♡ C H A P I T R E. 36 ♡

53 16 18
                                    

Tout ça est si compliqué. Je n'arrive pas à comprendre à quel moment je suis devenue cette personne. Faible et pitoyable, sans une once de savoir être et d'honneur. Ridicule et stupide. Comment décrire une personne qui avait fait temps de mal à ceux qui lui sont chers ?
Mon seul réconfort aurait était de pouvoir croisé ses prunelles bleutés, ce qui n'était pas possible étant donné que je ne pouvais plus avoir de visite pour l'instant. Enfin... c'est surtout parce que j'avais refusé de le voir.
Je culpabilise à la fois d'avoir cru qu'il avait réellement fait ça, et aussi pour mes refus continuels de lui adresser la parole.
Cela fait près de deux heures que je me morfonds sur le matelas dur de l'hôpital, en attendant qu'on se décide enfin à me laisser sortir.
Cette atmosphère seine et froide me donne envie de vomir, avec ses murs blancs pâles qui vous donne envie de vous pendre. Et cette odeur constante de médicaments, je déteste ça.
Si je hais autant cet hôpital, c'est surtout parce que je connais le nombre de fois où je m'y suis retrouvée. Et pas pour de bonnes raisons, loin de là.
Quelqu'un toque à la porte et l'ouvre sans que j'ai accepté.
Une petite femme ronde et aux joues roses me sourit tendrement.

— Ça y'est, vous pouvez sortir, mademoiselle. Les papiers ont déjà étaient signés et nous avons appelé votre grand-mère.

Je fronce les sourcils en entendant ça. Pourquoi l'avait-on appelé ?Elle se faisait déjà un sang d'encre...
Je sens que je ne revoyagerai pas de sitôt.
Mon mécontentement sur le point d'éclater, je le mets de côté et opine. Comme me l'a conseillé l'infirmière, je retire ma blouse blanche à carreaux bleus et reconnais immédiatement mes vêtements d'hier soir.
Au moins je ne suis pas en pyjama !
Je prends mon sac et mes autres affaires et me dirige vers la sortie, décidée à quitter cette enfer dans lequel j'ai failli une nouvelle fois sombrer.
Sky me rejoint avec un sourire bienheureux, sûrement aussi contente que moi de rentrer enfin. J'ai beau avoir dormi grâce au sédatif, je n'ai pas l'impression que mon état est changé.

— On s'en va.

Mes lèvres tremblent lorsque j'essaie de sourire, mais impossible. J'ai la nette impression que toutes les forces qu'ils restaient à mon corps m'ont quitté sans répis. Même mes lèvres ont du mal à bouger pour dire quelques mots.
La rousse doit lire l'interrogation dans mon regard car elle se met à chercher elle aussi Dylan. Peut-être est-il rentré ?
Mais alors que cette pensée traversait seulement mon esprit, je sens sa présence dans mon dos. Je sens en tout cas un regard plus qu'insistant aux picotements qui me font frémir.
Je ne sais pas si je dois me retourner, ni même si je dois sauter de joie à l'idée de le revoir, ou encore le fuir comme la lâche que je suis. Je ne sais plus quoi faire après en avoir justement trop fait. Il ne mérite pas que je le fasse souffrir davantage, après l'avoir ignorer simplement par honte.
Quand je relève les yeux, Sky s'est assise plus loin. Je sais qu'elle a compris que nous avions besoin de parler, néanmoins, j'aurais préféré que nous partions avant pour m'éviter cette conversation.
Une étincelle jaillit à l'intérieur de mon corps, de mon âme, quand une main se glisse par-dessus la mienne. Celle-ci était crispée, et il a suffit qu'il pose la sienne sur la mienne pour qu'elle se détendre instantanément.
Je dois retenir un soupir de soulagement à ce contact. J'ai l'impression de ne plus l'avoir senti depuis des jours. Ce qui est le cas par ailleurs.
Dylan ne dit absolument rien, je suis presque sûre qu'il a compris que je ne voulais pas parler. Il me connait.
Alors, sans un regard, sans un mot, simplement ce contact qui nous électrise, nous quittons l'hôpital avec comme regret celui d'avoir encore une fois prouvée ma lâcheté.

Bien que j'ai découvert de magnifiques choses pendant ce voyage à Londres, j'avais presque des regrets d'avoir accepté de venir. J'aurais sûrement préféré ne pas supporter le poids d'autres problèmes.
Comment ne pas prendre peur quand tout les barrières que vous avez bâti s'effondre et font de vous une personne faible et ignoble ?
Le pilier qui me maintenait tout à l'heure n'était que la main de Dylan. Son contact m'avait permis de garder courage, de ne pas m'effondrer.
Si j'en suis là, c'est surtout parce que je suis à bouts. Je n'en peux plus. Je suis une personne qui rêve d'être forte malgré tous les périples possibles et imaginables, mais qui n'en a pas possession. Je ne suis pas forte, je ne l'ai jamais était, même avant... J'étais simplement convaincu d'être forte avant même d'avoir vécu de véritables moments où ma force devait surgir.
Rien chez moi ne prouve que je suis courageuse, ou brave, ou même quelqu'un de bien. Je ne suis rien.
Voilà de nombreuses minutes que je me tiens là, assise sur mon lit, raide comme un piquet. En faisant abstraction du monde qui s'écroule et tourne autour de moi, je pense pouvoir dire que je vais bien.
Physiquement parlant du moins.
J'ai voulu passé un peu de temps seul avec moi-même. Comme si je n'en avais pas déjà eu l'occasion !Mes amis ont accepté ce-ci non sans être mécontents – surtout Dylan je dois dire. Mais même lui n'était pas le bienvenu pour l'instant.
De la chambre émane une tension et une peur palpable, et cette peur provient de moi. Je sens mon cœur qui manque de lâcher à plusieurs reprises, et malgré tout, je tente de le calmer de mon mieux.
Plusieurs fois j'ai entendu quelqu'un toquer à la porte, et je n'ai jamais répondu. Je suis restée figée.
Être un monstre ne veut pas seulement dire avoir des dents pointues ou des cornes, c'est ce que l'on devient par nos actes. Et les miens étaient digne de la pire créature sur cette terre.
Je n'arrive même plus à pleurer, je n'arrive plus à rien. Pas même vivre. J'ai l'impression qu'à chaque fois que je vois ceux que j'aime être blessé, une part de moi disparaît. Une grande partie m'a quitté quand ma mère a poussé son dernier souffle. Une autre quand j'ai réalisé la personne que j'étais, et encore quelques unes jusqu'à que je me sente vide.

With himOù les histoires vivent. Découvrez maintenant