♡ C H A P I T R E. 49 ♡

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Des hurlements.
Mes hurlements.
Ils se fracassent contre les murs de la chambre, les font vibrer sous la puissance de ma douleur.
Je pousse des cris, des lamentations, mon visage est tordu par la souffrance et la pièce tourne autour de moi. Leurs visages sadiques, l'air de tueur sanguinaire dans leurs yeux me remplit de terreur. J'entends leurs murmures, leurs râles, comme si ils étaient là.
"La ferme, tu l'as ferme espèce de salope.", "Tu veux crever, c'est ça ?". C'est cette dernière phrase qui m'a fait penser que m'a vie été terminée. Je suis belle est bien morte de l'intérieur,  c'est la seule chose que j'arrive à comprendre.
Au bout de tout ce temps passé, j'ai tout de même réussi à garder ses images en tête, j'ai continué à faire ces cauchemars. L'un d'eux est venu me hanter durant mon sommeil. Mais il était différent des autres, encore plus terrifiant. Il l'était car depuis un moment, j'avais l'impression que je serai de nouveau heureuse et que mes souvenirs ne me feraient plus obstacle. Et pourtant, ils sont toujours là, me torturant dans mes songes, me murmurant que je ne réussirai jamais à vivre avec ça. J'en suis consciente.
C'est cette souffrance qui m'a fait me lever, les larmes dévalant mon visage, pour aller jusque dans la salle de bain le plus discrètement possible et en retenant mes sanglots. Le miroir me fait face ainsi que mon visage vultueux, mon regard vitreux et mes cheveux décoiffés.
Le rasoir de mon grand-père traîne encore là à ma plus grande joie ou à mon plus grand regret. Je n'arrive pas à savoir si ce que je fais est bien ou mal car mon esprit n'est plus maître de lui. Je sais que je serais capable de me tuer, devant ce miroir, dans regrets.
Mon regard se pose sur la cicatrice énorme qu'à laissé la brûlure d'il y a quelques temps. Des cicatrices, qu'elles soient émotionnelles ou physiques ; j'en ai trop. Mais cette fois, je ne veux plus jamais revoir mon corps mutilé, ni mon regard vitreux, ni même la pitié dans le regard de Sky. Je veux disparaître et peu importe les personnes que je laisserai sur cette terre, j'ai beaucoup trop mal. J'ai si mal que je dois plaquer une main sur ma bouche pour m'empêcher de hurler de douleur.
Le rasoir en main et posé contre ma poitrine, je scrute mon reflet pitoyable et répugnant. Je n'ai pas le temps d'appuyer sur cette lame, une pensée, la seule pensée qui pouvait m'empêcher de faire ça vient envelopper mon esprit d'un espoir. Et c'est ce petit espoir qui me fait desserrer la main du rasoir.
J'ai vu le regard de Dylan. Je l'ai vu quand il découvrirait mon corps, dans cette salle de bain. Il serait arrivé, avec la voiture de ses parents, le sourire aux lèvres et heureux à l'idée de se retrouver seule avec moi à Seattle. Il aurait salué ma grand-mère puis serait monté à l'étage pour me trouver. Dylan n'aurait trouvé qu'un cadavre, sanglant, le regard sans vie. Je ne peux pas lui faire ça. Il a encore besoin de moi.
Lui aussi a mal, je ne peux pas le laisser, je n'ai pas le droit.
Si partir signifie l'abandonner à son sort et ne pas l'aider à guérir de ses blessures, alors je préfère vivre.
Les larmes s'écoulent toujours de mes yeux, pourtant je leur fais face. Je pousse le rasoir loin de moi et retourne dans ma chambre.
Couchée sur mon lit, je fixe le plafond et maintiens mes yeux ouverts.
Pas question que je me rendorme.

Assise de tour mon poids sur la valise, je tire la fermeture éclair jusqu'à m'en faire mal aux mains. Heureusement, je suis parvenue à mettre tous mes affaires et mes livres – y compris celui que m'a offert Dylan – dans ce sac.
Les rayons du soleil traversent les rideaux bleus qui survolent ma fenêtre et viennent caresser ma peau. J'en savoure la chaleur en fermant les yeux durant quelques secondes.
Il est à peu près deux heure et demi et Mamie a prévu un petit programme pour nos dernières heures ensemble avant mon départ. Nous devons d'abord préparé des gâteaux pour le goûter mais aussi pour son club de cuisine qui doit se réunir chez nous pour discuter de la création d'une toute nouvelle recette. L'air enjouée et fière que ma grand-mère affiche à l'évocation de ce club me ravit. J'aime qu'elle est une petite vie simple mais qui lui convient, et j'espère ne pas être un poids pour elle.
Après la pâtisserie, elle souhaite que nous allions faire les magasins pour m'acheter, je cite, "de quoi charmer davantage ce beau garçon" que j'ai déniché. Et malgré mes centaines de refus, elle a persévéré dans cette idée.
Dylan, quant à lui, a promis de me rejoindre pour dix-sept heure afin que nous passions un moment pour discuter et nous reposer avant le trajet.
Je descends les marches une à une jusque dans la cuisine pour y trouver ma grand-mère, ayant préparée méticuleusement tout le matériel nécessaire pour la préparation des gâteaux.
Elle a déjà enfilée son tablier alors j'en fais autant.

With himWo Geschichten leben. Entdecke jetzt