♡ C H A P I T R E. 55 ♡

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J'étais dans mon lit, et je pleurais à chaudes larmes. Morte de peur, je criais à l'aide, ensevelie par un cauchemar terrifiant.
J'étais si jeune, un âge où les cauchemars se composaient principalement de monstres imaginaires et de démons assoiffés ; si différents de mes cauchemars d'aujourd'hui.
Je me suis réveillais en sursaut et ai couru jusqu'à la chambre de ma mère.

Maman ! Maman ! avais-je sangloté tout en secouant la masse qui s'entendait sous les draps.

Celle-ci avait ouvert les yeux, affolée, et s'était redressé d'un seul coup, découvrant avec surprise sa fille de cinq ans, le visage crispé par la peur.
Elle avait pris mes joues en coupe et les avait caressées.

Calme-toi, mon bébé. Tout va bien, je suis là.

— J'ai... J'ai fait un cauchemar... J'ai rêvé qu'un monstre te... te poursuivait et qu'il te mangeait... Et, je... Et ensuite, c'est moi qu'il a mangé toute crue.

Son visage s'était radoucit en comprenant que je n'avais fait qu'un cauchemar futil et typiquement enfantin.

— Tout va bien, ma chérie, tu n'as fait qu'un cauchemar.

— Mais... mais, et si il revenait pour me manger dans mon lit ? Je... je veux pas être mangée toute crue ! avais-je crié en me cachant contre Maman.

— Les monstres n'existent pas, mon cœur, ils sont seulement sortis de l'imagination de personnes.

— C'est vrai ?

Elle souriait doucement et caressait ma joue.

— Oui, c'est vrai. Maman est là, maintenant, rendors-toi.

J'avais serré mon corps contre le sien et avais senti le mien se ramollir et perdre toute tension. Puis, lentement, je m'étais laissée partir dans un profond sommeil.

Figée, perdue dans les abysses obscures de mes démons, je scrute la chambre de ma mère et sans mon âme toute entière se mettre à trembler de terreur sous le poids de mes souvenirs qui contiennent tous la présence de ma mère.
Son lit n'est pas fait, tout comme le mien, et je distingue la forme du corps de ma mère encore imprégnée dans les draps. C'est comme si elle venait juste de se levait du lit et qu'elle était toute proche de moi. Comme si j'étais revenue à ce jour où j'avais découvert son corps sans vie.
Ma mère adorait le bleu, et toute personne assez observatrice pourrait remarquer combien sa chambre et les objets qui la composent sont principalement fait de bleus.
Il y a ce chapeau grand entouré d'un ruban bleu, elle le mettait tous les étés et je me rappelle très nettement la manière dont elle le retenait quand il manquait de s'envoler.
Et puis, il y a ses draps de soie bleue, et ses rideaux. Tout est bleu et reflète la douceur qu'incarnait Maman.
Les coussins sont toujours imprégnés de son odeur qui m'est si familière. Mes bras entourent le coussin et le presse contre ma poitrine, tandis que je sens les larmes affluer au coin de mes yeux.

— Maman..., sangloté-je désespérément.

La pièce se met soudain à tourner autour de moi, et je sens mes jambes se détacher du sol jusqu'à ce que je tombe à genoux, le visage plongé dans le tissu. Une souffrance inouïe m'envahit, tout comme le regret de ne pas avoir su aider ma mère.
Et dire que pendant si longtemps elle avait souffert seule, alors que moi je ne faisais que vivre ma vie de pauvre adolescente stupide et enfantine.
Je pleure à m'en faire mal, au point que mon visage est crispé de douleur. C'est comme si je me retrouvais seule, dans un endroit obscur et vide, un endroit où je pourrais hurler à m'en faire mal aux poumons, et pourtant que personne ne viendrait m'aider. Mon enfer.
Je plaque mes mains contre ma bouche, retenant les sanglots qui se mettent à déchirer ma poitrine. Il ne faut pas que j'alerte Dylan, sinon, je sens qu'il serait prêt à rappliquer et qu'il ne voudrait plus me lâcher.
Depuis le début de notre relation, je ressens le poids des questions qu'il se pose à propos de moi, ainsi que la souffrance que je lui inflige en ne partageant pas mon passé avec lui. À ses yeux, c'est comme si je ne lui accordais pas ma confiance, alors qu'en fait c'est tout le contraire. Il est celui en qui j'ai le plus confiance sur cette terre ; le problème reste que mon passé est beaucoup trop douloureux à raconter. Je ne supporterais pas de le voir me regarder avec pitié comme le ferait n'importe qui. Car, il n'est pas n'importe qui, loin de là. En fait, il est tout.
J'ai la nette impression que le monde s'apprête à m'engloutir toute entière jusqu'à ce qu'il ne reste plus que le pire chez moi.
Je ne sais pendant combien de temps je suis restée là, allongée sur le sol dur et froid de cette chambre qui fut un jour celle de ma mère ; en tout cas assez longtemps pour que ça est mis la puce à l'oreille de Dylan.

With himWhere stories live. Discover now