𝐋𝐞 𝐩𝐚𝐜𝐭𝐞: 𝐓𝐞𝐚𝐜𝐡 𝐦𝐞, 𝐒𝐢𝐫

Chapitre 1: Nostalgie (1ère partie)

Cela faisait déjà presque deux ans. Deux ans que je cottoyais ces gens qui m'en avaient montré de toutes les couleurs. De la haine comme du dégoût, ils ne se cachaient pas pour me le cracher au visage.

Ma mère étant décédée, je fus obligée par mon géniteur de venir vivre avec lui et sa femme.
Je suppose qu'il se sentait coupable de nous avoir abandonnées ma mère et moi et qu'il voulait se racheter.
Après seize ans d'absence, ce n'est pas un peu trop tard non?

En quittant le Queens j'y avais laissé une partie de moi même. Ma maison y était, mon lycée y était, mes amis y étaient.

New york la ville qui ne dort jamais. J'adorais faire des virées nocturnes sans que ma mère ne le sache. Elle aurait fait une crise cardiaque la pauvre. Elle m'avait prise en flagrant délit une fois, elle avait passé des heures et des heures à me sermoner pour au final me dire " Tu sais, moi aussi j'ai été jeune". C'était une gentille femme douce et aimante.

Les larmes ruisselaient sur mes joues en y repensant. La douleur que j'avais ressentis lorsque le docteur m'avait annoncé que son cancer était en phase terminale était indescriptible. Ma mère était mon pilier, la raison pour laquelle je ne baissais pas les bras. Je me disais que si elle n'avait pas eu la vie qu'elle méritait c'était à cause de moi. Elle n'avait peut être pas accompli ses rêves de petite fille alors moi je le fairai pour elle, je fairai de grandes études pour nous sortir de cette situation précaire dans laquelle nous vivions.

Celui que je suis forcée d'appeler mon père avait abandonné ma mère quand elle était enceinte lui annonçant par la même occasion qu'il était marié. Elle n'avait que dix-huit ans et elle avait du quitter les bancs de l'école pour assumer ses responsabilités. La cruauté de ce monde est sans limites.
Ma mère adorait chanter et elle m'avait transmis sa passion pour la musique. Pour pouvoir trouver de quoi manger elle travaillait comme serveuse dans un bar et y chantait de temps en temps.
Son décès m'avait anéanti. C'était comme si une partie de ma personne avait été emportée avec elle.

Peu de temps après son décès j'eus appris qu'elle avait recontacté mon "père " pour le supplier de me prendre en charge.

De la cuisine au salon chaque pièces de cette maudite maison me rappelait mon passé.
Je me souviens encore de la pâtisserie de Mme Brooks, ses tartelettes étaient un véritable délice.
Avec ma meilleure amie Blaire, nous y allions tous les jours pour pouvoir y goûter. Blaire était ma soeur de coeur, elle était toujours là pour moi et moi pour elle. Nous partagions peines et chagrins. Quand nous nous sommes rencontrées en maternelle elle était toujours dans son coin. Les autres enfants se moquaient d'elle à cause de sa couleur de cheveux. Depuis ce jour où je l'avais défendue nous étions devenues inséparables.

Chaque fois que je regardais l'océan je pensais à elle. Elle adorait nager.
Nous passions le plus clair de notre temps sur la plage, le bruit des vagues m'apaisait. Je chantais et elle faisait office de public. Elle ne voulait pas chanter, elle disait que sa voix était horrible.

Flashback

Assise sur le sable face à la mer, ma meilleure amie arborait un sourire niais. Ses cheveux blonds vénitien flottaient au gré du vent et ses yeux étincelaient comme deux diamants bleus.

—   Ivy?

—   Humm ?

—   Tu pourrais me chanter Hold on s'il te plait ?

—   Je ne crois pas que ça soit une bonne idée de se remémorer de mauvais souvenirs.

—   S'il te plait je l'aurai bien fait mais tu sais que je chante comme une casserole, finit-elle par dire.

Elle n'avait pas tort.

—   Bon d'accord.

Hold on était une chanson qui lui rappelait le suicide de son petit ami. Ça a dû être traumatisant pour elle de trouver le garçon qu'elle aimait pendu. Peu après ce malheureux événement, elle faisait des cauchemars et ne dormait presque plus. Mais depuis que ses parents lui avaient pris rendez vous chez un psychologue elle semblait aller beaucoup mieux, et la vie reprenait son court.

Je commençais à gratter les cordes de ma guitare et à chanter. Blaire ferma les yeux, elle semblait ne faire plus qu'un avec la musique. Des larmes ruisselaient sur ses joues.

Quand j'eus finis elle avait l'air pensive. Nous nous étreignîmes.

—   Promets moi de ne jamais m'abandonner.

—   Je te le promets si tu me promets de ne plus manger les tartelettes toute seule.

Fin du flashback

Je n'avais finalement pas pu tenir ma promesse. Elle était dévastée à l'annonce de mon départ. Malgré son chagrin elle avait tenu à m'organiser la meilleure fête d'adieux et je m'en souviendrai toute ma vie.