With him

♡ C H A P I T R E. 1 ♡

— Pas ça... pitié !  Je vous en prie, arrêtez..., je gémis dans un soupir douloureux.

Ce sont deux petites mains qui me réveillent en sursaut. Je continue pourtant de pleurer, ne réalisant pas que quelqu'un vient de me tirer de ce cauchemar qui m'a tétanisé pendant des heures.

— Lily !  Ma puce, tout va bien, regarde-moi, tu n'as rien à craindre, tu es en sécurité, c'est Mamie.

Ma grand-mère me prend dans ses bras et me caresse d'une main douce les cheveux.
Des larmes ruissellent sur mon visage humide, des gouttes de sueur perlent sur mon front. Encore un de ces horribles cauchemars, ils me hantent et font de ma vie un enfer. Ce ne sont pas de simples mauvais rêves dont vous espérez vous débarrasser à jamais, non, ce sont des rêves qui remettent tout en question, qui vous font vous demander si vous ne devriez pas mettre fin à vos jours. Et ces cauchemars, ils ne relatent pas seulement des évènements traumatisants que j'ai vécu dans mon enfance mais ils les empirent, ajoutant certains détails qui ne les rendent que plus terrifiants.
Je me sens si fatiguée de chaque nuit avoir peur de revivre encore et encore ces moments de mon passé.
Mamie à l'air si inquiète que je me demande si elle ne va pas elle-même fondre en larmes.
Elle me regarde, les yeux emplient d'anxiété.

— Je t'ai entendu hurler et supplier. J'ai eu si peur qu'il t'arrive quelque chose de grave, mon ange ! Depuis quand fait-tu ce genre de cauchemars ?me demande t-elle.

Il ne faut pas qu'elle sache. Jamais !

— C'est compliqué, j'ai... je...

Les mots me manquent brusquement et je me sens soudain si pitoyable. Comme une enfant faiblarde et terrifiée qui pleure dans les bras de sa grand-mère pour la simple raison qu'un cauchemar est venu perturber son sommeil.
Je décide de ne pas lui révéler la vérité et baisse honteusement les yeux.

— Depuis l'enterrement de maman.

En réalité, je ne dormais que peu, et ce bien avant ses funérailles.
Je ne pouvais tout de même pas lui révéler la raison ni la vérité. Si elle vient à apprendre ce qu'il m'est arrivé, elle ne me regardera plus jamais de la même manière. Je préfère devenir une menteuse professionnelle que de dévoiler cet événement à la seule personne qu'il ne me reste. Plutôt mourir que de laisser quelqu'un découvrir ça, et encore moins ma grand-mère. Elle est la seule famille qu'il me reste à présent. Ma mère est morte il y a trois semaines du cancer, alors qu'un peu plus tôt dans la matinée, nous rions encore devant la télévision. Mon père quant à lui est partie quand je suis née, je ne l'ai jamais connu et ça me va parfaitement. Grand-mère et moi sommes les dernières de la famille Jones.
Mamie caresse ma joue et tente de me dissimuler la tristesse et les remords qui emplit son regard.

— Ça va aller, d'accord ? Il n'est que cinq heure du matin, alors essaie de dormir encore un peu, sinon tu risques d'être fatiguée demain matin.

J'acquiesce tandis qu'elle dépose un baiser sur mon front puis quitte la pièce en fermant la porte derrière elle. Je passe une main tremblante sur mon front et prends une grande inspiration.
J'ai emménagé à San Fransisco il y a seulement quelques jours et je n'avais encore pas refait ce cauchemar depuis la mort de ma mère. J'habitais à Seattle ce qui fait un grand changement. Ces deux villes sont à l'opposé l'une de l'autre, et je n'ai plus la moindre envie de retourner dans cet endroit qui m'a fait tant de mal.
Dans quelques heures, je vais être contrainte de commencer les cours dans mon nouveau lycée, mais le pire étant que j'arrive à deux mois d'intervalle de la rentrée.
Je vais simplement vivre et essayer d'oublier mon passé. Je dois au moins essayer, sinon j'en mourais, j'en suis certaine. Maman m'aurait dit "le temps guérit toutes les blessures" mais elle ne peut me le dire puisqu'elle n'est même plus parmi nous, morte avant même d'avoir su ce que sa fille avait subi. Elle serait si déçue, si déçue d'apprendre que sa seule enfant ne se soit même pas battue et est abandonnée comme une lâche.
Je me dégoûte, je ne suis qu'une perte de temps.