♡︎ C H A P I T R E. 65 ♡︎

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Elle a dans sa main tremblante le bout de journal que j'avais conservé et caché sous mes vêtements. Ma grand mère, celle que je chérie et que j'aime de tout mon cœur, ma douce mamie sait la vérité. Je ne l'ai jamais vu aussi horrifiée pour quelque chose, elle qui prend toujours les choses avec douceur.
Son regard rempli de larmes me fixe et fait trembler tout mon corps.
Comment avais-je pu être assez bête pour garder ce papier qui a déjà ruiné ma vie ? Mais surtout, comment avait-elle fait pour mettre la main dessus ?
Pour la première fois, je ne sais pas quoi dire ni faire. Je reste stoïque, le regard perdu dans le vide. J'ignore si je dois nier, dire que ce n'est pas moi ou lui dire tout la vérité dans la crainte qu'elle ne me voit plus jamais de la même manière elle non plus.

— Je... Je rangeais ton linge et j'ai...

Ma pauvre mamie tombe assise sur mon lit, toujours le bout de journal en main. Je ne l'ai jamais vu dans un tel état.
Je finis par me diriger vers elle et m'assois à côté le plus calmement possible.

— Mamie...

— Lily, je t'en prie, dit-moi que tu n'es pas la fille sur cette photo.

Je ne réponds pas ayant décidé de ne pas lui mentir. J'aurai préféré qu'elle ne le sache jamais car je pensais qu'elle ne survivrait pas en l'apprenant mais je suis certaine qu'elle voudra une explication détaillée.
Je suis méconnaissable sur ce papier. Mon visage est en sang et mes beaux cheveux sont collés par celui-ci. Cette photo a été prise par je ne sais qui pendant que j'étais inconsciente. Des souvenirs affluent dans ma tête mais je tente de ne pas perdre pieds.

— Je suis désolée que tu l'apprennes comme ça, Mamie. Je suis tellement désolée...

Elle ne me regarde même pas, la bouche entrouverte de terreur. Rien que de me revoir comme ça me donne des envies de vomir.

— C'est impossible, ce genre de choses ne peut pas nous arriver à nous. Non...

Si, c'est bien réel.

J'ai l'impression de ne plus rien ressentir à cet instant.
Pour la première fois depuis tout à l'heure, son regard larmoyant se pose sur moi.

— Oh ma petite fille chérie, et à ses mots elle me prend dans ses bras fragiles.

Son odeur sucrée me rassure et réconforte un peu tandis qu'elle pleure et que je pleure contre elle. Ma grand-mère pleure. Ce seul fait me met un grand coup en pleine face. Nous sanglotons pendant un moment.

— Comment une telle chose a pu t'arriver, ma puce ? C'est si... affreux.

— Ça l'est.

Je me mords la langue pour essayer de retenir les larmes qui menacent de recouler. L'envie de parler de ça avec ma grand-mère est inexistante pourtant je sais qu'il le faut pour son bien comme le mien. J'ai toujours cru que cacher la vérité à mes proches serait la meilleure solution pour oublier mais je sais maintenant que plus je le cache à de nombreuses personnes, plus je prolonge ma souffrance et prends le risque de vivre dans l'angoisse jusqu'à la fin de ma vie. Dans l'angoisse qu'un jour tout le monde, absolument tout le monde découvre la vérité et me regarde avec le dégoût avec lequel je me regarde moi-même quand je m'aperçois dans le miroir.

— Ta mère savait ?

— Elle n'a pas eu le temps de l'apprendre, dis-je finalement dans un murmure désespéré.

— Tant mieux, je ne suis pas sûre qu'elle l'aurait supporter.

Il est vrai que j'ai toujours eu du mal à m'imaginer le dire à ma mère. C'était une personne si douce et aimante que lui faire réaliser un truc pareil aurait pu la tuer avant l'heure.

With himDonde viven las historias. Descúbrelo ahora