est pas possible. Je me renfrogne et grogne une nouvelle fois. L'attente est plutôt courte et je vois bientôt Karl passer sa tête dans l'embrasure de la porte après avoir gravi très lentement les marches grinçantes du vieil escalier délabré. Il s'assoit à nouveau près de moi et entame une discussion qui dure pendant des longues minutes. Je lui réponds en parlant de choses sans grand intérêt, jusqu'à ce que je demande :

-         Quand est ce que je vais pouvoir rentrer chez moi ?

-         Pas tout de suite, on discute bien là non ?

Je soupire. Karl est vraiment un très mauvais acteur. Je tourne la tête vers lui et raille :

-      Arrête, je sais très bien que tu essaies de gagner du temps et j'aimerais bien savoir pourquoi.

-         C'est vrai que c'est gonflant de faire ça ! explose-t-il. Notre gourde de chef me demande de t'occuper pour que tu restes ici le plus longtemps possible, mais  je suis pas ici pour faire la boniche moi !

Voir Karl s'énerver me fait sourire, mais il n'a toujours pas répondu à ma question :

-         Pourquoi veut-elle absolument que je reste ?

-         Elle a dit que si tu voulais en apprendre plus sur elle, il allait falloir que tu restes ici pendant encore un ou deux jours.

Cette réponse à laquelle je ne m'attendais pas du tout me fait écarquiller les yeux. J'oublie alors Axelle, ma maison et mon confort, car j'ai une terrible envie d'en apprendre plus sur cette mystérieuse femme. Le souhait de lui arracher son masque ne m'a pas quitté, et je brûle d'envie de savoir tout ce qu'elle cache en dessous. J'accepte sans rien ajouter et Karl s'éloigne satisfait, en grognant tout de même  et en boitant, sa jambe étant toujours douloureuse.

Double {Terminé} Where stories live. Discover now