♡ C H A P I T R E. 58 ♡

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Le visage tordu par la terreur, je reste figée en regardant ce bout de journal de lycée arraché que je tiens dans ma main. Tout s'écroule autour de moi et j'entends un bourdonnement sourd dans mes oreilles. Je n'arrive pas à détacher mes yeux de cette personne au visage ensanglanté et qui est à demi-nu. Je n'arrive pas à quitter des yeux le titre écrit en grosses lettres et qu'on ne peut pas rater. Je m'interdis mentalement de lire à haute voix ce qu'il y est écrit. Je ne m'en remettrai pas.
J'avais fini par me reconstruire et aujourd'hui, une nouvelle chose détruit tout sur son passage. Je ne pense plus qu'à ça. La ruelle sombre. Le sang. Les rires. La peur.
Tremblante de la tête aux pieds, je m'empare de l'autre papier qui ressemble cette fois à une lettre.

" Lily,
J'espère que ton cadeau te plaît ? Le lycée ne parle plus que de toi depuis des mois, et si tu crois qu'on va oublier ça. Tu me dégoûtes, alors j'espère vraiment que tu ne remettras plus jamais les pieds à Seattle, et surtout ne t'approches plus jamais de moi.
Garde ce journal, ça te rappelera toujours à quel point t'es une merde.

Bisous,
...

Et le prénom que j'aperçois enfin me laisse sans voix.

Susan."

Mon cœur se déchire dans ma poitrine quand je comprends que cette lettre cruelle et immonde provient d'une personne que j'aimais plus que tout et que je croyais encore aimer jusqu'à maintenant. Son vrai visage m'apparaît enfin, non pas celui d'une ancienne amie m'en voulant pour l'avoir abandonné, mais celui d'une garce remplie de haine et capable de tout pour me faire payer de mes erreurs passées.
Auparavant, jamais je n'aurais pu imaginer qu'il se cachait une telle cruauté en elle, et pourtant je saisis maintenant que je l'ai définitivement perdu.
Je plaque ma main contre ma bouche en relisant sa lettre et en regardant le journal arraché avec violence. Tout mon ancien lycée sait ce qu'il m'est arrivé, et si cela parvenait aux oreilles de Dylan ? Ou même à celles de mes amis ou de mon lycée actuel ?
Mes yeux s'agrandissent sous le coup de l'effroi et je retiens les sanglots violents qui menacent de s'échapper de ma gorge. Jamais je ne m'étais autant sentie trahie et blessée.
Je remets les papiers dans l'enveloppe  et d'un pas tremblant je la cache dans un de mes tiroirs.
Je me roule en boule sous mes couettes et laisse place à toute la douleur que je viens d'accumuler. Les larmes se font abondantes ainsi que les sanglots. J'aurais tant aimé que Dylan soit là pour me serrer dans ses bras, à cet instant, pour me dire que tout va bien.
Je sens que j'ai du mal à respirer et ma poitrine se comprime à m'en faire mal. Ma tête explose et tout mon corps se tord de tremblements. Je me sens si vulnérable, si faible, et je sens que je vais bientôt rechuter et que ces efforts n'auront servi à rien.
Je sors du lit pour prendre mon téléphones en ouvrant immédiatement mes contacts. Mais qui appeler dans une telle situation ? Mon doigt stagne d'abord au-dessus du prénom de Dylan, puis je change d'avis. C'est la seule personne qui peut comprendre pour l'instant.

— Allô ? Comment ça va ?

Sa voix semble décontracté mais elle comprend très vite que quelque chose cloche à mon souffle accéléré et mon silence.

Lily ? Tout va bien ?

Ma voix chevrotante se fait enfin entendre.

— Sky, je... j'ai besoin de toi, tu peux venir, s'il te plaît ?

— Bien sûr, je suis là dans à peu près dix minutes. Ça va aller ?

— Oui.

La conversation s'arrête là et je raccroche en croisant les doigts pour qu'elle arrive rapidement.
Je regrette tellement de devoir cacher ça à Alison et aux autres. Mais je ne pourrai jamais en parler à une personne de plus. J'ai fait un choix égoïste en parlant de ça à Sky alors que c'est un poids à porter sûrement très dur. Je n'ose même pas imaginer comment elle doit se sentir.
Que je suis égoïste, c'est pitoyable.
J'entends d'abord la porte claquer en bas puis des voix et deux secondes après les pas empressés de Sky qui dévalent les marches d'escaliers. Je la vois enfin apparaître dans l'encadrement de la porte.
Je ne peux retenir mes larmes, la fatigue de tout retenir en moi me saisit et je ne peux tout simplement plus me contrôler.
Devant ma détresse, elle accourt immédiatement et s'assoit sur mon lit pour m'entourer de ses bras dans une étreinte réconfortante. Pendant quelques secondes nous restons ainsi, dans les bras l'une de l'autre.

With himOnde histórias criam vida. Descubra agora