Chapitre 69 : Michael

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Je crie l'ordre à Karl et Axelle au bon moment. Ils font tous deux un bon en arrière tandis que des tirs en provenance du sol fusent. Les plaques d'égouts à intervalle réguliers sur le sol s'animent, pourtant, aucun bruit d'eau qui s'écoule. Parce que ce ne sont pas de vrais égouts. Les soldats cachés en dessous ne cessent pas leurs tirs, mais nous sommes hors de portée, et les balles viennent s'écraser le plus souvent sur le plafond. Ils attendaient que nous marchions dessus pour nous avoir comme des lapins. L'intuition d'Axelle nous a sauvé la vie. Je me rends compte que je me suis couché sur elle, et je ne me redresse que lorsque les détonations cessent complètement. Elle reprend vite ses esprits elle aussi et hurle :

- Planquez-vous, ils vont ouvrir les trappes !

Je me terre alors dans une ouverture latérale et sors mon petit pistolet caché dans ma ceinture. Il nous est impossible d'atteindre nos assaillants. Ils n'ont sorti qu'une main, ou qu'une tête de la trappe, je n'arrive pas à en toucher un seul. Eux par contre, peuvent nous liquider à chaque fois que nous daignons jeter un coup d'œil devant nous. J'observe Axelle en face de moi qui semble être aussi abattue. Manoé, dans la trouée à sa gauche, tente de sortir son buste pour en atteindre un, mais une balle lui frôle la joue et il s'écrase au fond de son trou, la respiration saccadée. Karl m'interpelle faiblement, il est dans l'aile juste à ma gauche et je vois son bras sortir pour me tendre quelque chose. La grenade tombe dans ma main et je l'observe comme notre dernier espoir, notre unique moyen de survie. Je vois une balle traverser subitement la main de Karl, qui pousse un hurlement déchirant, mais couvert par le bruit des coups de feu. Le sang gicle et tombe devant moi tandis que Karl jure aussi fort qu'il le peut. Il commence à reprendre des forces, mais j'aurais plus de chances d'atteindre les soldats avec la grenade que lui pour l'instant. Je suis heureux qu'il me fasse confiance, alors pour ne pas le décevoir, je dégoupille l'arme et la jette le plus loin possible de mon groupe, pour qu'elle rebondisse sur la trappe entrouverte où sont tapis nos assaillants. Je me bouche les oreilles et ramène mes genoux contre ma poitrine pour me faire le plus petit possible. L'explosion fait trembler les murs et je vois des débris voler à travers le couloir sans atteindre aucun de nous, puisque nous sommes protégés par des murs latéraux bien solides.

- On court ! hurle alors Axelle.

Je me lève d'un bond et jette un regard en direction de Karl qui me toise avec un air de reconnaissance. Je souris et lui tend mon bras qu'il attrape fermement et je le tire en arrière pour le relever tandis que mes deux autres camarades passent en courant derrière moi. Nous faisons de même en évitant de trébucher sur les débris et survolant le trou béant qu'a créée la grenade dans le sol. Il ne reste plus aucun soldat, mais la prochaine trappe commence à s'ouvrir à quelques dizaines de mètres devant nous. Axelle abats les hommes dès qu'ils tentent de mettre le nez dehors, mais un grand nombre parvient quand même à s'extraire de la fosse, et à se planquer à son tour dans les trouées latérales pour nous liquider. Je m'apprête à bondir dans celle de gauche, lorsque je me rends compte que ce n'est pas une aile, mais un carrefour. Axelle me saute dessus pour éviter que je me fasse tuer et nous tombons l'un sur l'autre. Elle lève ensuite la tête pour faire face à ce nouveau corridor et s'exclame en direction de Karl et Manoé :

- On va par là ! Occupez vous d'eux !

- Ca marche ! crie Manoé.

- Ouais c'est ça, laissez nous crever.

Je fronce les sourcils devant la réponse de Karl, mais je sais pertinemment qu'il n'est pas sérieux. Axelle me prend la main, haletante, et nous courons à toute vitesse le long de ce nouveau corridor, laissant derrière nous nos deux camarades, luttant pour survivre face à tous ces soldats.

- Axelle, on ne devrait pas les laisser...

- On n'a pas le choix, on se concentre sur notre mission, c'est ça l'essentiel.

Je n'en peux plus de l'écouter raconter des idioties à longueurs de journées, alors je m'arrête complètement. Elle dérape à son tour et me regarde avec incompréhension, le visage blafard, et haletante.

- Qu'est ce que tu fais ?

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